Un cri d’amour lancé des faubourgs de la misère
jusqu’à la gloire internationale…

télécharger cet article

 

Édith PIAF
Née Édith Giovanna GASSION

le 19 décembre 1915 à 5h du matin à Paris 20e
Selon acte n°2431 Archives de Paris en ligne – 20N302 – vue 10/22

 Décédée le 11 octobre 1963 à Paris 16e

 

 

Mes chansons, c’est moi, ma chair, mon sang, ma tête, mon cœur, mon âme.

Ma vie de gosse… j’ai eu faim, j’ai eu froid. Mais j’étais libre… de ne pas me lever… de ne pas me coucher… de me saouler… de rêver… d’espérer.
Mermoz, Momone, qu’il est beau !

… Ça lui rentr’ dans la peau par le bas, par le haut,
Elle a envie d’chanter c’est physique … (L’accordéoniste)
Le Monsieur Piaf qui me bouffera… il n’est pas encore né.
Personne ne m’a jamais rien interdit.
Si un jour, la vie t'arrache à moi… je mourrais aussi… (Hymne à l’Amour)

Un festival de Sagittaire et de Scorpion pour envoûter le monde

 

 

Mes chansons, c’est moi, ma chair, mon sang, ma tête, mon cœur, mon âme.

Cette fiche se propose de partir à la découverte bouleversante d’un destin passionné, véritable Hymne à l’Amour, gravé à jamais dans la douleur et dans la joie, le temps d’une courte vie devenue immortelle.

Ses chansons sont de l’amour mis en paroles et musique, expérimenté à chaque fois dans son cœur. Elle chante son vécu sentimental.

Dans son répertoire riche de plus de 300 titres, c’est la passion d’aimer qui la fait chanter et c’est le chant qui la fait vivre.

Entre autorité et démesure en toutes choses, cette petite femme (1.47m) bouleverse son monde et le monde. Sa voix forte, unique, pathétique, détachant chaque syllabe de chaque mot transcende l’ordinaire et diffuse au rythme de sa carrière une émotion insurmontable.

Pour elle-même et ceux qui l’ont approchée au cours de sa vie d’artiste, elle est irrésistible magicienne des valeurs de sensibilité artistique, dépassant là aussi la mesure de l’ordinaire.

Piaf alchimiste invente de l’exceptionnel nourri à la puissance de l’amour.

Paul Meurisse, Yves Montand, Les Compagnons de la Chanson, Charles Aznavour, Georges Moustaki… font partie de ceux qui sont passés par l’École Piaf. Inoubliable étape dans leur destinée !

 

Édith Piaf, c’était comme de l’uranium, elle brûlait, elle chauffait tout ce qu’elle touchait.
(Le poète Jean Cocteau)

 


Édith Piaf en 1939 – Photo
Studio Harcourt

 

Ma vie de gosse… j’ai eu faim, j’ai eu froid.
Mais j’étais libre… de ne pas me lever… de ne pas me coucher… de me saouler… de rêver… d’espérer.

Venue au monde dans la rue, sous un réverbère et sur une pèlerine de flic, Édith Gassion naît de parents enfants de la balle. Son père Louis, artiste-acrobate, et sa mère Line, artiste lyrique, vivent du hasard des spectacles de rue. Comme un signe du destin, Édith voit le jour là où commencera sa vie de chanteuse.

Délaissée par sa mère, elle est confiée à sa grand-mère maternelle d’origine kabyle vivant dans un taudis, tandis que Louis repart à la Guerre de 14-18 dans la gadoue des tranchées. De retour de permission, trouvant sa fille de deux ans sale et rachitique, Louis l’envoie chez sa mère qui règne sur une maison de prostitution en Normandie. Bien dorlotée par « les filles de la maison » et les messieurs de passage, elle est heureuse. Souffrant d’une cécité due à une kératite, elle est soignée par un médecin et de fervents pèlerinages vers Sainte-Thérèse de Lisieux font le reste.

Convaincue de ce cadeau divin, Édith gardera une dévotion à vie pour cette Sainte.

Puis de 7 à 15 ans, elle bourlingue de trottoirs en places, de bastringues en bistrots, de villes en villages avec son père au hasard des occasions de spectacles. Elle fait la quête, chante à l’occasion et fait des sauts périlleux.

