Que seraient les Auvergnats de Paris sans cet exceptionnel journaliste, défenseur et fédérateur des « Bougnats » de la capitale ?

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Louis BONNET
Né Pierre Marie Louis BONNET

le 24 mai 1856 à 11h du matin à Aurillac Cantal 15
Selon acte n°129 – AD15 en ligne – 5 M I 37/1 – 1856-1859 – vue 36/3321

 Décédé le 12 avril 1913 à Paris

 

 

 L'Auvergnat de Paris est né, et il est né viable.

Du Massif central et fier de l’être

600 000 Auvergnats à Paris dans l’entre-deux-guerres

Main dans la main… les Auvergnats de Paris seront une puissance…

Les trains Bonnet… à chaque arrêt on danse la bourrée sur le quai…

Le Prométhée qu’il faut pour les Auvergnats de Paris

 

 

 L'Auvergnat de Paris est né, et il est né viable.

Le jeudi 14 juillet 1882, sort le 1er numéro de l’hebdomadaire L’Auvergnat de Paris. Cette date symbolique de la République sonne bien aux oreilles du fondateur Louis Bonnet, ardent Républicain de 26 ans.

« L'Auvergnat de Paris est né, et il est né viable. C'est tout armé qu'il est sorti d'un cerveau têtu d'Auvergnat ».

Farouchement laïc, convaincu et convaincant, qualifié de forte personnalité, ce Cantalou fils d’un journaliste et imprimeur, monte à Paris à l’âge de 23 ans. Se sentant en exil loin de son Auvergne natale, il va donner corps à son idée géniale et héréditaire.

Logé dans une modeste chambre d’un 6e étage parisien, ce fils de bourgeois méconnaît ceux de la campagne, mais il se met en tête de fédérer et défendre les Auvergnats de la capitale. Venus des confins du Cantal, de l’Aveyron, de la Lozère, ces fils de paysans peu instruits et nourris de foi catholique sont bien différents de ce citadin intellectuel doublé d’un politicien anticlérical.

Pour cela quoi de mieux qu’un journal tiré à 11 000 exemplaires dans Paris, l’Île-de-France mais aussi dans le Massif Central et dont le cri de ralliement est Tout pour l’Auvergne.

Propriétaires, gérants et patrons de cafés, bars, brasseries, restaurants, en sont le principal lectorat qui compte aussi des industriels, producteurs et distributeurs…

 

 

Du Massif central et fier de l’être

Le lecteur y trouve des nouvelles du pays, faits divers, textes en patois, mais aussi articles politiques, vote des parlementaires, chroniques…

Dès le mois d’août, on y apprend la création d’une société de secours mutuel pour les enfants d’Auvergne pour conseils, aides, renseignements… Ce sera le 1er syndicat auvergnat de Paris.

En septembre 1882, on est informé que l’on peut se procurer à St-Flour le plan du viaduc de Garabit conçu par le Lozérien Léon Boyer et réalisé par Gustave Eiffel. Ce chef-d’œuvre sera achevé en 1884, cinq ans avant la célèbre Tour Eiffel.

Sous-titré du Massif central et fier de l’être, ce journal devient vite la référence des émigrants du Centre. Depuis 2017, le titre repris par « Au cœur des Villes » s’efforce à la modernité tout en portant la tradition d’Auvergne.

 

600 000 Auvergnats à Paris dans l’entre-deux-guerres

Commencée dès la fin du 18e siècle, la migration des Auvergnats, désireux de s’arracher à la misère de leurs montagnes natales, se fait en direction d’un Paris en plein développement économique. D’abord de façon saisonnière pendant l’hiver, certains restent ensuite plus longtemps tandis que d’autres ne reviennent plus au pays. C’est signe de réussite !

Les marins auvergnats transportent charbon, bois ou vin, par voie fluviale dans leurs sapinières. Arrivés à Paris, ils vendent leurs marchandises et le bois de leur bateau débité en bûches. Puis, ils s’en retournent à pied au pays.

Une fois installés dans la capitale, ces émigrants reconstituent un peuple fier de ses racines. Dans l’entre-deux-guerres, plus d’un habitant sur dix à Paris est d’origine auvergnate, soit une colonie de 600 000 personnes.

La force et l’âme du journal de Louis Bonnet lui vient du réseau de correspondants de chaque village du Massif central.

Ainsi, l’Auvergnat de Paris sait par le menu l’actualité de sa terre natale qu’il vienne de l’Aveyron, du Cantal, de la Corrèze, de la Haute-Loire, du Lot, de la Lozère ou du Puy-de-Dôme. Les voilà tous étiquetés « auvergnats » et fiers de l’être.

Quand les sociétés parisiennes font leur banquet annuel, Louis Bonnet vient faire la promotion de son journal. Outre la rédaction, cet homme à la force de travail extraordinaire, arpente Paris, à pied puis en fiacre pour décrocher des abonnements et participer activement à toute la vie de la communauté auvergnate.

