En son temps, elle incarne l’art de la grande tragédie, et Jean Cocteau la nomme « monstre sacré », Victor Hugo parle de « Voix d’or » et d’autres de « Divine » ou « Impératrice du théâtre ».

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Sarah BERNHARDT
née Rosine BERNARDT

Née le 22 octobre 1844 à 02h à Paris 11e
selon extrait du registre des actes de naissance demandé par sa mère en 1857 pour obtenir un héritage.
En 1871, les registres de l'état civil de Paris ont été détruits par un incendie ce qui donne à cet extrait une valeur officielle.
Source : "Fonds des notaires conservé aux Archives nationales"
Merci à Hélène Richard pour ce précieux signalement.

 Décédée le 26 mars 1923 à 20h à Paris 17e
Selon acte n° 779 – Archives de Paris en ligne – 17D225
A noter : la date de naissance du 25/09/1844 figurant sur son acte de décès est donc fausse.

 

 

Délaissée par sa mère courtisane, elle est placée en nourrice

Du monastère au Conservatoire, son triomphe sur scène est prodigieux

Extraordinaire tragédienne, elle subjugue son public

Avec Sarah l’art de la séduction est scientifique et révolutionnaire

 

 

Délaissée par sa mère courtisane, elle est placée en nourrice

Souvent nommée « la Grande Sarah Bernhardt », cette tragédienne hors normes qui adore mettre sa vie en scène à chaque instant semble née pour le théâtre.

Après un passage à la Comédie-Française, elle fonde sa propre compagnie et inaugure le statut de star internationale par ses tournées triomphales dans le monde entier. Quand elle se déplace à l’étranger, c’est avec un train Pullman et 8 tonnes de malles.

Elle joue à l’Odéon puis dans des théâtres de boulevard. Ses interprétations de Phèdre (1874), de la Dame aux Camélias et de l’Aiglon (1900) demeurent fameuses.

Après avoir joué plus de 120 spectacles, elle paraît dans plusieurs films : La Tosca (1906), Adrienne Lecouvreur (1913), La Voyante (1923). C’est au cours de ce dernier tournage qu’elle meurt en présence de son fils Maurice Bernhardt (né d’une liaison avec un aristocrate belge).

La mère de Sarah, Julie Bernardt qui serait née en 1821 est une modiste sans le sou, fille d’un marchand de spectacles néerlandais itinérant. Elle se fait courtisane parisienne sous le nom de Youle.

L’identité du père de Sarah est désormais connue grâce à de nouvelles recherches et aux informations que m’a aimablement transmises Hélène Richard. Il s’agit d’Édouard Viel, un notable du Havre qui a fait de la prison pour malversations financières.

Cependant, évoquer le nom d’Édouard Bernhardt juriste, semble être une ascendance plus flatteuse. Cela pourrait expliquer que l’actrice s’applique à ajouter un « h » à son patronyme ?!

Délaissée par Youle qui lui préfère sa sœur ainsi que la vie mondaine, Sarah passe sa petite enfance chez une nourrice bretonne.

Comme un signe du destin, c’est le duc de Morny, demi-frère de Napoléon III et amant de sa tante, qui pourvoit à son éducation en l’inscrivant dans un couvent à Versailles. Là, devenue mystique catholique, elle incarne un ange dans un spectacle religieux. Nantie du baptême chrétien en 1857, Sarah a 13 ans et se destine à la vie religieuse.


Portrait de Sarah par Louis Abbema - 1875

 

Du monastère au Conservatoire, son triomphe sur scène est prodigieux

Mais un an plus tard, finie la vie monacale, Sarah lauréate au concours du Conservatoire d’Art dramatique de Paris entame sa formation de tragédienne en 1859. Elle en sort en 1862 gratifiée d’un second prix de comédie pour intégrer ensuite la Comédie-Française dont elle sera renvoyée quatre ans plus tard pour avoir giflé une sociétaire…

A cette époque, la police des mœurs compte Sarah parmi 415 dames galantes soupçonnées de prostitution clandestine.

En contrat avec le théâtre de l’Odéon, elle le transforme en hôpital militaire où elle s’improvise infirmière pendant la guerre de 1870 et le siège de Paris.

Ses triomphes sur scène lui attirent les qualificatifs les plus élogieux et notamment celui de Voix d’or par Victor Hugo auteur de Ruy Blas où Sarah joue le rôle de la reine. Mais elle interprète aussi à plusieurs reprises des rôles d’hommes, et à ce propos, prend des leçons d’escrime pour jouer dans Hamlet.

Sa vie durant, elle rencontre d’innombrables personnalités et ses biographes lui attribuent des centaines d’amants dont Léon Gambetta, Gustave Doré, Lucien Guitry, le Prince de Galles, Samuel Pozzi, un médecin mondain qu’elle appellera « Docteur Dieu »… Et aussi des liaisons homosexuelles, notamment avec la peintre Louise Abbéma qui fera plusieurs portraits de la tragédienne.

