Préambule
Pour la première fois,
l’automobile utilisée pour faire un hold-up
Le 21 décembre 1911, rue Ordener à Paris,
un certain Bonnot accompagné de compères, d’armes à feu et d’une
automobile volée dévalise un garçon de recettes de la Société
Générale. Le butin est maigre mais ce qui est considérable c’est
l’utilisation, pour la première fois, d’une automobile.
Brève, sanglante mais célèbre
épopée largement médiatisée
Dès lors, commence l’épopée de la Bande à
Bonnot. Elle ne dure que quelques mois, mais le tourbillon est
sanglant et la légende immense. Ses agissements spectaculaires
sont régulièrement médiatisés, en ce début de XXe siècle, où la
presse est en plein développement et utilise désormais la
photographie.
Dans cette époque de misère, de chômage et
de luttes sociales sans merci, le public apeuré ou passionné va
être tenu en haleine.
De l’idéologie anarchiste à la
criminalité
Sous prétexte qu’une partie de la bande à
Bonnot a pendant un temps fréquenté les locaux de l’hebdomadaire
« l’Anarchie », les autorités ont engagé une cabale contre ces
libertaires qui mettent en cause l’autorité en place. Ainsi, la
bande à Bonnot illustre la dérive vers le grand banditisme de
certains militants de la cause anarchiste.
Des meurtriers traqués mais
habiles et très actifs qui déjouent la police
La bande à Bonnot compte plus d’une
vingtaine de membres. Elle multiplie les coups en France et en
Belgique, pille deux armureries, vole des voitures, attaque des
particuliers et s’affronte avec la police. A ces occasions, les
bandits n’hésitent pas à descendre les gêneurs, mais aussi à
ridiculiser les forces de l’ordre impuissantes à les arrêter.
Qualifié par les
journaux de « célèbre bandit » et considéré comme le chef des
« bandits en automobile » :
Jules Joseph Bonnot
est né le 14 octobre 1876
à Pont de Roide (Doubs)
à 21 heures
selon l’état-civil
Bonnot toujours en fuite mais
plus pour longtemps
Si funeste soit-elle, la notoriété de la
« bande à Bonnot » est alors admise et les journaux
l’entretiennent avec application. La police utilise également la
presse pour informer le public de l’avancée de ses recherches
afin de susciter des dénonciations.
Des moyens considérables sont mis en œuvre
pour assiéger le repaire du bandit en présence notamment du
Préfet Lépine.
Dans ce contexte médiatisé, on ne compte
pas moins de 20 000 personnes accourues et massées en pleine
nuit aux abords du pavillon où s’est réfugié Bonnot. Après des
heures de fusillades, le chef des « bandits en automobile » est
abattu par la police le 28 avril 1912 à Choisy le Roi 94.
Dans son testament laissé à
Choisy le Roi, Bonnot écrit :
« Je suis un homme célèbre. La renommée
claironne mon nom aux quatre coins du globe, et la publicité
faite par la presse autour de mon humble personne doit rendre
jaloux tous ceux qui se donnent tant de peine pour faire parler
d’eux et qui n’y parviennent point… »
Voici les quelques mots trouvés
griffonnés sur un papier dans les poches de
Garnier, membre de
la bande, abattu à Nogent-sur-Marne :
"Réfléchissons. Nos femmes et nos
enfants s'entassent dans des galetas, tandis que des milliers de
villas restent vides. Nous bâtissons les palais et nous vivons
dans des chaumières. Ouvrier, développe ta vie, ton intelligence
et ta force. Tu es un mouton : les sergots sont des chiens et
les bourgeois sont des bergers. Notre sang paie le luxe des
riches. Notre ennemi, c'est notre maître. Vive l'anarchie."
Quant à Caillemin, un autre
membre de la bande, il déclare aux policiers venus
l’interpeller :
"Vous
faites une bonne affaire! Ma tête vaut cent mille francs,
chacune des vôtres sept centimes et demi. Oui, c'est le prix
exact d'une balle de browning!"
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