Génial constructeur et pilote des débuts de l’aviation, une terrible infortune l’en éloigne et,
dès lors, cet ingénieur-mécanicien d’avant-garde devient motoriste…

 

Emile TRAIN
(né Louis Emile TRAIN)

né le  22 octobre 1877 à 17 heures (cinq heures du soir)
à Saint-Etienne Loire 42
selon acte n°3165

décédé le 10 octobre 1939 à 7h du matin à Villemomble 93 Seine-Saint-Denis
selon acte n°198 obtenu grâce un internaute dont j'ignore l'identité.

 

 

A l’exemple de son père, cet habile et ingénieux mécanicien
 conçoit à 25 ans son premier moteur de moto

Son père, habile et inventif mécanicien, ouvrier de la Manufacture d’Armes de Saint-Etienne, ouvre une boutique où sont sagement présentées bicyclettes et machines à coudre. Mais c’est dans l’atelier de réparations que le jeune Emile nourrit déjà sa passion et son génie de la mécanique, au milieu d’une multitude de pignons, chaînons, tubes et engrenages divers.

Après de solides études à l’école Professionnelle, Emile monte à Paris où il travaille pour des constructeurs de cycles. Puis il est embauché  à la prestigieuse usine De Dion-Bouton pour fabriquer motos et automobiles. Mécanicien doué et travailleur acharné, il s’installe en 1902 à Courbevoie et y conçoit son premier moteur de moto. Il se fait des économies en fabriquant des appareils à sous.

 

Puis fasciné par l’aviation naissante, il construit son avion et
obtient le 167e brevet de pilote

Mais dans ces temps où l’on parle de plus en plus de machines volantes, il s’oriente en 1909 vers une autre passion : l’aviation. Après seulement quelques mois d’études et de recherches, il construit son avion « 1 » et pour cela adopte la formule monoplan, avec un centre de gravité bas qu’il conserve sur ses modèles suivants.


L’avion « 1 » de Train

Il est si doué que ses progrès sont rapides et obtient son brevet de pilote le 9 août 1910 sous le n° 167 et aux commandes d’une de ses machines.

Il crée son atelier de construction à Bouy près de Châlons-sur-Marne et réussit plusieurs vols qui le placent d’emblée parmi les meilleurs de ces chevaliers intrépides lancés à la conquête du ciel. En effet, il teste lui-même les avions sortis de ses ateliers et à chaque fois, c’est un nouveau record :

- le 19 septembre 1910, il vole pendant 1h30 à 200 m d’altitude

- le 16 octobre à 400 m d’altitude malgré de fortes rafales de vent

- le 6 novembre, presque 2 h de vol à 600 m

- en janvier 1911, au meeting d’Hyères, il grimpe à 800 m

- en mai, fait un vol à 1 000 m d’altitude et à 100 km/h

 

Dès lors, il peut prétendre participer aux courses les plus importantes de l’époque.

 

Au départ de la course Paris-Madrid, son avion heurte et tue le ministre de la guerre Berteaux

C’est ainsi que le dimanche 21 mai 1911, à cinq heures du matin, se pressent des centaines de milliers de parisiens venus assister au départ de la course Paris-Madrid organisée par le Petit Parisien. La foule vient applaudir Jules Védrines et surtout Roland Garros, la gloire du moment. Est également présent le Préfet de police Louis Lépine.

Dotée d’un prix de 100 000 francs, cette course de 1 200 km est, pour l’époque, une aventure surhumaine tant par la longueur du parcours que les multiples difficultés imposées aux concurrents surtout en territoire espagnol. Cette course sera remportée par Jules Védrines finalement seul en lice.

C’est le moment des envols pour les huit concurrents, et Train décolle à six heures et demie. Il y a là le ministre de la Guerre, Maurice Berteaux assisté du président du Conseil  Ernest Monis, pour présider le départ de la course.

Emile Train en difficulté avec le moteur de son monoplan décide de revenir se poser sur la piste à l’instant précis où un peloton de cuirassiers la traverse pour refouler des spectateurs. Afin d’éviter les cavaliers, le pilote s’efforce de redresser l’appareil mais en vain. Il fait l’impossible pour prolonger son vol, quand l’avion cabré s’abat lourdement fauchant un groupe d’officiels. Le ministre de la Guerre Berteaux (*), atteint à la tête et un bras sectionné, meurt sur le coup tandis que les autres, dont Henry Deutsch de la Meurthe célèbre mécène de l’aviation, souffrent de diverses blessures.
Le malheureux pilote saute de son avion en levant les bras de désespoir.

Ce drame qui endeuille la France fait, bien entendu, la Une des journaux.

(*) La veuve du ministre indique par la suite un fait étonnant qu’il lui a confié lors de leurs fiançailles : alors qu’il est étudiant, une cartomancienne lui prédit qu’il deviendra riche et mourra « assez tard, comme chef d’armée, écrasé par un char volant ! »

 

Mis hors de cause, et malgré des commandes encourageantes,
Train perd le goût du pilotage

Le malheureux pilote est cependant, mis hors de cause. L’enquête dégage la responsabilité d’Emile Train. On reconnaît son adresse et les qualités de son monoplan, conçu entièrement avec des tubes d’acier, à l’exception de l’hélice, des patins  et des nervures d’ailes. Cet engin a fait des essais remarqués au printemps 1910 et les observateurs, surtout les militaires, apprécient sa stabilité et l’excellente tenue au vent de cet appareil, offrant au pilote une bonne visibilité tous azimuts et capable de voler à 95 km/h. En outre, les ailes sont aisément démontées et remontées en dix minutes.

L’armée séduite par cet appareil, testé en mars et avril 1911, lui en commande quinze exemplaires pour la guerre et les colonies. Malgré ces encouragements, Emile Train perd le goût du pilotage même s’il participe encore brillamment aux meetings aériens de Champirol près de sa ville natale et à Bouthéon.

Ainsi, le 16 août 1911, il remporte le prix offert à l’aviateur qui, le premier, survolerait l’hôtel-de-ville de Saint Etienne. Comme un hommage d’adieu à l’aviation !

Train qui réalise encore un appareil l’avion « 3 », à l’habitacle fermé, s’associe à la société Astra. Il crée un hydravion en 1912 puis cède son entreprise à Astra.

   

 

Emile Train utilise alors son génie de la mécanique à fabriquer des moteurs puis des motos…

Ensuite, il occupe un poste d’ingénieur chez Nieuport-Astra et revient à la moto en 1914 en devenant propriétaire de la firme Lurquin-Coudert.

D’abord spécialisé dans la production de moteurs de faible puissance, il passe à la gamme supérieure en 1924 et propose des moteurs de 98 à 995 cm3, mono ou bicylindres en « V » refroidis par air ou par eau, et destinés aux motos, aux canots automobiles ou à l’industrie.

A partir de 1927, il produit ses premières motos complètes, dont la gamme s’étend de 125 à 345 cm3. Leur technologie, très évoluée pour l’époque, étonne encore aujourd’hui.
Il construit également des moteurs pour l’aéronautique.

Emile Train, en mécanicien inventif et d’avant-garde demeure très actif jusqu’à son décès en octobre 1939. Dès lors, la marque « Train » disparaît.

 

 

Emile TRAIN


(
Logiciel AUREAS AstroPC Paris)

 

En astrologie, d'où vient le goût de voler ? Pour en savoir plus :
https://www.janinetissot.com/2019/11/12/les-pionniers-de-laviation/

 


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