Atmosphère ! Atmosphère ! Est-ce que j’ai une gueule d’atmosphère ?
Légendaire réplique de cette comédienne dans le film Hôtel du Nord en 1938.
Actrice et chanteuse pendant près d’un demi-siècle !

télécharger cet article

 

ARLETTY
née Léonie Marie Julia BATHIAT

Née le 15 mai 1898 à 3h du matin à Courbevoie Hauts-de-Seine 92
Selon acte n°212 - AD92 en ligne -1898 – vue 56/158

 Décédée le 23 juillet 1992 à Paris 16e

 


Photo d’Arletty 1943 – Studio Harcourt

 

Un sacré caractère ! Une voix inoubliable !

Le théâtre c’est mon luxe, le cinéma mon argent de poche

L’Auvergne ça se mérite, et le Puy-de-Dôme est un département qui m’est très cher !

A 11 ans, elle retrouve la vie parisienne…

Je n’ai pas été élevée, je me suis élevée !

Une fin de vie, privée de la vue, mais sereine !

Une conquérante de la vie, habitée par le feu de la création

 

 

Un sacré caractère ! Une voix inoubliable !

En ces années 1930 où le cinéma français devient parlant et en technicolor, la gouaille d’Arletty dans sa fameuse réplique : Atmosphère, atmosphère, est-ce que j’ai une gueule d’atmosphère ? en fait aussitôt une vedette en 1938.

L’année suivante, avec Fric Frac et Le jour se lève l’actrice fréquente des noms illustres du cinéma tels que Fernandel, Michel Simon, Marcel Carné, Jacques Prévert, Jean Gabin, Jules Berry, Bernard Blier

Ses débuts au cinéma datent de 1930, dans l’un des 1ers films parlants La douceur d’aimer.

En 1932, la police boucle la rue autour des Bouffes Parisiens pour éviter les débordements lors de l’opérette à succès Un soir de Réveillon. Pour l’époque le spectacle est osé : dans un acte deux hommes se déclarent leur amour ; dans un autre Arletty chante nue dans une baignoire… les spectateurs attendent tous la sortie du bain !

Par la suite, l’actrice s’illustrera dans les grands films du cinéma de l’époque tels que Les Visiteurs du soir, Les Enfants du Paradis de Marcel Carné

Arletty sera à l’affiche de plus de 80 films au cours de sa vie.

La beauté d’Arletty en fait la muse des peintres et notamment Marie Laurencin et Van Dongen qui la prennent pour modèle.


Arletty en 1946 – Studio Harcourt

 

Le théâtre c’est mon luxe, le cinéma mon argent de poche

Dans les années 1930, Arletty se partage entre cinéma et théâtre, mais elle se voudra d’abord femme de théâtre.

Avant cela, elle a fait meneuse de revue dans la bande à Mistinguett et Maurice Chevalier.

Apprendre le théâtre, pour elle c’est sans école, en regardant jouer les grands acteurs, en discutant avec eux. De réceptions en soirées, on l’encourage à poursuivre l’apprentissage de ce métier.

Bientôt, elle s’affirme sur les scènes parisiennes de cabarets et de théâtres.

A l’aise dans tous les milieux, elle découvre le Tout-Paris aux obsèques de Sarah Bernhardt en 1923.

L’année suivante, recrutée dans une revue du réalisateur et chansonnier Paul Colline, elle part jouer aux États-Unis.

A son retour, elle se lance même dans un tour de chant Chez Fysher, un cabaret en vogue dans le Paris des Années folles. Quand on le lui a proposé, elle a répondu : Moi je ne risque rien, mais le public peut-être.

 

L’Auvergne ça se mérite,
et le Puy-de-Dôme est un département qui m’est très cher !

Née à Courbevoie « dans un rez-de-chaussée sombre éclairé par le sourire de mes parents », elle évoque avec fierté ses racines familiales auvergnates.

Dans son ascendance, il y a un ancêtre engagé dans la campagne d’Égypte de Napoléon Ier, l’auteur du calendrier républicain Gilbert Romme, un proche collaborateur de Jean Jaurès, Marius Viple… Elle a aussi plusieurs cousins et amis religieux.

C’est ce qui lui fera dire : Que de Monseigneurs dans ma vie, je suis athée, Dieu merci !

Arletty se dit cousine de Léon Bathiat, aviateur pionnier et industriel, lien possible mais non prouvé par la généalogie à ce jour.

Entre 5 et 11 ans, ses problèmes respiratoires l’obligent à séjourner régulièrement dans l’air sain et campagnard de l’Auvergne où elle s’imprègne de ce pays qui lui devient cher.

Celle qui sera présidente des Auvergnats de Paris en 1966, alterne alors l’école entre Puteaux et Les Sœurs du Bon Pasteur à Montferrand.


Photo d’ArlettyStudio Harcourt 1943

 

Proche du domicile familial de Puteaux, se trouve la baraque de La Goulue. L’ex-reine du Paris canaille, modèle de Toulouse-Lautrec reconvertie en dompteuse de lions, installe un jour la gamine, future Arletty, sur la cage des fauves. J’ai eu un sacré choc se souviendra-t-elle.

