Martin CAYLA
Né le 23 juin 1889 à 8h du matin à Sansac-de-Marmiesse Cantal 15
Selon acte n°5 – AD15 en ligne – 5 MI 407/5 – 1833-1902 – vue 304/367
Décédé le 28 janvier 1951 à Paris 10e
J’ai pleuré en écoutant cette musique venue du ciel.
Cette cornemuse auvergnate mit le feu dans mon cœur et dans celui de mon frère Léon.
A Paris, garçon laitier la journée et joueur de cabrette le soir
« Le Soleil » brille à Paris
Populaire, habile à la cabrette et en affaires |
J’ai pleuré en écoutant cette musique venue du ciel.
Un Auvergnat qui monte à Paris à l’aube du 20e siècle, c’est banal !
Il a les bras vaillants, l’ambition de réussir et la volonté d’échapper à la pauvreté paysanne de sa montagne natale.
Un jour de septembre 1906 portant son baluchon préparé par sa mère, le jeune Martin âgé de 17 ans monte dans le train direction la capitale, en compagnie de deux amis Cantalous serveurs dans un café parisien. A l’arrivée à la gare d’Austerlitz, son oncle et son frère l’attendent.
Enfant de métayers au milieu d’une fratrie de 8 enfants, l’hiver il fréquentait l’école après une heure de marche dans la neige. Pendant l’été, loué dans une ferme dès 10 ans pour garder les vaches, il était payé 10 francs par mois.
Le travail reste rude et la nourriture frugale avec soupe et pommes de terre.
S’il se souvient d’avoir fait bombance avec tête de veau, macaronis, lapin et dragées…, c’était lors du mariage de la fille de son patron. Ce jour-là, il a eu le ventre plein mais surtout la tête émerveillée grâce à un cabretaire qui joue la bourrée avec des grelots aux chevilles pour marquer la mesure : J’ai pleuré en écoutant cette musique venue du ciel.
Quand Martin Cayla voit pour la première fois un joueur de cabrette, il a 9 ans. Le souvenir reste intact :
Cette cornemuse auvergnate mit le feu dans mon cœur et dans celui de mon frère Léon.
Ce frère, qui a mis quelques sous de côté, achète la cabrette qui finira remisée dans l’armoire car le travail passe avant l’amusement. C’est le père Cayla qui apprend à en jouer, mais refuse de la prêter.
Alors Martin l’emprunte pour s’exercer. Sac et soufflet manquent à la cabrette, mais Martin progresse en cachette. Bientôt, ce berger devenu cabretaire épate tant sa famille et les voisins qu’ils le voient devenir le plus fort de la région.
De cet instant, Martin décide d’en faire son métier.
Ignorant la musique, il compose bourrées, valses, marches nuptiales… et bientôt, il enchante veillées et fêtes de famille. Quand il joue tout le monde danse.
En effet, cabretaire hors pair, accordéoniste et chanteur, il deviendra le 1er éditeur de musique auvergnate sous la marque « Le Soleil ».
Leader sur le marché de cette musique, cet amoureux de la vie nocturne sera même propriétaire d’un bal musette et fera commerce d’instruments.
Par son travail d’éditeur, il sauvegarde une partie du patrimoine de la musique traditionnelle du Massif Central.
Chabretaire
A Paris, garçon laitier la journée et joueur de cabrette le soir
Martin a tout juste 14 ans quand il remporte le concours de joueurs de cabrette à Aurillac pour les fêtes du 14 juillet.
Les Auvergnats de Paris en visite au village lui vantent la vie parisienne et ses bals musette(*) qui font tant rêver le jeune berger cabretaire.
Sitôt débarqué à Paris, le jeune Auvergnat travaille pour un marchand de charbon puis un cafetier avant d’être garçon laitier. Bien renseigné par un allumeur de réverbère à gaz, il joue tous les soirs le temps d’une fête foraine place d’Italie. Chaque jour, il lui faut livrer 300 litres de lait, monter près de 400 étages, aider les garçons d’écurie, avant d’aller faire le cabretaire jusqu’à 10h du soir, sans jour de repos.