Ayant assez appris de cette vie vagabonde, Édith s’en va voler de ses propres ailes. Grâce à une voix étonnante héritée de sa mère, elle chante dans les cours et les rues.

Bientôt avec Momone - Simone Berteaut qu’elle nommera sa demi-sœur - elle fait la manche et sa voix forte s’impose dans le bruit de la rue, des klaxons et jusque vers le haut de la Tour Eiffel !

En ménage avec P’tit Louis (Louis Dupont), Édith à 17 ans accouche d’une fille, Marcelle. Mère inexpérimentée et ne vivant que pour chanter, elle connaît le drame de perdre sa fille d’une méningite à l’âge de deux ans. Grâce à la collecte des « dames de Pigalle », elle parvient à payer la couronne mortuaire et l’enterrement.

Trop jeunes pour dramatiser, trop habituées à la misère pour désespérer, Momone et Édith reprennent aussitôt leur vie d’artistes.


Édith Gassion enfant

 

Mermoz, Momone, qu’il est beau !

La voix impressionnante d’Édith séduit Louis Leplée qui l’embauche dans son cabaret de Pigalle Le Gerny’s. Comme son mentor lui trouve un air de moineau de Paris, il l’appellera La Môme Piaf.

Un soir de 1936, la salle emplie de personnalités telles que Jean Mermoz, Joseph Kessel, Maurice Chevalier, Mistinguett… est envoûtée malgré la robe noire qu’Édith s’est tricotée vite fait, avec une seule manche par manque de temps. Heureusement le foulard de soie bienvenu d’Yvonne Vallée couvre l’autre épaule.

À la fin de sa représentation, Mermoz lui offre du champagne et la Môme restera subjuguée par le charme du célèbre aviateur.

Bientôt grâce à papa Leplée, Édith s’envole vers la gloire. Mais quand le 6 avril 1936, ce dernier est assassiné par de jeunes voleurs, Édith craint de retrouver la galère de la chanson de trottoir. Aussi avec Momone, elle se met en quête d’un imprésario. Les temps sont durs, l’argent manque terriblement surtout que les deux filles continuent à mener une vie débridée.

Raymond Asso qu’elle rencontre dans un bar à artistes, lui dit : C’est plus qu’un impresario qu’il te faut… tu as tout à apprendre… d’autant qu’il juge Momone comme étant son mauvais génie.

Édith tombe amoureuse de ce nouveau guide malgré l’avis de Momone qui juge l’homme comme un arbre d’hiver, noir, sec, un tronc pour les corbeaux pas pour les piafs !

Dur, dur pour Édith élevée dans la liberté de la rue, d’être tenue en laisse. Malgré ses incartades et ses inévitables bringues, Édith apprend vite ce qu’il faut pour son métier. La rencontre providentielle avec la compositrice Marguerite Monnot lui vaudra d’obtenir par elle quelque 60 musiques de chansons, au cours de sa carrière.

Non sans rebellions contre son mentor, Piaf devient une grande artiste. Bientôt la voilà à l’affiche de l’ABC le 26 mars 1937, à côté de Charles Trenet et pour le coup elle passe de la Môme Piaf à Édith Piaf.

Les grands music-halls parisiens et de province la réclament.

 

… Ça lui rentr’ dans la peau par le bas, par le haut,

Elle a envie d’chanter c’est physique … (L’accordéoniste)

Finie la discipline sévère et la rigueur de Raymond Asso parti à la guerre, avec le chanteur Paul Meurisse son nouvel amour, c’est le chic et la classe. Si tant d’élégance et de belles manières reposent et fascinent Piaf pendant un temps, elle ne tarde pas à le traiter de banquise et de manuel du savoir-vivre tant il reste imperturbable devant les virées grisantes d’Édith avec Momone dans les bistrots de Belleville.

Après des intermèdes d’actrice, elle se remet au chant qui est toute sa vie. Grâce à l’auteur Michel Emer, elle chante l’accordéoniste dont le texte lui fait vivre toutes ses émotions personnelles.

Avec le journaliste Henri Contet, c’est le charme et la compréhension, et les spectacles parisiens continuent en marge des tribulations de la guerre. Malgré son succès, Édith est souvent sans argent car parler finance la rebute tandis que chanter l’amour restera toujours la grande affaire de sa vie.

