Ingénieur, géologue, ce touche-à-tout de génie investit son talent de scientifique dans de multiples domaines. On lui doit l’invention du 1er embrayage de l’histoire de l’automobile.

télécharger cet article

Raoul Perpère

Né le 13 octobre 1864 à 11 heures du matin à Toulouse Haute-Garonne 31
Selon acte n°2190 Archives Municipales de Toulouse

Décédé le 16 juin 1950 à Anglet  Pyrénées-Atlantiques 64

 

 

« Il était à lui seul le BRGM » (Bureau des Recherches Géologiques et Minières)

C’est ainsi que le Professeur Capdecome résume la personnalité de cet ingénieur des Mines au savoir encyclopédique et aux talents très éclectiques.

Aimant les chantiers de grande ampleur à l’enjeu difficile, ce grand scientifique travaille en France, Espagne, Italie, Russie où il exploite de nombreuses carrières et mines.

Dans les années 1910, il se fait constructeur automobile et fabrique des voitures qui portent son nom avant de devenir les voitures Perpère-Darracq, puis Talbot. Il forme sur le tas celui qui deviendra son contremaître un certain Chevrolet.

Raoul Perpère collabore notamment avec de Dion et met au point le premier embrayage de l’histoire de l’automobile. Il œuvre avec une telle énergie que le comte Albert de Dion écrira à son sujet, à Amédée Bollée :

“Raoul nous tuera tous, nous travaillons 17 heures par jour et depuis 9 mois nous n’avons pas eu une seule journée de repos”.

Travailleur infatigable, il s’active partout à la fois : aussi bien au milieu de la centaine de mécaniciens qu’il emploie que pour participer lui-même à de multiples courses automobiles pour qualifier ses voitures.

En ce début de 20e siècle, où il y a effervescence dans l’automobile, les plus grands constructeurs du moment viennent chez l’ingénieur Perpère puiser des idées originales. Il fait de l’ingénierie avant l’heure.

En 1927, on retrouve Perpère à la direction d’un gigantesque chantier pour aménager près de Tarascon-sur-Ariège, six grottes dont Lombrives. Celle-ci - la plus vaste d’Europe - exige des travaux considérables notamment pour installer une passerelle métallique en surplomb d’un gouffre d’une centaine de mètres. Malgré les deux ans de travaux d’une vingtaine de personnes, le résultat n’est pas à la hauteur des espérances de Raoul Perpère en raison de problèmes d’éclairage sur près de 5km de ligne souterraine.


Grottes de Lombrives

 

D’une passion à l’autre et d’un enjeu à l’autre,  il s’adonne à tous les chantiers que la vie lui propose

Comme cet ingénieur s’intéresse, par nature, à tout ce qui est lié aux déplacements et aux voyages, nous le retrouvons constructeur de ponts, de voies ferrées, de routes et participant à l’aménagement de villes (Toulouse, Paris, Bayonne et Bordeaux), sans oublier l’aviation (aéroport de Bayonne). Il travaille, un temps, avec Pierre Latécoère à Toulouse pour la construction d’avions.

Et on dit, que d’Amérique, il a ramené des techniques de construction d’immeubles de grande hauteur.

Il est un temps horticulteur, paysagiste dessinant des jardins publics. Il se montre aussi habile homme d’affaires dans l’import-export avec l’Afrique du Nord d’où il importe des vins et y exporte des voitures. Il est actionnaire de sociétés telle la Compagnie du Midi pour les chemins de fer.

Il s’occupe, un temps, d’assécher des marais dans le sud des Landes.

Assureur, puis commerçant, il crée plusieurs garages, dans les Pyrénées, pour la réparation automobile. On le retrouve, constructeur d’autocars et organisateur des premiers circuits touristiques en Pays Basque et Côte d’Azur.

Il possède des pêcheries et même paraît-il, le plus grand troupeau de moutons de France pendant la dernière guerre.

A la fin du second conflit mondial, il renfloue maints navires échoués le long des côtes d’Aquitaine pour en récupérer la ferraille. Il fait de même avec les carcasses de camions de l’armée républicaine espagnole entreposés sur ses terrains d’Anglet.

Mélomane et lettré, il s’intéresse aux écrivains et musiciens. C’est ainsi que l’orchestre du Capitole joue pour lui et ses invités, dont le Roi d’Espagne Alphonse XIII, la Damnation de Faust dans la salle de la Cathédrale souterraine de Lombrives.

 

Il est aussi, brillant conférencier, homme du monde, dandy séducteur…

Au titre de ses immenses connaissances scientifiques, jusqu’à la fin de sa vie, il fait de nombreuses conférences dans des universités, sur la géologie, la minéralogie et la préhistoire.

Il sait se montrer très homme du monde et impose le respect de tous par l’élégance de son discours, le raffinement de ses habits et ses fréquentations. Ses réceptions dans son château sont fastueuses.

Grand voyageur et parlant plusieurs langues, il fréquente les hôtels et restaurants les plus en vue tandis qu’il a ses entrées à la cour de Russie et d’Espagne.

Sa vie sentimentale est à l’image de ses innombrables activités. C’est ainsi qu’il multiplie les jeunes conquêtes féminines lors de ses séjours dans sa villa d’Arcachon ou au Vésinet. Cela lui vaut quelques difficultés avec les maris trompés ou sa propre famille…

Toutefois, quand il œuvre sur un projet, il se montre plutôt un solitaire appliqué et persévérant.

 

Ce scientifique, lié d’amitié avec les grands de ce monde, demeure pourtant un modeste…

Cet homme brillant, attiré par mille et une choses conserve toute sa vie la passion de la géologie. En revanche, parmi ses autres passions, aucune ne dure très longtemps, car sitôt l’objectif atteint il met un gérant en place et se lance dans un autre défi de préférence difficile et de grande ampleur.

Ainsi par exemple, le toulousain Pierre Ducis évoque devant Raoul Perpère son château de Cassalardit qui a la fâcheuse tendance, au fil des ans, de pencher de plus en plus vers la Garonne. Perpère ne dit rien mais observe longuement avant de disparaître de Toulouse pendant près de 2 ans. Puis un jour, arrivent en gare de Matabiau, 7 wagons de poutrelles, fers et vérins pour que cet « homme-à-tout-faire » avec de nombreux ouvriers se mettent à redresser le château pour le sauver ! On apprend par la suite qu’il s’était rendu auprès de Gustave Eiffel pour étudier la résistance des matériaux.

Aujourd’hui, quasiment oublié, ce scientifique s’est pourtant lié d’amitié avec les notables les plus en vue de son époque : Gustave Eiffel, Henri Deutsch de la Meurthe, le marquis de Dion, Latécoère, Jean Mermoz, Henri Guillaumet, Edmond Rostand, Claude Debussy… 

Son fils Pierre, élève de Joliot-Curie, fut un des responsables de l’Euratom jusqu’à sa mort.

Son arrière petite fille est conservateur de LOMBRIVES, la plus vaste grotte d’Europe.

Sachant qu’on ignore tout des 48 premières années de sa vie !!

Voici un bref aperçu de la vie de cet ingénieur touche-à-tout de génie, à la fois scientifique, organisateur, inventeur d’avant-garde, homme du monde, séducteur, qui a su vivre en grand seigneur respecté de tous, mais en restant réaliste et modeste, car d’après lui, le succès obtenu dépend de l’équipe constituée.

 

Source documentaire : http://www.grotte-lombrives.fr/BDC_Histoire/Raoul_Perpere.html

 


(
Logiciel AUREAS AstroPC Paris)


Retrouvez l'acte sur les Archives Départementales Françaises en ligne

haut de page