Sarah soutient l’anarchiste Louise Michel dans son combat.

Par ses goûts fantasques et son train de vie, elle n’échappe pas aux turpitudes financières et à l’endettement.

Elle se marie en 1882 avec l’acteur grecque Aristide Damala, dépendant de la morphine; elle reste toutefois son épouse légitime jusqu’au décès de l’acteur en 1889.


https://commons.wikimedia.org/wiki/File%3ABernhardt_Hamlet2.jpg

 


L'actrice
Sarah Bernhardt incarnant l'impératrice byzantine Théodora dans la pièce
Théodora de Victorien Sardou en 1882 et photographiée par
Félix Nadar.

 

Extraordinaire tragédienne, elle subjugue son public

Cette extraordinaire femme de scène comprend d’emblée l’intérêt de la réclame pour développer sa notoriété. Une fois celle-ci acquise, elle veille à tout instant à mettre sa vie en scène et même sa mort !

En effet, Sarah Bernhardt adore les rôles qui la font mourir sur scène. Pour satisfaire son goût pour le morbide, elle installe chez elle un cercueil en bois de rose et capitonné où elle aime apprendre ses textes et se faire photographier. à chaque fois, elle s’applique à rendre l’âme de la façon la plus grandiose possible. Le public est conquis irrésistiblement.

Et les journalistes aussi… selon le témoignage du chroniqueur russe Anton Tchekhov qui brocarde l’hystérie des journalistes dès 1881 : pour « celle qui a visité les deux pôles, qui de sa traîne a balayé de long en large les cinq continents, qui a traversé les océans, qui plus d'une fois s'est élevée jusqu'aux cieux », « ils ne boivent plus, ne mangent plus mais courent » après celle qui est devenue « une idée fixe ! ».

Quant à l’écrivain Alexandre Dumas Fils qui la déteste, il la traite de menteuse.

Un musée lui est dédié à Belle-Île-en-Mer où elle aimait séjourner avec une cohorte d’admirateurs et une étonnante ménagerie exotique, dans ce fort militaire qu'elle avait acquis.

Souffrant d’une tuberculose osseuse au genou, et avec les conseils du Docteur Dieu, elle est amputée de la jambe droite en 1915, sans anesthésie et s’y prépare en chantant la Marseillaise, par solidarité avec les Poilus qu’elle visitera ensuite dans une chaise à porteurs.

A son décès en 1917, sa notoriété déclenche des obsèques nationales et une marée humaine suit sa dépouille jusqu’au cimetière du Père Lachaise – comme il se doit pour une diva de son rang !


Plaque au n°5
rue de l'École-de-Médecine

 

 

Avec Sarah l’art de la séduction est scientifique et révolutionnaire

Son art de la séduction relève chez elle d’une science hors des normes et minutieusement calculée.

Quand la Balance devient possessive et habile calculatrice, elle permet chez Sarah un jeu de scène puissant et irrésistible. N’est-elle pas surnommée « la Grande Sarah ! ».

La Vierge se fait chez elle perfectionniste voire maniaque pour envoûter son public, le tenir en son pouvoir jusque dans le moindre détail de décoration ou de pose.

Interpréter le rôle avec un aplomb et une minutie pour capter le plus large public (Axe Vierge-Poissons) : C’est un fin plaisir que l’actrice doit goûter à chaque représentation de théâtre.

Le goût de la chose artistique s’exprime aussi chez elle à travers peinture et sculpture.
(Balance avec Soleil, Mercure, Mars en II ; Vénus à l’asc. Vierge en I ; Saturne/Verseau puissant en V et lié à Uranus/Bélier VIII)

Chez Sarah Bernhardt, l’émotionnel se fait très discret et toujours placé sous l’emprise d’un rigoureux calcul qui lui assure une maîtrise quasiment scientifique de son rôle.

Elle est faite pour occuper le devant de scène avec une originalité conquérante qui bouscule le classique et s’impose avec une autorité naturelle.

On pourrait dire qu’elle révolutionne l’art du théâtre et de la séduction sur scène.
(Jupiter/Poissons en VII conjoint à Uranus/Bélier en VIII et recevant sextils de Saturne)

En femme de l’air elle est actrice des mots avec un sang-froid inébranlable.

L’art de la tragédie quasiment incarné !
(Triplicité d’air avec : Mars en II, Saturne recevant trigone de Mars en V et MC).

Une de ses phrases célèbres où l’on retrouve bien l’influence urano-capricornienne :
« Il faut haïr très peu, car c'est très fatigant. Il faut mépriser beaucoup,
pardonner souvent, mais ne jamais oublier».

 

Honneur à cette actrice hors normes qui a marqué l’art du théâtre !

 

 


Fac similé du sceau de Sarah Bernhardt

 


(Logiciel AUREAS AstroPC Paris)

 


Retrouvez l'acte sur les Archives Départementales Françaises en ligne

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