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Les moines de Tibhirine

victimes de la guerre civile algérienne

 

présentation | Christian | Luc | Célestin | Michel | Bruno | Christophe | Paul

 

 
De gauche à droite, sur la photo (source Pèlerin Magazine n°5922 31 mai 1996) :
 Frères Christophe(+), Michel(+),
Luc(+), Bruno(+), Christian(+), Célestin(+),
Philippe, Amédée, Jean de la Croix, Jean-Pierre (*)
Le frère Paul (+), 7e martyr n’est pas présent sur la photo

 

Dans la nuit du 26 au 27 mars 1996, sept des neuf moines trappistes du Monastère de Tibhirine, sont enlevés et séquestrés pendant deux mois.

Frère Jean-Pierre et Frère Amédée qui se trouvaient dans une autre partie du bâtiment, échappent aux ravisseurs.

L’assassinat des moines est annoncé le 21 mai 1996 dans un communiqué attribué au Groupe Islamique Armé (GIA). Le 20 mai 1996, trois têtes des moines martyrs sont découvertes en bordure de la route menant de Blida à Médéa. Les autres têtes sont retrouvées à proximité. Les corps, eux, ont disparu.

Les commanditaires de cet enlèvement, leur motivation ainsi que les causes réelles de l’assassinat font l’objet de débats. La culpabilité du GIA est remise en cause par d’autres thèses évoquant les services secrets ou une bavure de l’armée algérienne. Dans ce dernier cas, l’erreur fatale aurait été maquillée… Une version que le juge d’instruction Marc Trevidic semble accréditer. N’ayant jamais pris parti entre les islamistes (leurs « frères de la montagne ») et l’armée (les « frères de la plaine »), les moines auraient été victimes de ce conflit fratricide.

Le monastère cistercien-trappiste de Tibhirine est fondé le 7 mars 1938, il abrite l’abbaye Notre-Dame de l’Atlas et se situe près de Médéa en Algérie.

Dans ce lieu situé dans un domaine agricole, les moines se consacrent à la prière et vivent du travail de la terre. Ils partagent une vie simple, de famille, témoignage de sérénité pour tous les villageois alentour.

La ferme et les terres sont nationalisées en 1976 mais les religieux conservent ce qu’ils peuvent cultiver.

 

Les lieux sont ainsi décrits par Jean-Marie Rouart à l’Académie française :

C’était une grande bâtisse un peu austère mais chaleureuse et accueillante, construite en face d’un des plus beaux paysages du monde : les palmiers, les mandariniers, les rosiers se dessinaient devant les montagnes enneigées de l’Atlas. Des sources, une eau claire, irriguaient le potager. Il y avait aussi des oiseaux, des poules, des ânes, la vie. Des hommes avaient choisi de s’installer dans ce lieu loin de tout mais proche de l’essentiel, de la beauté, du ciel, des nuages. Ce n’étaient pas des hommes comme les autres : ils n’avaient besoin ni de confort ni de télévision. Ce qui nous est nécessaire leur était inutile, et même encombrant.

 

Habités par leur foi en Dieu, les moines ont choisi de vivre là dans un village perdu de l’Atlas. Ils n’étaient qu’accueil et respect pour leurs frères algériens.

Dans un pays à feu et à sang, leur porte était ouverte à tous.

Tous les hommes de la région savaient qu’ils pouvaient venir pour n’importe quelle raison frapper à la porte du monastère…

 

L’un des moines rescapés le frère Jean-Pierre(*) devenu Supérieur de la communauté monastique de N.D. de l’Atlas, installée au Maroc, n’oublie pas :

J’ai échappé à l’enlèvement car ils ne m’ont pas vu, là où je me trouvais… J’étais portier à Tibhirine, mais j’étais ce soir-là dans ma chambre. Je n’ai pas bougé.

Depuis quelques temps, on sentait comme une menace qui flottait dans l’air, surtout le soir. On se disait que la nuit allait être paisible, ou bien on se demandait si on allait avoir une visite, et ce que pourrait être justement cette visite ? Notre prière du soir était marquée par ce climat fait à la fois de confiance et d’abandon à Dieu.

Sur le moment nous n’avons pas pensé qu’ils allaient les tuer. Nous avons pensé qu’ils allaient les garder en otages. Vous savez, on ne s’attendait pas à ça. Souvent ils venaient chez nous pour voir le docteur. Ils étaient généralement aimables, très courtois. En tous cas, lorsqu’ils venaient se faire soigner.

Après le 1er communiqué du GIA, on ne se faisait plus d’illusions.

Aujourd’hui on essaie de vivre avec les mêmes sentiments qu’avaient nos frères qui sont morts. Sentiment de bienveillance. Sachant que chaque homme a au fond de lui quelque chose de beau, de bon. C’est l’espérance d’éveiller ce qu’il y a de meilleur en chaque être, qui nous a décidés à rester. Oui, pardonner. Même si le mot pardon est difficile à employer. Mais on ne peut pardonner à la place des autres.

 

A la suite de ces évènements, les moines migrent au Maroc à Fes puis à Midelt en 2000.
Le monastère N.D. de l’Atlas y est désormais établi.


Portraits des 7 moines assassinés
N.D. de l’Atlas Midelt au Maroc

 

Le film « Des Hommes et des Dieux » de Xavier Beauvois, sorti en 2010, évoque les dernières années de leur vie au monastère avant l’assassinat de 7 d’entre eux. Il a obtenu le Grand Prix du Jury au Festival de Cannes.

 

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