 


Piaf et Montand

 

Le Monsieur Piaf qui me bouffera… il n’est pas encore né.
Personne ne m’a jamais rien interdit.

C’est l’époque où Yves Montand rentre dans la vie d’Édith en tant que vedette américaine. Ce fier Italien rieur à la voix charmeuse, se sent vexé de se soumettre à la tyrannie de cette broyeuse de cafard qui lui livre tout de go l’inventaire de ses quelques qualités mais aussi nombre de critiques impitoyables : Tes fringues sont ridicules. Ton accent marseillais est affreux. Tu gesticules comme un polichinelle. Ton répertoire ne vaut rien. Tes chansons sont vulgaires.

Le jeune homme devenu amant, consent à suivre l’apprentissage autoritaire d’Édith car sa carrière en dépend.

Si la chanson les réunit sur scène, elle ne tarde pas à les séparer quand Montand grisé par le succès se pique de critiquer Édith sur sa consommation d’alcool, sa fidélité, la valeur de l’argent et le métier…

Le Monsieur Piaf qui me bouffera… il n’est pas encore né. Personne ne m’a jamais rien interdit.

Avec l’impresario Louis Barrier, l’accordéoniste Marc Bonel puis son épouse Danièle Bonel débute une collaboration à vie pour Piaf.

Danièle qui avait laissé sa carrière de danseuse professionnelle, se souviendra de ce personnage magnifique, prodigieux, je vivais dans son ombre, mais cette ombre prestigieuse valait tous les bravos perdus.

Vous avez une voix magnifique lui dira intimidé le boxeur Marcel Cerdan qu’elle rencontre en 1946 dans un cabaret de Montmartre après son tour de chant. Entre le costaud et la petite chanteuse vient de naître un amour grandiose qui magnifiera l’un et l’autre et fascinera le populaire.

Et quand son Marcel est sacré champion du monde en 1948 à New York, Édith les yeux mouillés de larmes est en délire.

Mais quand l’avion qui ramène en Amérique son amant pour un match de revanche s’écrase aux Açores en octobre 1949, elle hurle sa peine. Le soir même, Édith remonte sur scène pour chanter plus fort pour son Marcel disparu jusqu’à s’évanouir lors de l’Hymne à l’amour.

 


Piaf
et Cerdan en 1948

 

Si un jour, la vie t'arrache à moi… je mourrais aussi… (Hymne à l’Amour)

Alors débute dans sa vie un chambardement affectif aggravé par une maladie héréditaire de rhumatismes articulaires. À l’enfer des drogues médicamenteuses s’ajoute son goût pour les beuveries, elle qui a connu l’alcool dès l’enfance.

Avec la mort de Marcel Cerdan, Édith redevient comme une enfant tyrannique et capricieuse. Désormais, sa célébrité lui permet de tout s’offrir. Si on lui résiste, elle s’obstine et si on se soumet elle se lasse. Seul le chant la rend heureuse.

Ainsi en marge de ses tours de chant en France et à l’étranger, elle s’étourdit dans ce bal des amours perdues et collectionne les amants tout en recourant à la morphine pour ne pas souffrir et à l’alcool pour oublier.

Les mariages avec Jacques Pills en 1952 puis avec Théo Sarapo en 1962, montrent qu’Édith est en quête perpétuelle d’amour pour faire taire sa solitude morale.

Quand elle fête son millionième disque en janvier 1954, que de chemin parcouru depuis son 1er enregistrement en 1935 !

Malgré sa dégradation physique, elle poursuit intensément ses tournées en France et à l’international. Une vie itinérante de saltimbanque qui éprouve un peu plus son corps miné par les excès, malgré plusieurs cures de désintoxication pour l’alcool et la drogue.

En 1958, le jeune et génial parolier Georges Moustaki, auteur de Milord, se trouve pris, un peu malgré lui, dans le tourbillon de Piaf mais s’en éloigne un an plus tard. C’est la première fois que la chanteuse se fait larguer sans en avoir pris l’initiative.

Avant que la mort n’emporte Édith Piaf à 57 ans en octobre 1963, elle reçoit une ultime visite celle de Momone le temps d’évoquer leurs souvenirs complices.

