Georges Thadée BOUTON
Né le 22 novembre 1847 à Paris selon acte reconstitué sans heure
source : Archives de Paris en ligne
Décédé le 31 octobre 1938
Le comte Albert de Dion et Georges Bouton
« Le Petit Père Bouton » : éminence grise du bouillant et fringant comte de Dion
Ce cliché qui fait songer à Laurel et Hardy, célèbre duo d’Anglais amuseur du public, nous montre le Comte Albert de Dion et Georges Bouton qui ont, eux aussi, attaché leurs noms pour la postérité. Ensemble, ils écrivent les premières pages de la fabuleuse histoire de l’automobile.
L’un, audacieux entrepreneur et l’autre, génial bricoleur, par leurs talents associés, font naître la marque de Dion-Bouton qui est un temps le plus grand fabricant au monde d’automobiles et après 14-18 le principal fabricant français d’autorails.
Autant l’aristocrate se montre doué pour le relationnel et la scène publique, autant le technicien Bouton est fait pour œuvrer discrètement et avec génie, dans l’ombre des ateliers de mécanique. Du haut des ses un mètre cinquante cinq, il est surnommé « Le Petit Père Bouton » par son grand mentor De Dion.
L’un porte particules et nom à rallonge grâce à son ascendance riche et noble. Il est campé d’un physique de colosse, et se fait volontiers désinvolte, provocateur mais passionné de mécanique et résolument tourné vers l’avenir. L’autre est un petit monsieur habile et ingénieux au caractère modeste et réservé. Il est le partenaire idéal du comte de Dion qui rêve de construire des voitures comme Amédée Bollée mais plus légères et moins chères.
Ils sont bientôt rejoints par le beau-frère de Georges Bouton, Armand Trépardoux, ingénieur des Arts et Métiers, spécialiste des chaudières à vaporisation instantanée. Toutefois, ce dernier, tombé en désaccord avec De Dion, quitte l’entreprise en 1893.
Bouton et De Dion associés pendant près d’un demi-siècle pour le meilleur de l’automobile naissante
Né d’une ascendance d’artistes peintres et photographes, Georges s’oriente tout différemment puisqu’après de brèves études au collège de Honfleur, il entre très jeune en apprentissage chez Dubourg, forgeron, serrurier, mécanicien de la marine. Ensuite, il complète sa formation au Havre puis à Paris dans une chaudronnerie de Saint-Denis.
A l’âge de 35 ans, une curieuse rencontre met en route sa destinée.
En effet, c’est une locomotive à vapeur miniature qui fait se rencontrer, en 1882, un dandy parisien fortuné le Comte De Dion et l’ingénieux Georges Bouton fabricant de maquettes, constructions mécaniques et jouets scientifiques.
Dès l’année suivante, en 1883, les nouveaux « Etablissements de Dion Bouton et Trépardoux » proposent un premier quadricycle à vapeur suivi de nouveaux modèles jusqu’à la première voiture quatre places. Sortie en 1884, cette automobile à vapeur file à la vitesse ahurissante de… 60 km/h.
La firme qui a besoin d’espace, s’installe à Puteaux en 1883.
C’est sur un quadricycles à vapeur de 1884 que Georges Bouton en personne participe à la 1ère « épreuve » organisée par le journal Le Vélocipède entre le pont de Neuilly et le bois de Boulogne. Cela se passe le 28 avril 1887 et l’intrépide pilote finit en vainqueur… il faut dire qu’il est le seul engagé et sa machine a accompli le périple sans incident !
De Dion habile commercial mais aussi grand financier de l’entreprise, a bien fait les choses dans son contrat avec Bouton et Trépardoux. Dur en affaires, il ne consent que 20% des bénéfices à ses associés, qui doivent pourtant consacrer l’exclusivité de leur temps aux affaires de la société.
Homme de coulisses, Georges Bouton reçoit cependant le ruban rouge de la Légion d’Honneur remise au Président d’une Société grâce à qui, en 1900, la France s’honore d’être une grande puissance industrielle de l’automobile.
Ainsi, l’humble et effacé Bouton voit son génie inventif honoré publiquement à la face d’un De Dion, alors en délicatesse avec le pouvoir politique pour ses prises de position tonitruantes et provocatrices.
De Dion-Bouton : deux noms synonymes d’innovations audacieuses jusqu’aux années 1930
Bouton et De Dion, au tournant du 20e siècle, fabriquent 4 000 véhicules et plus de 80 000 moteurs. Pragmatiques et astucieux, sachant diversifier et innover sans cesse, ils sont la référence du moment.
On ne dénombre pas moins de deux cents constructeurs dont Renault, Delage, Latil et Terrot qui se fournissent chez De Dion-Bouton avant de concevoir eux-mêmes leurs mécaniques.
En 1907, la firme De Dion-Bouton lance deux de ses véhicules dans un raid inédit de 16 000 kilomètres de Paris à Pékin, bien avant la « Croisière Jaune » de Citroën qui aura lieu quinze ans plus tard.
Qu’il s’agisse de diversifier, innover, oser l’aventure, De Dion avec Bouton demeurent longtemps les maîtres incontestés. Et tous les grands de ce monde viennent, chez eux, prendre livraison de leur prestigieuse machine : les rois de Belgique, du Portugal, d’Espagne, Thomas Edison, Santos-Dumont…
Outre les belles voitures réservées à l’élite fortunée, ils savent produire des engins nouveaux, utiles pour le citadin, le voyageur, le paysan : autobus, arroseuses municipales, camions poubelles, tracteurs agricoles, camions de pompiers, et du matériel ferroviaire dont les autorails.
Dans les années 1910, le moteur V8 de 35 chevaux De Dion-Bouton, ayant séduit les Américains, est mis sous le capot des « belles américaines » pendant près d’un demi-siècle !
Avec la Grande Guerre la production se tourne vers le domaine militaire.
Bien avant Michelin, cartes routières et guides touristiques naissent de l’imagination novatrice de la firme De Dion-Bouton.
Toutefois, ni le marquis De Dion trop dirigiste, ni l’inventif Bouton, trop conciliant ne parviendront à passer le relais à des successeurs de leur trempe. Ainsi, l’immense entreprise De Dion-Bouton succombe lors de la crise des années 1930.
Georges Bouton décède en 1938 à l’âge de 91 ans.
Source documentaire : http://ludovicsoragna.free.fr/page37.html
(Logiciel AUREAS AstroPC Paris)
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