Une femme du 19e siècle, en avance sur son temps, romancière, journaliste, militante féministe entre socialisme et anarchie, engagée dans les enjeux politiques de son époque, elle est membre de la 1ère Internationale.

télécharger cet article

 

André Léo
Victoire Léodile BERA dite…

née le 18 août 1824 à 21h à Lusignan Vienne 86
Selon acte n°50 AD86 en ligne – naissances – 9E 168/7 – vue 31

Décédée le 20 mai 1900 à Paris

 

 

Issue d’un milieu bourgeois cultivé, héritier de valeurs républicaines.

Son grand-père est un révolutionnaire fondateur en 1791 de la Société des amis de la constitution appelé Club des Jacobins, un creuset où sont élaborés les grands évènements de la Révolution.

Son père, après avoir été officier de marine, est notaire lors de la naissance de sa fille Léodile et deviendra ensuite juge de paix.

Léodile est fiancée au journaliste Grégoire Champseix, partisan d’un socialisme républicain, et rédacteur de La Revue sociale. Après le coup d’Etat de Napoléon III du 2 décembre 1851, elle part le rejoindre en Suisse où ils se marient et s’installent. De leur union, naîtront des jumeaux en juin 1853. Mais dix ans plus tard Léodile devient veuve.

Sa plume de romancière lui apporte une notoriété dans le monde des lettres, par plusieurs ouvrages dont le premier roman « Une vieille fille ». Sous le pseudonyme d’André Léo, inspiré des prénoms de ses deux fils jumeaux, elle gagne sa vie comme romancière et journaliste, une situation rarissime et hors normes pour une femme en ce milieu du 19e siècle.

 


André Léo avec son mari et ses enfants en 1856

 

Journaliste, communarde, démocrate aux idées révolutionnaires

Sensibilisée à la condition ouvrière, elle publie en 1867 des reportages dans la revue La Coopération. De retour à Paris, en 1860, elle milite avec les républicains dont les féministes, Paule Minck et Louise Michel.

Elle se lie avec la famille Reclus, Elie, Elisée et Noémie. Chez celle-ci, elle fonde en 1869, la Société (mixte) de revendication des droits de la femme.

Femme de lettres, journaliste à l’âme républicaine, elle participe à la Commune de Paris (1871) et fonde le journal La République des travailleurs.

Membre du Comité des citoyennes du 17e arrondissement, elle collabore à l’Union des femmes pour la défense de Paris et les soins aux blessés où l’on retrouve aussi Herminie Cadolle, la créatrice du soutien-gorge.

Ardente militante, elle demande cependant le respect sans condition de la démocratie dans les débats de la Commune, quand celle-ci décide de supprimer les journaux d’opposition, elle déclare : Si nous agissons comme nos adversaires, comment le monde choisira-t-il entre eux et nous ?

Parvenue à échapper à la répression de la Semaine sanglante (21 au 28 mai 1871), elle s’exile en Suisse. Là, en 1872, elle devient la compagne du militant socialiste Benoît Malon. Mais elle rompt en 1878 et s’installe en Italie.

En 1871, elle publie à Neuchâtel, La Guerre sociale, où elle raconte l’histoire de la Commune.

Elle adhère à L’Alliance internationale de la démocratie socialiste fondée par Bakounine. Elle collabore au journal La Révolution Sociale, dans lequel, anarchiste, elle adresse de violentes critiques contre Karl Marx, jugé autoritaire et s’inquiète de l’influence grandissante qu’il exerce dans l’Association internationale des travailleurs (Première Internationale), dont elle est adhérente.

Elle contribue à publier la revue Le Socialisme Progressif.

Lors de ses voyages en Europe, elle étudie la condition féminine de son temps.

 

Longtemps méconnue des historiens, elle laisse une œuvre écrite considérable.

Revenue en France après l’amnistie de 1880, elle collabore épisodiquement à la presse socialiste. Sa dernière œuvre publiée en 1899, Coupons le câble, plaide avec six ans d’avance pour la séparation entre l’Eglise et l’Etat qui se fera par la loi du 9 décembre 1905.

Cette femme de lettres, journaliste, militante politique, laisse une œuvre considérable, romans, essais, contes, articles et textes dont les idées gardent toute leur actualité.

Décédée en 1900, elle lègue, par testament une petite rente à la première commune de France qui tentera une expérience collectiviste.

Voici un bref hommage à cette combattante et conquérante, portée sur le débat d’idées inspiré d’un humanisme d’avant-garde et au service des petites gens. Douée pour l’analyse lucide, fine et intuitive des situations, elle a aussi l’art d’en faire une synthèse immédiate, clairvoyante et pertinente.

On peut dire qu’il s’agit d’une femme à l’esprit viril, déterminé, éprise de liberté, née pour le combat stratégique au nom du service à  l’humain et dans ce qui est bon pour son devenir.

 


(
Logiciel AUREAS AstroPC Paris)

 


Retrouvez l'acte sur les Archives Départementales Françaises en ligne

haut de page