Frère Jean-Pierre
Jean-Pierre SCHUMACHER
né le 15 février 1924 à 14 heures 30 à Buding Moselle 57
Né dans une famille ouvrière de six enfants, d’un père artisan meunier, il est élevé dans la ferveur de la foi catholique. Jean-Pierre a 18 ans lors de l’invasion allemande de l’Alsace-Lorraine ; il est enrôlé dans l’armée allemande. Il échappe à l’envoi sur le front russe grâce à un faux diagnostic de tuberculose lors de la visite médicale militaire.
Ordonné prêtre en 1955, après des études chez les maristes à Lyon, il entre au monastère de Timadeuc (Bretagne) en 1957. En 1964, avec trois autres moines, il répond à l’appel de l’évêque d’Alger sollicitant des moines supplémentaires pour Notre-Dame de l’Atlas. Il est chargé de la liturgie et des services administratifs au monastère de Tibhirine.
Frère Jean-Pierre est portier de nuit à Tibhirine. C’est lui qui, à 17h30, verrouille les portes qui ne doivent être réouvertes qu’à 7h30 le lendemain. En cette nuit du 26 au 27 mars 1996, il est 1h15 du matin quand il est tiré de son sommeil par une discussion en arabe dans l’enceinte du monastère. Il reconnaît aussi la voix de Dom Christian le prieur qui parle couramment l’arabe. Lorsque le calme est revenu, frère Amédée sort de sa chambre et retrouve Jean-Pierre à la porterie. Hébétés. Ils ne sont plus que tous les deux. Les sept autres moines ont été enlevés par les islamistes.
A l’annonce de la mort des sept frères, le 26 mai 1996, Frère Jean-Pierre devient successeur de Christian de Chergé, jusqu’en 1999, terme de son mandat, ayant atteint l’âge limite de 75 ans. Il est au monastère Notre-Dame de l’Atlas au Maroc.
Voici un extrait de l’interview de Frère Jean-Pierre :
Pourquoi avez-vous accepté de nous livrer votre témoignage ?
C’est un devoir de faire connaître cette histoire. Peut-être est-ce pour cela que le Seigneur m’a gardé en vie. Je souhaite, entre autres, répondre aux questions que les gens peuvent se poser. Ce qui s’est passé est l’œuvre de Dieu. Il ne serait donc pas délicat de le cacher. Je parle pour la mémoire de mes compagnons et parce qu’il serait beau que leur expérience soit connue, aimée…
Ressentez-vous de la tristesse à l’approche du 26 mars ?
La mort des frères nous avait bouleversés et je ne peux oublier ces événements traumatisants. Mais il ne s’agit pas de tristesse, non. A Fès, au Maroc, où nous nous étions repliés après le drame, nous avions réagi en disant : « Nous ne célébrerons pas une messe en noir ou en violet (couleur du deuil-ndlr), mais une messe en rouge (couleur des martyrs-ndlr)». Nous sommes heureux de renouveler le souvenir de ces vies offertes pour Dieu et pour l’Algérie, dans la joie et la reconnaissance. Le 26 mars sera pour moi un moment de recueillement encore plus profond.
Frère Jean-Pierre – moine survivant de Tibhirine
(Logiciel AUREAS AstroPC Paris)
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