Plus tard, à propos de la cathédrale de Clermont-Ferrand, Arletty évoque son noir démoniaque ; quant aux pierres de Volvic, elle leur trouve une puissance d’enfer ! 

 

A 11 ans, elle retrouve la vie parisienne…

Une fois guérie, Arletty âgée de 11 ans retrouve la vie parisienne où les jeunes, en avance sur les skaters du 21e siècle, portent la casquette sens devant derrière à la Blériot qui vient de franchir la Manche le 25 juillet 1909.

 

Sa mère est lingère et son père chef de dépôt aux tramways de Courbevoie. Ce père adoré mourra écrasé par un tramway alors qu’elle a 18 ans.

Formée à la sténo, elle est secrétaire au Ministère de la justice puis chez un armateur où elle croise souvent le président Poincaré.

Mais l’appel de l’indépendance est le plus fort et Arletty déserte en 1917 le domicile familial pour aller vivre avec un jeune banquier à Garches dans le voisinage de Coco Chanel.

Grâce à cet amant, elle découvre théâtre, grands couturiers, bons restaurants et fréquente le gratin parisien.

Bientôt, elle le quitte pour un marchand de tableaux, ami de Picasso. Un temps, on la retrouve mannequin chez Poiret sous le pseudonyme d’Arlette qui sera anglicisé en Arletty.

 

Je n’ai pas été élevée, je me suis élevée !

Avide de culture tant littéraire que musicale, Arletty découvre notamment l’auvergnat Blaise Pascal, Colette, Chamfort, Teilhard de Chardin, Bach, Mozart et Beethoven

Dès sa jeunesse, elle s’adonnera à la lecture tous les soirs de sa vie tant que sa vue lui permettra de le faire. Ensuite des amis lui feront la lecture.

Elle a 20 ans, lors de l’armistice de la Guerre de 14-18, devenue mannequin elle se loge dans un meublé avec pour voisins le couple Guitry et Yvette Guilbert

 

 

Une fin de vie, privée de la vue, mais sereine !

C’est en 1928 qu’elle rencontre l’homme d’affaires de bonne famille, Jean-Pierre Dubost qui restera son fidèle compagnon toute sa vie.

Durant l’Occupation, Arletty, qui continue son métier d’actrice, est vue dans des réceptions parisiennes mêlant collaborateurs et personnalités allemandes.

Sa liaison avec un officier allemand proche de Goëring, lui vaut d’être poursuivie et incarcérée pendant 18 mois, après la Libération.

Bien qu’Arletty n’ait jamais collaboré avec les Allemands, cette histoire casse sa belle carrière cinématographique, sans pouvoir retrouver le même niveau de scénarios.

J’étais la femme la plus invitée de Paris, je suis maintenant la plus évitée !

Plus tard, elle se justifiera ainsi : Mon cœur est à la France, mais mon cul est à moi.

Affectée par des problèmes de vue depuis 1951, elle tourne son dernier film Le Voyage à Biarritz, en 1962.

En 1966, elle reprend le théâtre avec Les Monstres sacrés de Jean Cocteau, lors d’une tournée Karsenty.

Devenue aveugle, Arletty s’éteint à 94 ans dans son appartement parisien dans une sérénité qui fait l’admiration de ses amis.

 

Laissons à Jacques Prévert, le mot de la fin :

Arletty n’est pas charmante, c’est le charme,

Arletty n’est pas drôle, c’est l’humour !

 C’est la beauté la grâce et la lucidité.

 

 

Sources documentaires :
Histoires d’Auvergnats de Christian Robert – Éditions des Monts d’Auvergne

https://fr.wikipedia.org/wiki/Arletty

 

Pour retrouver la célèbre réplique d’Arletty :
https://www.youtube.com/watch?v=NMm1INhWig0&ab_channel=LesCultivores

 

 

Une conquérante de la vie, habitée par le feu de la création

 Entre audace et réalisme, on peut dire qu’Arletty n’a peur de rien.
(Soleil-Taureau et Mars-Bélier à l’ascendant en XII)

 Elle est une conquérante de la vie et les obstacles à franchir décuplent son ardeur chevaleresque.

 Équipée d’un inaltérable sang-froid, elle prend la vie telle qu’elle lui arrive à bras-le-corps et solidement.

 Sa gouaille incomparable, qui fait les beaux jours du nouveau cinéma parlant, sort avec naturel, sans fard, pour aller à l’essentiel.

Mâtiné d’humour décapant, son propos se fait réaliste, percutant, inoubliable.

 Comédienne éprise de liberté d’action et habitée par le feu de la création, elle exprime son art avec une vivacité rare et une énergie aussi métamorphosante qu’inépuisable.
(Liens entre Mars et amas en Gémeaux + Pluton-Vénus- Neptune/Gémeaux).

 

Chapeau à Arletty, grande star des Années folles !

 

 


(
Logiciel AUREAS AstroPC Paris)

 

 

Retrouvez l'acte sur les Archives Départementales Françaises en ligne

haut de page