Germaine TAILLEFERRE
Née Marcelle Germaine TAILLEFESSE

le 19 avril 1892 à 13h à Saint-Maur-des-Fossés Val-de-Marne 94
Selon acte n° 132 – AD94 en ligne – 1 MI 2248 – vue 266/717

 Décédée le 7 novembre 1983 à 11h30 à Paris 13^e
Selon acte n°2670 – Archives de Paris en ligne – 13D 510 – vue 8/31

Germaine Tailleferre en 1937 par le Studio Harcourt

Délicieuse musicienne… de la musique qui sent bon… fraîche, exquise…

Ainsi parle Darius Milhaud à propos des compositions de son amie Germaine Tailleferre alors âgée de 31 ans.

De son côté, Jean Cocteau dit qu’elle est une Marie Laurencin pour l’oreille.

Quant à Erik Satie, il la considère comme sa « fille musicale ».

Issue d’un mariage arrangé entre deux familles Taillefesse, Germaine est initiée au piano dès ses 2 ans et compose des œuvres courtes dès 5 ans.

Dans la petite bourgeoisie, il est de bon ton qu’une femme ait un loisir artistique, mais en faire carrière est inimaginable !

Quant à suivre des cours, la consigne paternelle est ferme :

« Pour ma fille, faire le Conservatoire ou le trottoir Saint-Michel, c’est la même chose. Jamais je ne donnerai mon autorisation ».

Qu’importe, c’est en cachette qu’à l’âge de 12 ans elle fréquente le Conservatoire de Paris pour le piano et le solfège. Quand Germaine ramène une 1^ère médaille deux ans plus tard, son père se voit contraint de l’autoriser à poursuivre ses études mais sans financement.

Dès lors, elle commence à donner des leçons pour vivre.

Le Groupe des Six – Germaine Tailleferre en bas à gauche.
Peinture de Jacques-Émile Blanche

Parmi ses amis, de grands noms de la musique, de la littérature, de la peinture…

Germaine Tailleferre fréquente les milieux artistiques de Montmartre et Montparnasse où elle rencontre notamment Guillaume Apollinaire, Marie Laurencin, Paul Fort…

C’est au Conservatoire qu’elle se lie d’amitié avec Darius Milhaud, Georges Auric, Arthur Honegger, puis plus tard, Louis Durey et Francis Poulenc, ces doués de la musique formeront le « groupe des Six » entre 1916 et 1923.

Par la suite Picasso et Modigliani rejoindront le groupe.

Ces compositeurs influencés par les idées d’Érik Satie et de Jean Cocteau seront réunis toute leur vie par l’amitié au nom de la musique néoclassique même si leurs créations de groupe sont peu nombreuses.

Proche de Maurice Ravel, Germaine Tailleferre bénéficie de ses conseils en écriture et orchestration.

Dans la ferveur parisienne, les plus grands interprètes jouent ses œuvres dont le ballet néo-classique Le Marchand d’oiseaux sorti en 1923...

Entre 1909 et 1980, elle signera :

- plus de 140 œuvres pour instruments, voix, orchestre, opéra, musique de scène, radio et télévision…

sans compter 31 films entre 1933 et 1975.

Plaque apposée au n° 87 de la rue d'Assas, Paris 6^e

Deux unions ratées mais une infatigable créativité

En 1926, elle file aux États-Unis épouser le caricaturiste américain Ralph Barton, vite jaloux du succès de son épouse qui s’apprête à composer pour Charlie Chaplin.

Malgré tracas conjugaux et malchance, Germaine ne cesse de composer.

Revenu à Paris en 1927, année où Paul Claudel passe commande d’une musique, le couple se sépare en 1929.

A cette époque, les chansons françaises qu’elle compose font référence à la condition féminine des siècles passés.

En 1931, son principal projet l’opéra-comique Zoulaina ne sera jamais monté mais il en reste la fameuse Ouverture qui sera l’une des œuvres les plus jouées de Germaine Tailleferre.

C’est à 39 ans qu’elle donne naissance à son unique enfant Françoise née de sa liaison avec Jean Lageat, juriste qu’elle épouse l’année suivante. Là encore, cette union devient obstacle à sa carrière de compositrice. Pourtant, le divorce n’interviendra qu’en 1956.

Malgré les aléas de sa vie, Germaine Tailleferre continue de créer des musiques pour violon, piano, saxophone… et se lance dans une série de musiques de films jusque dans les années 1960.

Composition et leçons de piano jusqu’à 89 ans

Lors de l’Occupation allemande en 1940, Germaine et sa fille gagnent Philadelphie via l’Espagne et le Portugal. Ses créations sont alors réduites car elle s’occupe surtout de sa fille.

Début 1942, Tailleferre écrit Trois études pour piano et orchestre dédiées à Marguerite Long.

Gagner de quoi vivre restera un souci pour cette compositrice qui passera du temps à donner des leçons de piano et aussi à composer pour tous les styles et toutes les formations.

Ce qu’elle fera jusqu’à près de 90 ans.

Sa dernière œuvre importante est écrite en 1981 pour honorer une commande du Ministère de la Culture.

Je n'ai pas grand-respect pour la tradition.

Je fais de la musique parce que ça m'amuse, ce n'est pas de la grande musique je le sais.

C'est de la musique gaie, légère, qui fait que, quelquefois,

on me compare aux petits maîtres du XVIII^e siècle, ce dont je suis très fière.

Retrouvez Germaine Tailleferre :  Bloc-notes : Germaine Tailleferre - YouTube

Je fais de la musique parce que ça m'amuse…

Créatrice enthousiaste, habitée par le feu de la création !

 Dommage que son époque ait méprisé à ce point le talent des femmes !

Quelles œuvres aurions-nous si elle était née homme à talent égal ?

 À moins que ses déboires n’aient au contraire, stimulé sa créativité enthousiaste ?

 Son âme juvénile, curieuse et pleine d’idées, s’accorde bien à son talent de bâtisseuse infatigable habile à mettre en scène et en lumière la musique en tous genres.

 Rigueur, minutie, persévérance, accompagnent sa créativité toujours en quête de récréations.

 Comme elle le dit elle-même… je fais de la musique parce que ça m’amuse…

 (Soleil-Bélier en IX trigone à Asc.Lion ; amas en Gémeaux en X ; Mars-Lune/Capricorne en V trigone MC ; Saturne en Vierge en II trigone à Mars-Lune)

Honneur à Germaine Tailleferre qui a laissé une musique fraîche, exquise… !

Merci à Patrice pour cette belle découverte.

(Logiciel AUREAS AstroPC Paris)

Retrouvez l'acte sur les Archives Départementales Françaises en ligne