 

Main dans la main… les Auvergnats de Paris seront une puissance…

Par son exemple et sous son impulsion, le mouvement auvergnat se structure en syndicats professionnels, sociétés de secours mutuel, cercle littéraire, amicales, groupes folkloriques… à Paris et dans les villages du Massif central.

Pour mieux fédérer tous les Auvergnats de Paris, ce journaliste, devenu franc-maçon, fonde La Ligue auvergnate officialisée lors d’un banquet le 21 novembre 1886.

Cette création suscite quelques heurts entre des personnalités mais le repas gargantuesque les fait vite oublier avec des plats originaires des 7 départements de la Ligue, avec bœuf, morilles, truffes, châtaignes, dindonneau, fromages Saint-Nectaire et Roquefort, élixir, liqueur…

Lors de la soirée, Louis Bonnet réputé pour « son caractère » mais aussi pour « son estomac » conserve sa verve irrésistible pour haranguer l’assemblée :

Nous voulons que les Auvergnats ne soient plus traités en parias dans la capitale…

Souvenez-vous que le jour où les Auvergnats de Paris sauront aller à leurs affaires la main dans la main, ils seront plus qu’une force, ils seront une puissance…

Chez Louis Bonnet, la volonté de défendre et fédérer ses compatriotes est sans limite et par son réseau social s’organisent, expositions, fêtes, banquets et même un annuaire social. Un État dans l’État !

Cet élan suscite dès 1900, la création de nombre d’amicales auvergnates, un phénomène unique en France !

 


Une rue de Paris 11e lui rend hommage au cœur de la « petite Auvergne »

 

Les trains Bonnet… à chaque arrêt on danse la bourrée sur le quai…

Lors des banquets annuels des milliers de convives dansent au rythme des cabrettes, accordéons… des meilleurs musiciens comme Martin Cayla et bien d’autres.

En 1904, cet ardent précurseur négocie des réductions sur les tarifs de chemins de fer à destination du Massif central. Les « trains Bonnet » fonctionneront jusqu’en 1939.

Les trains sont vieux et les voyages longs, mais l’ambiance est chaude, rythmée par la cabrette, avec casse-croûte aux produits auvergnats et à chaque arrêt sur le quai on danse la bourrée.

En 1906, 20 000 Auvergnats feront ainsi le voyage au pays.

Comme beaucoup de journalistes à l’époque, Louis Bonnet est un polémiste à la plume féroce qui n’hésite jamais à écrire ce qu’il pense. Cela lui vaut plusieurs procès, un peu de prison et même un pseudo-duel !

Homme aux solides convictions, on le dit doué pour le relationnel car il se met au niveau de tout interlocuteur pour expliquer, débattre, convaincre.

Après son décès à 57 ans, c’est son fils Louis qui lui succède à la tête du journal. De 1919 à 1939, c’est l’âge d’or pour L’Auvergnat de Paris où offres d’emploi, ventes de fonds de commerce s’ajoutent à l’actualité locale et nationale pour le bonheur de son lectorat.

 

Quelques Auvergnats illustres : Valérie Giscard d’Estaing, Paul Doumer, Coco Chanel, Blaise Pascal

 

Sources documentaires :
Histoires d’Auvergnats
de Christian Robert Éditions des Monts d’Auvergne

https://fr.wikipedia.org/wiki/L%27Auvergnat_de_Paris

 

 


Vins, bois, charbon, le Bougnat de Paris vers 1900

 

 

Le Prométhée qu’il faut pour les Auvergnats de Paris

Les Auvergnats de Paris ont l’ardent Prométhée qu’ils méritent en la personne de Louis Bonnet.

Ce journaliste connaît la puissance de la parole et des écrits pour apporter un soutien avant-gardiste à ses compatriotes (Soleil Mercure Saturne en Gémeaux, conjoint à Uranus/Taureau).

A la fois homme de terrain et harangueur de public, de la Terre à l’air, il sait avec réalisme se mettre à la portée de tout interlocuteur qu’il soit petit commerçant, politicien, paysan, grossiste, ouvrier, artisan… (Gémeaux et Taureau en X)…

Attaché à sa terre natale (Taureau), il est le porte-parole naturel des Auvergnats éloignés comme lui de leurs racines. Il en est le leader tout désigné (Asc. Lion) pour les défendre, les fédérer, pour qu’ils soient respectés, soutenus et plus forts.

Bel exemple de l’axe nomade Gémeaux-Sagittaire, quand il invente les trains Bonnet. Cet arrangement qu’il a l’idée de négocier avec les compagnies de chemins de fer est d’une étonnante modernité en ce début de 20e siècle.

En humaniste précurseur et intransigeant, il crée du révolutionnaire nécessaire pour la gent auvergnate. Son exemple est si fort et convaincant qu’il fait exemple partout en France pour les associations.

 

Honneur à cet oublié de l’histoire qui a donné un sacré coup de main aux Auvergnats de Paris !

 

 


(
Logiciel AUREAS AstroPC Paris)

 

Retrouvez l'acte sur les Archives Départementales Françaises en ligne

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