Cette grande Dame de la littérature est la « mère » des « Claudine ». Talentueuse et scandaleuse, surtout connue comme romancière, elle se fait aussi mime, actrice et journaliste. Elle est la seconde femme élue membre de l’Académie Goncourt dont elle est la première femme présidente.

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COLETTE
Sidonie Gabrielle COLETTE

Née le 28 janvier 1873 à 22h à Saint-Sauveur-en-Puysaie Yonne 89
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 Décédée le 3 août 1954 à Paris 1er

 

 

Enfance heureuse et cultivée…

Eclosion de son art littéraire dans un parfum de scandale

Sa vie sentimentale agitée inspire son œuvre

De livre en livre, avec humour, émotion et poésie, Colette retrace les étapes de sa vie.

Chercheuse hors norme explorant les méandres de l’humain et de la nature.

 

 

Enfance heureuse et cultivée…

Le patronyme hérité de son père sonne comme un prénom qui deviendra son pseudonyme de femme de lettres.

Gabrielle passe une enfance heureuse dans un gros village bourguignon au sein de la fratrie, entre une mère féministe, athée, ayant de ruineux goûts de luxe et le père, saint-cyrien, zouave, amputé d’une jambe et devenu percepteur.

Jeune lectrice des grands classiques, elle prend des leçons de français et de style auprès de son père.

A vingt ans, elle se marie avec Henry Gauthier-Villars, critique littéraire, écrivain et séducteur compulsif, surnommé Willy et qui a été l’amant de la femme d’Emile Cohl. Il était un vrai lettré, sans doute talentueux s'il avait été travailleur. Il inspire à Colette son style journalistique.

 

Eclosion de son art littéraire dans un parfum de scandale

Introduite dans les cercles littéraires de la capitale, Gabrielle et son accent rocailleux de sa bourgogne natale, font sensation.

Remarquant les talents d’écrivain de son épouse, Willy l’incite à écrire, la vie remuante d’oisifs affairés des milieux parisiens. Peinture pleine d’une curiosité mêlée de mépris et d’une effronterie de commande : c’est la série des Claudine (1900-1903) qui connaît un succès « scandaleux ».

Willy utilise son épouse comme nègre littéraire et signe, sans vergogne du seul nom de Willy.

Gabrielle, jalouse et frustrée, se libère de plus en plus de cette tutelle et en 1905, elle publie les Dialogues de bêtes sous le nom de Colette Willy.

Après son divorce en 1906 et pour gagner sa vie, Colette fait l’expérience de la scène en tant que mime.

De 1906 à 1912, elle poursuit une carrière au music-hall, où elle présente des pantomimes orientales dans des tenues légères. La Préfecture de Police interdit notamment son spectacle de pantomime nue sous une peau de panthère.

Elle se produit au théâtre Marigny, au Moulin Rouge, au Bataclan et aussi en province.

 


Colette mime, en 1907, photographiée par Léopold-Emile Reutlinger

 

Sa vie sentimentale agitée inspire son œuvre

Ces années d’errance sont rendues dans plusieurs ouvrages : La Vagabonde, L’Envers du music-hall, En tournée, La Retraite sentimentale…

Pour Colette, ce sont des années de scandale et de libération morale où elle vit aussi des aventures féminines avec Mathilde de Morny ou Natalie Clifford Barney.

En 1912, elle se remarie à Henry de Jouvenel, politicien et journaliste qui l’engage à écrire pour le journal Le Matin, dont il est rédacteur en chef et dont elle deviendra plus tard directrice littéraire.

En tant que journaliste, elle assistera au procès de Landru, dont elle décrit si bien le portrait que Joseph Kessel qualifie sa chronique comme l’un des sommets du journalisme.

De cette union, naîtra son seul enfant, Colette Renée de Jouvenel surnommée « Bel-Gazou ».

Alors que son mari la trompe, elle initie à l’amour le fils de son époux, Bertrand de Jouvenel, à peine âgé de dix-sept ans. Cette relation qui dure cinq années lui inspire Le Blé en herbe.

Le couple de Jouvenel divorce en 1925. Et cette étape de la vie de Colette lui inspire un roman Julie de Carneilhan, comme sa séparation d’avec Willy lui avait inspiré Mes Apprentissages.

Mélomane avertie, Colette collabore avec le compositeur Maurice Ravel entre 1919 et 1925, pour la fantaisie lyrique L’Enfant et les Sortilèges.

Elle est amie avec la reine Elisabeth de Belgique, l’actrice Marguerite Moreno, la poétesse Renée Vivien et connaît quelques brouilles avec la célèbre demi-mondaine Liane de Pougy.

Elle se remarie en 1935 avec Maurice de Goudeket.

Elle découvre aussi le cinéma et porte un attachement à cet art nouveau pour elle. Certains de ses romans seront adaptés au cinéma.

A son décès elle est la première femme à avoir des obsèques nationales. Sa dépouille repose au cimetière du Père-Lachaise.

 

De livre en livre, avec humour, émotion et poésie, Colette retrace les étapes de sa vie.

Tôt éveillées aux troubles de la sensualité, ses héroïnes s’efforcent d’harmoniser leurs sentiments avec leurs sens (L’Ingénue libertine 1909). Souvent déçues et comprenant que l’amour n’est pas un sentiment honorable, elles préfèrent s’enfuir ou renoncer avant que ne viennent les désillusions (Gigi, La Vagabonde, Chéri…).

Imitant la patience humble et fervente de Sido, sa mère, (La Maison de Claudine 1922) Colette à son tour, refuse la vulgarité des humains, en lui opposant la courtoisie hautaine des bêtes (La Chatte 1933).

Elle excelle à croquer le pays natal, qui reste une relique, un terrier, une citadelle, le musée de sa jeunesse et sait appréhender le mystère de l’âme animale.

Lucide et impitoyable connaissance de soi et des autres, appréciation sensuelle et passionnée du monde, l’œuvre de Colette, jusqu’aux derniers ouvrages est servie par une prose à la fois précise et savoureuse, presque gourmande, d’un art toujours très sûr.

De livres en livres Colette va retracer les étapes de sa vie, à la recherche d’un équilibre calqué sur celui de la nature, choses et bêtes.

 

Chercheuse hors norme explorant les méandres de l’humain et de la nature.

Séductrice et charmeuse, Colette fait passer tout son ressenti à travers une prose ô combien profonde et rigoureuse. Elle promène cette science de l’écriture à travers les méandres de tous les sentiments de la nature humaine et même animale.

Elle porte en elle un art de la séduction tous azimuts, accueillant sans réserve tout ce qui fait le monde environnant, dans une quête d’harmonie qui échappe aux conventions.

On pourrait la qualifier de chercheuse humaniste et avant-gardiste éprise de vérité et d’indépendance, qu’importe si cela provoque et scandalise. Elle se fait le trait d’union subtil entre une quête sensuelle de merveilleux et la réalité crue de la vie.

Son registre sentimental est sans limite, ce qui la pousse à apprécier l’amour avec les hommes et aussi les femmes.

Par nature, elle est amenée à se mettre dans des situations défavorables voire dévalorisantes où l’apparent échec se construit comme une manière de s’empêcher de réussir. Et ce trait de caractère la porte à des défis osés.

Avec l’âge lui vient une sagesse de philosophe bienveillante et détachée visant toujours l’inaccessible étoile de l’équilibre parfait entre humains et dans la nature.

 

 


(
Logiciel AUREAS AstroPC Paris)

 


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