Elisée RECLUS
(Né Jacques Elisée RECLUS)
Né le 15 mars 1830 à 16h30 à Sainte-Foy-la –Grande 33 Gironde
Décédé le 4 juillet 1905 à Torhout Belgique
Militant et penseur de l’anarchisme(*), il est aussi un éminent géographe
et un écrivain prolifique dans tous ses thèmes d’études.
(*) L’anarchisme a pour but de développer une société sans domination,
où les individus coopèrent librement dans une dynamique d’autogestion.
Renonçant aux études théologiques, pour devenir un ardent militant anarchiste
Il est le 4e des 17 enfants de la famille d’un pasteur calviniste.
Il est élevé un temps par ses grands-parents.
En 1843, son père, qui désire lui voir prendre une charge de pasteur, l’envoie étudier dans un collège en Prusse à Neuwied, sur les bords du Rhin.
Mais, un an plus tard, Elisée, qui ne supporte pas le côté superficiel de l’enseignement religieux qu’il reçoit, rentre en France, au grand dam de son père Jacques Reclus.
Toutefois, ce séjour l’a familiarisé avec des langues comme l’allemand, l’anglais, le néerlandais, le latin, et lui a permis de rencontrer des personnalités qu’il retrouvera plus tard.
En 1848, Elisée et son frère Elie s’inscrivent à la faculté de théologie protestante de Montauban, mais ils en sont exclus en 1849 en raison d’une fugue qu’ils font en juin, en direction de la Méditerranée.
C’est alors qu’Elisée décide d’abandonner définitivement les études théologiques.
Venu à Berlin en 1851, il vit chichement en donnant des leçons de français et s’inscrit à l’université pour se former auprès du géographe allemand Carl Ritter.
La même année, alors qu’il vient de retrouver son frère Elie à Strasbourg, ils décident ensemble de rentrer à Orthez à pied, en traversant la France profonde. Ce périple contribue à former sa réflexion et son caractère. C’est alors qu’il rédige son premier texte évoquant l’anarchisme Développement de la liberté dans le monde qui ne sera publié qu’en 1925, soit 20 ans après sa mort.
A Orthez, les deux frères apprennent le coup d’Etat du 2 décembre 1851, où le président Bonaparte, futur Napoléon III, viole la constitution républicaine. Manifestant publiquement leur hostilité à cet acte antidémocratique, ils sont menacés d’arrestation et s’embarquent pour un exil à Londres, où ils connaissent une vie miséreuse.
En Irlande, Elisée est ouvrier agricole puis, début 1853, il débarque à La Nouvelle-Orléans, aux Etats-Unis où il exerce divers métiers pour survivre dont celui d’homme de peine. Ensuite, il devient précepteur dans une famille de planteurs d’origine française, les Fortier. Cette période lui permet d’observer de près le système esclavagiste et il en retire une définitive haine pour l’exploitation de l’homme par l’homme, même si cette famille n’est pas parmi les plus féroces esclavagistes.
Ne supportant pas cet environnement, Elysée quitte son emploi et se rend en Colombie afin d’y créer une plantation de café, avec une aide financière consentie par la famille Fortier. Mais diverses difficultés s’accumulent, dont la maladie et il doit renoncer.
De retour en France en 1857, il s’installe chez son frère Elie à Paris et tout en donnant des cours de langues étrangères, il entre dans la Société de géographie, qui deviendra sa principale occupation.
Le 14 décembre 1858, il se marie civilement avec Clarisse Brian. Par la suite devenu veuf, il se remariera deux fois.
Revenu à Paris chez Elie, les deux frères sont admis chez les francs-maçons en 1860, mais Elisée ne supportant pas l’ambiance qui y règne, quitte cette organisation au bout d’un an.
Emprisonné et banni pour ses idées révolutionnaires
L’éditeur Hachette embauche Elysée pour rédiger des guides pour voyageurs. C’est ce qui va l’amener à parcourir Allemagne, Suisse, Italie, Angleterre, Sicile, Espagne…
A l’automne 1863, en collaboration avec Elisée et d’autres personnes, Elie Reclus fonde une banque : la société du Crédit au Travail, dont le but est d’aider à créer des sociétés ouvrières. Cette expérience s’achève par un échec en 1868.
En septembre 1864, Elie et Elisée adhèrent à l’Association internationale des travailleurs (AIT) qui vient d’être fondée à Londres. Ils entretiennent des liens amicaux et politiques forts avec Michel Bakounine, philosophe et théoricien de l’anarchisme.