Puis, embauché dans le bal musette d’un Cantalou, il travaille la journée chez un ferrailleur. Avec ses deux salaires, il peut aider sa mère devenue veuve. Mais il veut aussi avoir son affaire à lui.
Selon le journal L’Auvergnat de Paris dirigé par Louis Bonnet, à cette époque la capitale compte 200 associations qui regroupent environ 400 000 Auvergnats.
Marié en 1917 à une serveuse d’origine aveyronnaise, il retrouve à la fin de la guerre son métier de cabretaire devenu aussi accordéoniste.
Dans ses mémoires, il explique :
Ce n’est pas de la grande musique que je joue, je ne sais pas trop lire les notes,
mais je me débrouille bien et ça passe avec le public.
(*) Ces bals doivent leur nom à cet instrument appelé en français la musette. Au milieu du 19e siècle, on disait un bal à la musette devenu ensuite bal musette. En patois, cet instrument se nomme la cabrette ou chabrette par son sac fait en peau de chèvre.
« Le Soleil » brille à Paris
Mariages, banquets d’associations auvergnates… aident à faire bouillir la marmite mais concurrencé par l’arrivée du jazz américain, il fait taxi le jour avec sa De Dion Bouton où des cabrettes sont peintes sur les portières.
Bientôt lui vient l’idée de vendre des instruments, des phonographes et d’enregistrer des disques.
Courageux et doué pour les affaires, il fait du porte-à-porte pour la réclame de ses disques et de sa marque d’édition « Le Soleil ».
En 1930, son catalogue compte plus de 200 disques qu’il vend dans sa boutique du quartier auvergnat de La Bastille.
Quelle vie bien remplie pour Martin Cayla devenu manager d’orchestres qui tournent sous son label !
Outre gérer son magasin devenu trop petit et transféré Faubourg Saint-Martin, il anime mariages, bals, banquets d’amicales, tournées, enregistrements…
En apothéose d’une carrière vouée à la musique de sa terre natale, Martin Cayla dirige 200 musiciens à la Nuit Arverne de 1938, C’est le plus grand bal de Paris devant 2 000 convives, en présence de l’ambassadeur de France Henri de Jouvenel et de son épouse l’écrivain Colette.
Après son décès en 1951, son magasin restera le temple parisien de la musique auvergnate jusque dans les années 1970 où il est transféré à Tulle en Corrèze où s’organise un centre de conservation du patrimoine accordéonistique.
Sources documentaires :
Histoires d’Auvergnats de Christian Robert Éditions des Monts d’Auvergne
Cabrette
Populaire, habile à la cabrette et en affaires
Pour le bien vivre et la popularité, rien de mieux que la cabrette et l’accordéon qui font entrer « le Soleil » dans les fêtes et les banquets.
C’est ce qu’a senti très tôt Martin Cayla doté d’une habileté Gémeaux, d’une imagination Cancer et d’une âme de leader par l’ascendant Lion.
Tout est en place pour faire de sa vie une récréation en musique tout en laissant germer mille et un projets propices aux affaires.
Habité par une envie de réussir sans cesse inassouvie, il est aussi habile pour s’adapter aux aléas de la vie que pour bouger ses doigts sur la cabrette ou l’accordéon et aussi marquer la mesure
(amas Cancer/Gémeaux).
Naturellement populaire et boosté par le devant de scène, il tient le public sous le charme et fait de tout rassemblement une chaleureuse « fête de famille ».
Cet indépendant novateur ose faire en premier ce qui ne s’est encore jamais fait et par le Cancer vivre la nuit sous l’éclairage de la Lune stimule son âme sensible de musicien.
Bravo à Martin Cayla qui a fait vibrer Paris avec la musique de sa terre natale !
(Logiciel AUREAS AstroPC Paris)
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