Liane de POUGY
Née Marie-Anne Olympe CHASSAIGNE dite…
Epouse de Henri Pourpe et par un second mariage devient princesse GHIKA
Le 2 juillet 1869 à 8h du matin à La Flèche Sarthe 72
Selon acte n° 89 – AD72 en ligne – 5 M i 143_37-N1868-1872 – vue 60/181
Décédée le 26 décembre 1950 à Lausanne (Vaud) Suisse
Quel extraordinaire roman d’amour que la vie de cette femme adulée et scandaleusement indépendante, qui aime briller et se faire admirer au cœur d’une vie mondaine spectaculaire !
Conquérante à l’orgueil narcissique, elle attise de célèbres amants et autant de maîtresses renommées, avant d’embrasser une vie religieuse et de glisser alors vers l’Au-delà dans le renoncement, l’abnégation et l’humilité.
Vite mariée, mère de famille et aussi vite divorcée à 19 ans
A sa naissance, son père âgé de cinquante six ans, est capitaine en retraite.
Comme il se doit pour une jeune fille de son milieu, elle est éduquée au couvent de Sainte-Anne-d’Auray dans le Morbihan.
Elle a tout juste dix sept ans quand elle est mariée, le 15 juillet 1886 à l’officier de marine Joseph Pourpe. Elle donne naissance à un garçon le 17 mai 1887 qui sera élevé à Suez par ses grands-parents paternels. Ce fils, Marc Pourpe, devenu aviateur pionnier très réputé, meurt le 2 décembre 1914, après 30 missions de guerre.
Prévenu des infidélités de son épouse, Joseph Pourpe tire sur elle avec son pistolet, et la blesse à la fesse. Elle s’enfuit, s’installe à Paris et obtient le divorce. Elle a seulement 19 ans et déjà très scandaleuse pour sa famille.
Pour décrocher la célébrité : une scène de cabaret et un pseudonyme enchanteur !
Cette indépendante rêvant de scène et de notoriété, croise sur son chemin un auteur à succès d’opérettes et d’opéras, Henri Meilhac. Ce septuagénaire, célibataire amateur de jolies femmes, succombe à ses charmes, et fait engager Anne-Marie aux Folies Bergères.
Tout d’abord, la jeune femme prend des leçons de danse et aussi le pseudonyme de Liane de Pougy, plus à la hauteur de sa nouvelle carrière de danseuse de cabaret. La voilà nantie d’un prénom synonyme de souplesse ajouté à un patronyme à particule qui respire l’élégance.
Elle devient amie de l’actrice Sarah Bernhardt qui lui donne quelques cours d’art dramatique mais lui fait comprendre qu’elle n’a aucun don dans ce domaine.
Ouvertement bisexuelle, elle a des amants et des amantes qui la couvrent de bijoux et lui offrent le train de vie luxueux qui convient à une courtisane d’alors.
Bientôt, elle fait partie des notoriétés de la vie parisienne et sa rivalité avec la Belle Otero, autre danseuse des Folies Bergères, profite au renom de ces deux séductrices.
Natalie Clifford Barney
A 30 ans, l’amour de sa vie : une romancière américaine Natalie Clifford Barney…
En cette fin de 19e siècle, Liane a 30 ans. Son charme conquérant, qui met tous les hommes à ses pieds, envoûte aussi de célèbres courtisanes comme Valtesse de la Bigne ou Emilienne d’Alençon, en de torrides liaisons.
C’est alors que Liane rencontre l’amour de sa vie, incarné par Natalie Clifford Barney. Cette jeune romancière d’origine américaine se déguise en page florentin pour se présenter chez Liane, qui est conquise par tant de fraîcheur et d’audace. Elle se prend d’une intense passion pour ce « moonbeam » Rayon de Lune. Cet amour, aussi passionné que scandaleux, ne dure qu’une année car Natalie, refusant la monotonie de la fidélité, s’en va butiner auprès d’autres amantes dont la poétesse Renée Vivien.
Cet amour déçu inspirera à Liane l’écriture d’un roman Idylle saphique sorti en 1901. Ce livre au parfum sulfureux devient un grand succès de librairie.
Dans son appartement du Faubourg du Roule, Liane la demi-mondaine reçoit nombre d’amis et l’on y fait « tourner les tables » en invitant des esprits à comparaître ainsi que des voyantes célèbres qui pimentent les soirées de mystérieuses prédictions.
A 40 ans, mariée à un noble roumain, elle devient princesse Ghika…
L’extravagante Liane, arrivée à la quarantaine et à l’apogée de sa carrière mondaine, se marie le 8 juin 1910 avec le prince roumain Georges Ghika. Âgé seulement de 25 ans, le jeune homme est d’ascendance fort noble mais grandement désargentée.
Le lendemain, la cérémonie fait la une du New York Times.
Le mariage est heureux pendant seize années, jusqu’à ce que Georges délaisse Liane pour une femme plus jeune. Pour se consoler, la princesse Ghika prend plusieurs amantes. Le prince finit par lui revenir mais leur relation devient difficile et chaotique.
Parmi ses nombreux amis, on peut citer : Henri Bataille, Apollinaire, Léon Blum, Jean Cocteau, Colette, Marcel Proust, Mata Hari, Max Jacob…
Liane de Pougy par Nadar
Septuagénaire, elle entre en religion et se consacre à la prière et la pénitence.
En 1928, la princesse Ghika approche de la soixantaine et son entrain la porte désormais vers la spiritualité. Liée d’amitié avec la mère supérieure de l’asile Sainte-Agnès à Saint-Martin-le-Vinoux près de Grenoble, elle collecte des fonds auprès de ses amis parisiens pour l’entretien des pensionnaires de cet institut, où elle se fera inhumée.
C’est au décès du prince le 19 avril 1945 que Liane, septuagénaire entre comme novice dans le Tiers-ordre de Saint-Dominique. Devenue sœur Anne-Marie-Madeleine de la Pénitence, l’ancienne étoile des Folies Bergères, la conquérante scandaleuse et mondaine, prononce ses vœux au monastère d’Estavayer-le-Lac. Devenue religieuse dominicaine non cloîtrée, elle retourne plus tard à Lausanne.
La mort l’emporte à 82 ans, le 26 décembre 1950 à l’hôtel Carlton de Lausanne.
Elle avait souhaité mourir un soir de Noël ; la divine Providence a exaucé ce vœu. Elle avait désiré que nul ne suivît le cercueil de celle qui n’entendait plus être que Anne-Marie-Madeleine de la Pénitence. Cette dépouille terrestre tant vantée, tant aimée, s'en alla solitaire…
(André de Fouquières. Mon Paris et ses Parisiens : Le quartier Monceau, vol. 2, Paris, Horay 1954)
Voici un aperçu de l’extraordinaire parcours de Marie-Anne Chassaigne, alias Liane de Pougy, devenue princesse Ghika et enfin religieuse dominicaine Anne-Marie-Madeleine de la Pénitence.
Délaissant le paraître et les parures ainsi que la jouissance des plaisirs vaniteux du monde qui passe, elle a voué sa fin de vie à l’amour divin, la prière et aux biens qui ne passent pas.
« Mon père j’ai vécu très librement. Sauf tuer et voler, j’ai tout fait. »
Liane de Pougy
(Logiciel AUREAS AstroPC Paris)
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