Perturbé par le décès de son épouse Clarisse en 1869, Elisée, père de deux filles, s’éloigne un temps de l’action politique.
Pendant la guerre franco-prussienne de 1870, Elisée s’engage activement dans l’action politique et lors de la proclamation de la Commune le 28 mars 1871, il se porte volontaire dans la Garde nationale puis dans le bataillon des aérostiers, aux côtés de son ami Nadar.
Fait prisonnier par les Versaillais, il échappe à la déportation en Nouvelle-Calédonie grâce à une pétition internationale regroupant des scientifiques anglais et américains. C’est ainsi que cette peine est commuée en dix années de bannissement par le Conseil de Guerre.
Malgré les conditions peu favorables d’emprisonnement, Elisée commence à rédiger ses grands textes géographiques.
Exilé en Belgique, géographe et libertaire à l’œuvre prolifique,
ami d’Alexandra David-Néel
Pendant la période de bannissement, il se rend avec sa famille en Suisse, où il demeure jusqu’en 1891. Il fonde à Vevey une section internationaliste en 1876 avec un ami cartographe.
Pendant cette période, il reçoit de nombreux révolutionnaires et continue à voyager de par le monde. Revenu en France, avec sa famille, à Sèvres, il reçoit la médaille d’or de la Société de géographie de Paris, en 1892. Comme la situation devient dangereuse pour lui, suite à la condamnation de Ravachol, il accepte à l’Université libre de Bruxelles, une chaire de géographie qui lui est supprimée l’année suivante.
Mais en 1894, il peut à nouveau enseigner dans une Université nouvellement inaugurée. Elisée Reclus fournit également d’importants mémoires aux journaux scientifiques français, allemands et anglais.
C’est lors de son séjour à Bruxelles qu’Elisée Reclus rencontre, en 1886, Alexandra David-Néel qui connaîtra ensuite une célébrité internationale. Une indéfectible amitié va lier cette jeune fille de 18 ans et le géographe âgé de 56 ans qui exerce une influence certaine sur sa jeune admiratrice. D’ailleurs, celle-ci lui fait préfacer son premier ouvrage (Pour la vie) paru en 1898.
Pour l’Exposition universelle de 1900, Elisée mène avec ardeur un projet de construction d’un grand Globe destiné à représenter fidèlement la Terre sur une maquette de 127,5 mètres de diamètre.
Durant ses dernières années de vie, Elisée voyage encore malgré une santé précaire.
Une de ses dernières joies est l’annonce en juin 1905 de la révolte des marins du cuirassé Potemkine, prémices de la Révolution russe de 1917.
A son décès et selon sa volonté, il est enterré sans aucune cérémonie au cimetière d’Ixelles dans la tombe de son frère Elie, mort un an plus tôt.
Valeurs « humanistes » de ce révolutionnaire demeuré méconnu
Le souvenir de cet homme de grande valeur s'est estompé aujourd’hui encore, en raison de son bannissement politique lié à ses idées anarchistes.
Bien qu’il ait toujours refusé d’être considéré comme un « maître », il est souvent présenté comme le fondateur de certains mouvements.
Détaché de toute valeur religieuse, il croit en la valeur du progrès, seul susceptible, selon lui, d’améliorer les conditions de vie et les relations entre humains.
Ses idées libertaires et anarchistes et surtout sa faculté de penser et d’agir par lui-même, sont les traits les plus marquants de sa personnalité.
En internationaliste convaincu, il est un fervent partisan de l’espéranto, qui doit faciliter les échanges entre humains.
A propos du naturisme, il considère la nudité comme un bon moyen de socialiser entre individus, sans compter les bienfaits hygiéniques, moraux et physiologiques de cet art de vivre.
Très tôt rebuté par la viande, Elisée est un végétarien convaincu.
Une de ses pensées parmi d’autres :
Sans doute, cet idéal semble chimérique à plusieurs d'entre vous, mais je suis sûr aussi qu'il paraît désirable à la plupart et que vous apercevez au loin l'image éthérée d'une société pacifique où les hommes désormais réconciliés laisseront rouiller leurs épées…
Une rue de Saint-Etienne (Loire) lui rend hommage.
(Logiciel AUREAS AstroPC Paris)
Retrouvez l'acte sur les Archives Départementales Françaises en ligne |