André GILL
Né Louis Alexandre GOSSET de GUINES le 17 octobre 1840 à 7h à Paris
Source : Didier Geslain
Décédé le 1er mai 1885 à 3h du matin à Saint-Maurice Val-de-Marne 94
Selon AD94 en ligne acte n°101 – vue 207/464
André Gill par Nadar
« Gill, à soi seul, est toute une époque, comme Hugo tout un siècle. »
Ses caricatures racontent la société de son temps
Son enseigne Le Lapin agile, illustre encore Montmartre
Caricature et met en scène l’actualité avec génie et humour |
« Gill, à soi seul, est toute une époque, comme Hugo tout un siècle. »
Ainsi le décrit Courteline.
Fort comme un grand coq droit perché
Sur ses larges ergots de pierre,
Moustache noire en croc, paupière
Où l'œil ne s'est jamais caché
Front que l'on voudrait empanaché
De quelques feutres à plume fière
Crayon d'or comme une rapière
Au point rudement accroché.
C’est par ces vers que le poète Jules Jouy décrit André Gill.
Fils naturel du comte de Guines et de Silvie-Adelinne Gosset, couturière, ses amis le surnomment « le beau Geille » ainsi qu’il prononce son nom.
Il a 19 ans quand il publie ses premiers dessins dans le Journal amusant puis le Hanneton, ainsi que dans nombre de journaux satiriques comme le Charivari, La Lune… Son remarquable talent de caricaturiste lui donne une notoriété qui lui permet de vivre de son art.
Ses caricatures racontent la société de son temps
Sous le régime impérial de Napoléon III ainsi que sous Adolphe Thiers et sa répression sanglante de la Commune (mai 1871), André Gill traduit par le crayon les faits choquants de la société française de son époque : ouvriers, artisans, paysans et gueux du pays revendiquent jusqu’à la violence pour sortir de la misère tandis qu’une poignée de riches continuent à prospérer.
Il a 30 ans quand s’écroule le Second Empire suivi d’une révolte populaire. Il traverse cette période avec son tempérament d’artiste. Inscrit dans la Garde Nationale, on le retrouve aide-pharmacien de son bataillon, puis la commission des artistes de la Commune le nomme administrateur du musée du Luxembourg le 15 mai 1871. Mais la défaite sanglante de la Commune, avec ses 20.000 tués signe la fin d’un rêve pour André Gill et ses camarades qui ont échappé au massacre. Un temps, il se fait oublier, puis par la suite, la caricature politique passe quelque peu de mode.
Il est rédacteur en chef à La Lune Rousse de 1876 à 1879.
Il fait partie du Cercle des poètes Zutiques en compagnie de son ami et disciple Emile Cohl qui organisera une souscription quand Gill sera interné à l’Asile psychiatrique de Charenton en 1883.
Ses caricatures de notables de son temps demeurent célèbres tels que Léon Gambetta, Victor Hugo, Richard Wagner, Alexandre Dumas père, Georges Bizet, Charles Dickens, Jules Verne, Victor Schoelcher, Adolphe Thiers…
Puissant contrepoint satirique de l’actualité, ses caricatures lui valent des procès qui vont favoriser sa notoriété d’artiste.
Reproduction de l’enseigne réalisé par André Gill « Le Lapin à Gill »
Napoléon III caricaturé par André Gill
sous les traits du héros de roman Rocambole créé par Pierre Ponson du Terrail
Son enseigne Le Lapin agile, illustre encore Montmartre
On le retrouve également chansonnier à Montmartre, où il fréquente le Cabaret des Assassins – ainsi nommé car ce lieu est décoré de tableaux d’assassins célèbres-. Sollicité pour faire l’enseigne de ce bistrot, où l’on sert dit-on du lapin en gibelotte, Gill peint ce qui deviendra une célébrité pour des générations de clients montmartrois :
Un fringant lapin portant casquette et nœud papillon,
avec une bouteille en bout de patte, bondit d’une casserole en cuivre.
Ainsi, un soir de 1875, André Gill offre à l’aubergiste cette fameuse enseigne, histoire aussi d’effacer son ardoise.
L’original de l’enseigne est conservé au musée de Montmartre.
Ce cabaret est nommé Lapin Agile. Cela fait vivre aussi le jeu de mots : Là peint A. Gill qu’un client avait écrit sur les murs du bistrot.
André Gill finit sa vie à 45 ans, interné dans l’hôpital psychiatrique de Charenton à Saint-Maurice (Val-de-Marne).
Triste fin pour celui qui avait écrit : « On ne songe qu’à créer des maisons de fous, quand ouvrira-t-on des maisons pour imbéciles.
Il est inhumé au cimetière du Père-Lachaise.
Léon Gambetta par André Gill
Sources documentaires :
http://www.appl-lachaise.net/appl/article.php3?id_article=795
http://www.encres-vagabondes.com/memoire/gill.htm
Métronome 2 – Paris intime au fil de ses rues par Lorànt Deutsch – éditions de Noyelle
Wikipédia
Caricature et met en scène l’actualité avec génie et humour
Exprimer avec ampleur par l’art et l’humour les travers de son époque, correspond au tempérament d’André Gill.
Sa nature le porte à une jouissance des plaisirs de son temps pour la fête, l’ambiance conviviale mais toujours avec l’œil curieux et scrutateur qui repère d’emblée l’essentiel d’un instant.
Imaginatif et intuitif, il sait mettre en scène toute une situation par la seule magie de son crayon de caricaturiste.
Fabuleusement doué, il a le génie de l’artiste d’avant-garde qui s’imprègne de son époque tout en préférant le bonheur et le bien-vivre.
Les tribulations de son temps ont dû faire souffrir grandement cet artiste qui n’aspire qu’à profiter d’une vie réjouissante et traduire par le dessin original, drôle et cinglant le monde qui l’entoure.
(Logiciel AUREAS AstroPC Paris)
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