Marie LAURENCIN
Née Marie Mélanie LAURENCIN le 31 octobre 1883 à 9h du matin à Paris 10e
Selon acte n°4822 – Archives de Paris en ligne – V4 E 6267 – vue 10/31
Décédée le 8 juin 1956 à 7h du matin à Paris 7e
Selon acte n°773 – Archives de Paris en ligne - vue 22/31
Fille naturelle d’un député, elle veut être artiste plutôt qu’institutrice
Elle participe aux courants artistiques les plus modernes de son époque
Ses amours masculines et féminines sont multiples
L’entre-deux-guerres, lui permet une brillante carrière dans la mondanité parisienne.
Fière et inspirée, elle sait mettre en scène son monde intérieur sans souci des convenances. |
Fille naturelle d’un député, elle veut être artiste plutôt qu’institutrice
Tu ressemblais à une aquarelle de Marie Laurencin… ainsi Chante Joe Dassin en 1975 dans L’Eté indien. Le prodigieux succès international de cette chanson redonne du même coup une notoriété à cette artiste peintre, graveur, illustratrice, poète qui, entre ombre et lumière, participe pleinement aux évènements de son temps.
Selon l’état-civil, elle est née de Pauline Laurencin brodeuse et de « père non dénommé ». Enfant naturelle du député Alfred Toulet qui subviendra aux besoins du ménage, Marie découvrira par sa mère, sa filiation à sa majorité alors que son père est mourant.
Bachelière en 1901, Marie destinée à être institutrice selon le souhait de sa mère, s’inscrit à l’école de Sèvres pour devenir peintre sur porcelaine. Formée également au dessin et à la gravure, elle prend des cours notamment auprès de Madeleine Lemaire qui lui apprend la technique de la brosse appliquée à la peinture florale. Elle dessine des motifs et des figures que sa mère reproduit sur des soieries avant de les broder.
A la rentrée 1902, inscrite à l’Académie Humbert, elle a parmi ses condisciples et admirateurs, Georges Lepape qui l’encourage à persévérer dans la voie artistique.
Elle participe aux courants artistiques les plus modernes de son époque
En 1907, sa rencontre avec Pablo Picasso lors de sa première exposition parisienne influence ses études d’alors. Maurice de Vlaminck, André Derain, le Douanier Rousseau et beaucoup d’autres noms de la peinture et de la littérature font partie du monde qu’elle fréquente.
Bien vite, elle se révèle une pionnière des nouveaux courants de peinture : cubisme, fauvisme et dadaïsme(*), autant de tendances qu’elle dépassera pour adopter un style très personnel critiqué par certains pour sa mièvrerie, son nymphisme.
Elle aime transgresser les genres artistiques et même en poésie, elle compose en vers libres qui conviennent mieux à son expression.
Marie Laurencin participe pleinement à la fertile modernité de son époque et malgré le mépris réservé aux femmes, elle obtient la reconnaissance de ses pairs.
(*) Mouvement du début du 20e siècle qui remet en cause les conventions et contraintes idéologiques, esthétiques et politiques.
La Muse inspirant le Poète. Le couple Laurencin-Apollinaire peint par le Douanier Rousseau en 1909
Ses amours masculines et féminines sont multiples
Bisexuelle, Marie Laurencin aura tout au long de sa vie de nombreuses aventures masculines notamment avec le poète Guillaume Apollinaire et l’écrivain courtier d’art, Henri-Pierre Roché. Et parmi ses conquêtes féminines, elle a une longue liaison avec Nicole Poiret, sœur du couturier Paul Poiret.
Après avoir rompu avec Apollinaire « qui a le vin mauvais », Marie Laurencin se marie en juin 1914 avec Otto Von Watjen, peintre et pacifiste, qui lui apporte la nationalité allemande, le titre de baronne et une rente annuelle de 40.000 marks. Mais cette union lui vaut le titre de « femme de boche » et le couple s’exile en Espagne durant la Guerre de 1914-1918. Mais bientôt Otto sombre dans l’alcoolisme, renonce à l’art et devient violent. Marie trouve consolation dans les bras d’un amant de passage à Madrid.
Depuis les tranchées, Guillaume Apollinaire lui demande d’illustrer un recueil de poèmes Le Médaillon toujours fermé qui fait référence à leurs amours et à la peinture de Marie.
L’entre-deux-guerres, lui permet une brillante carrière dans la mondanité parisienne.
Revenue en France, durant l’entre-deux-guerres, elle devient une figure de la vie mondaine parisienne, et se fait portraitiste de la l’intelligentsia de la capitale. Elle mène une brillante carrière de femme peintre divorcée dans ce milieu parisien où elle croise tous les grands noms de la culture d’alors.
Malgré l’Occupation allemande de la Seconde Guerre mondiale, Marie Laurencin poursuit ses activités en collaboration avec le régime tout en déclarant détester l’impérialisme d’Hitler.
En 1943, elle se fait décoratrice pour les premiers ballets de Roland Petit.
A la Libération, arrêtée, emprisonnée quelques jours, dans le cadre de la procédure civique d’épuration, elle est libérée sans qu’aucune charge ne soit retenue contre elle.
Diane à la chasse (1908)
http://mipithi.pagesperso-orange.fr/Cadre_peinture/Page_Marie_Laurencin/page_tableaux.htm
Fillette au chapeau bleu et noir (1913-1914)
http://mipithi.pagesperso-orange.fr/Cadre_peinture/Page_Marie_Laurencin/page_tableaux.htm
Marie Laurencin passe une retraite discrète et pieuse, partagée entre sa peinture et des séjours dans des communautés religieuses avant de décéder en 1956 à l’âge de 72 ans. Elle est inhumée au cimetière du Père-Lachaise, non loin de la dépouille de Guillaume Apollinaire.
Marie Laurencin photographiée par Carl van Vechten en 1949.
Fière et inspirée, elle sait mettre en scène son monde intérieur sans souci des convenances.
Marquée par le Lion et le Scorpion, Marie porte en elle une autorité naturelle.
Curieuse et intuitive, elle aime mettre en scène ses perceptions quelles qu’elles soient sans se préoccuper des normes de son temps.
Les défis la stimulent surtout quand il y a matière à provocation, contestation, remise en cause des conventions établies. A ce titre les courants modernes et libertaires de son temps font écho à sa nature scorpionesque quitte à se mettre elle-même en difficulté et risquer l’échec. Toutefois, elle sait dépasser cubisme, fauvisme, dadaïsme, pour laisser libre cours à son style personnel.
La chance accompagne cette femme de sang-froid qui exerce une réelle influence sur son époque.
Habitée par un esprit juvénile et adolescent, elle traduit cette dualité dans ses peintures de personnages androgynes ainsi que par sa bisexualité.
Au fond, une aura de mystère, de magnétisme et de fierté entoure cette artiste généreuse et bien dans sa peau qui recherche la jouissance de vivre et créer à contre-courant de son temps.
(Logiciel AUREAS AstroPC Paris)
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