Théo Sarapo effondré de chagrin accueille un défilé interminable d’amis venus fêter une dernière fois leur idole.

Edith et Théo seront inhumés ensemble au cimetière du Père-Lachaise.

 


Édith
en duo avec Théo Sarapo en 1962

 

Pour retrouver Édith Piaf dans l’Hymne à l’Amour et la Foule.

 

Par-delà les décennies, la voix miraculeuse de Piaf reste immortelle.

Ses chansons sont entrées dans la légende.

 

 

Sources documentaires :

- Tu vois je n’ai pas oublié (Yves Montand de Hervé Hamon et Patrick Rotman éditions Seuil-Fayard

- Aznavour, « Sur ma vie » de Gérard Bardy éditions Pygmalion

- Piaf – Biographie de Pierre Duclos et Georges Martin éditions du Seuil

- Le Temps d’une vie Édith Piaf de Marc et Danielle Bonel

- Piaf Récit Simone Berteaut éditions Robert Laffont

- Ma Vie (autobiographie) propos recueillis par Jean Noli de Édith Piaf et Monique Lange

Union générale d’éditions, collection Voici, Jean-Claude Lattès

- Piaf-Cerdan 1946-1949 – Un Hymne à l’Amour de Dominique Grimault et Patrick Mahé éditions Robert Laffont

- Édith Piaf – 25 chansons et extraits de livres – Publication Alain Pierson

- Au revoir Édith de Marcel Blistène éditions du Gerfaut

- Piaf ma sœur de Denise Gassion éditions Guy Authier

- L’Hymne à l’Amour de Michel Trembley éditions La Pensée universelle

- Édith Piaf inconnue de Maurice Maillet éditions Euro-Images

- https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89dith_Piaf

 

 


Piaf
au Studio
Harcourt en 1950

 

Un festival de Sagittaire et de Scorpion pour envoûter le monde

 Avec Piaf c’est un festival de ce que permettent en une vie le Sagittaire et le Scorpion réunis.

Entre magnificence et déchéance, entre obscurité douloureuse et gloire prodigieuse, elle laisse les tribulations du quotidien métamorphoser sa vie tout en tenant solidement les rênes de son destin avec fine intuition et clairvoyance.
(Neptune/Lion sextile à Pluton)

(Ascendant Scorpion avec Mars/Lion en IX et Pluton/Cancer près de Saturne en VIII ; Soleil-Mercure/Sagittaire en II recevant trigone de Mars ; Jupiter en son domicile Poissons en IV et maître du Soleil en Sagittaire).

Ainsi par le Scorpion émane d’elle une puissance démiurgique que le poète Cocteau nomme justement uranium.

Cette magicienne dans l’âme jouit de tout l’éventail des possibles qu’elle va expérimenter à longueur de vie.

Qui mieux qu’Édith Piaf a exploré dès sa jeunesse, le grenouillage dans la mare des instincts pervers (alcool et drogue)  jusqu’à la rédemption sublime et glorieuse sur les scènes du monde.

 Ce sevrage affectif qui la fait chanter si admirablement lui vient d’une Vénus opposée à Saturne et douloureusement refroidie au Capricorne en II.

L’amour est  là souvent entre ses bras mais dur-dur de le conserver durablement surtout quand chicaneries scorpionesques et fierté s’en mêlent.

 Certes elle n’est pas une sentimentale (Lune/Gémeaux) mais elle a besoin de se construire une « famille Piaf » (Pluton/Cancer) avec les amis, les amants de passage.

Avec une autorité naturelle, elle sait se mettre en scène et faire dans le spectaculaire pour envoûter le populaire et le grand monde.

 Quand ses « élèves » ou amants sont en passe de la dépasser, elle les chasse du nid pour qu’ils volent de leurs propres ailes, comme elle l’a fait pour elle-même.

 De la goualante des faubourgs aux scènes glorieuses, elle a tout connu des affres d’une vie menée dans la démesure jusqu’au bout de ses forces et à la face du monde.

 

Merci Édith d’avoir tout donné à la vie, au chant, à l’amour, jusqu’à en mourir.

 


(
Logiciel AUREAS AstroPC Paris)

 

 

haut de page