Ce jardinier, inventeur du béton armé, devient chef d’entreprise et auteur de 19 brevets.
Malgré cela, il meurt dans la misère.

télécharger cet article

 

Joseph MONIER

Né le 8 novembre 1823 à 16h à Saint-Quentin-la-Poterie Gard 30
Selon acte n°58 aimablement transmis par la mairie de Saint-Quentin-la-Poterie

Décédé le 13 mars 1906 à Paris

 

 

Jardinier astucieux, pour faire des pots à orangers solides, il invente le béton armé.

Sous le Second Empire, c’est la prospérité pour l’entreprise Monier

Trop heureux d’avoir pu réaliser une invention profitable à tous les peuples civilisés.

Une reconnaissance trop tardive et une fin de vie misérable

Bâtisseur ingénieux, à l’esprit humaniste et précurseur

 

 

Jardinier astucieux, pour faire des pots à orangers solides, il invente le béton armé.

Comme son père, il est jardinier du duc d’Uzès et son habilité à aménager les parterres est remarquée au point qu’il lui propose en 1842 de s’occuper du jardin de son hôtel parisien.

Jean Monier a 19 ans et comme son nouveau travail lui permet de suivre les cours du soir, il apprend à lire et à écrire.

Ses talents de jardiniers sont si appréciés que le duc le fait connaître à ses amis. C’est ainsi que Joseph lie connaissance avec un jardinier du Louvre et quand une place devient vacante en 1846, le voilà affecté au jardin du Louvre. Il peut alors suivre des cours au Jardin des Plantes.

Là encore, son ingéniosité de jardinier-bricoleur fait merveille au point qu’il est réclamé par des particuliers pour des travaux de jardinage à Strasbourg, Versailles, Hyères.

En juillet 1852, le futur Napoléon III donne par décret, le bois de Boulogne à la Ville de Paris avec mission de copier le « Hyde Park » qui lui avait beaucoup plu lors de son exil londonien. Ainsi, l’art du rocaillage réalisé par projection de ciment sur un grillage de fer devient tendance.

C’est probablement ce qui conduit l’horticulteur Joseph Monier à confectionner des bacs à fleurs en ciment armé. Le brevet correspondant qui est déposé en 1867, sera l’un des 19 brevets déposés jusqu’en 1891 par celui que l’histoire considère comme l’inventeur du béton armé.

 

Sous le Second Empire, c’est la prospérité pour l’entreprise Monier

Sous la conduite de l’empereur et de son intrépide Préfet Haussmann, Paris se met en chantier et s’agrandit. Ce sont autant d’espaces à valoriser grâce notamment à la petite entreprise de Joseph Monier qui occupe 15 ouvriers et trois contremaîtres. Ainsi dès 1860, il a l’occasion d’expérimenter ce nouveau matériau pour des terrasses en ciment armé qu’il utilise aussi pour réservoirs, bassins, abreuvoirs…

La prospérité du Second Empire apporte à son entreprise une nouvelle clientèle bourgeoise qui améliore l’équipement de ses résidences, jardins, parcs…

Mais la guerre franco-prussienne de 1870 vient ruiner son entreprise dont les bâtiments sont bombardés en janvier 1871.

En 1875, on retrouve l’entreprise Joseph Monier chargée de concevoir et réaliser dans le château de Chazelet, dans le Val-de-Loire, ce qui sera le premier pont en ciment armé du Monde. D’une longueur de 13,80m et une largeur de 4,25m, il permet de franchir les douves du château.


Pont de Chazelet   source : Wikipedia

 

A partir de 1879, Joseph Monier négocie ses brevets en Autriche, Russie, Belgique, Hollande, Allemagne.

 

Trop heureux d’avoir pu réaliser une invention profitable à tous les peuples civilisés.

Malgré ce développement international du béton armé, l’entreprise « J. Monier constructeur » est déclarée en faillite en 1888 et liquidée l’année suivante.

Joseph Monier va connaître une fin de vie misérable. En effet, la plupart des redevances des entreprises utilisatrices de ses brevets n’avaient pas été payées.

En 1889, son fils Pierre revenu à Paris crée la société « Entreprise Monier Fils », à La-Plaine-Saint-Denis, qui fera quelques constructions en ciment armé. À partir de 1899 cette société existe sous le nom de « Société des Travaux en ciment » et participe à la construction du pavillon du Cambodge à l'Exposition universelle de 1900.


Le réservoir de Clamart construit en 1888 par Joseph Monier

 

En juin 1902, une requête de cinq entreprises européennes paraît dans la revue Le Ciment. Adressée à Emile Loubet, président de la République, elle sollicite une intervention des pouvoirs publics en faveur de Monier qui fait paraître le mois suivant une lettre de remerciement : je suis profondément touché de votre bon souvenir envers moi … . Je vous remercie de vous être souvenus de votre ancien maître, Joseph Monier, l'inventeur du ciment armé. Je me console de ma peine de n'avoir pas été oublié. » Il termine sa lettre par ces mots : « trop heureux d'avoir pu réaliser une invention profitable à tous les peuples civilisés ».

 

Une reconnaissance trop tardive et une fin de vie misérable

En 1903, 70 ingénieurs, entrepreneurs et industriels adressent une pétition au ministre des finances pour une aide rapide à la famille Monier.

Parmi les inventeurs qui ont travaillé sur le béton armé entre 1880 et 1900, le constructeur François Hennebique tente de créer à son profit un monopole sur ce nouveau matériau prétextant l’antériorité de son brevet. Des constructeurs lui intentent un procès confirmé en appel le 14 décembre 1906 en ces termes : Attendu qu'en 1878, un sieur Monier, qui avait pris le 3 novembre 1877 un brevet pour diverses applications du ciment armé (avec lequel) il composait sa poutre de deux barres de fer, l'une supérieure, l'autre inférieure, reliées ensemble par des tiges de fer … il apparaît dès lors, que le brevet de Monier constitue une véritable antériorité au brevet Hennebique dont il doit faire prononcer la nullité.

Mais cette reconnaissance est trop tardive pour Joseph Monier qui est mort dans la pauvreté le 13 mars 1906, tandis que le principe du béton armé vient de passer dans le domaine public.

 

 

Bâtisseur ingénieux, à l’esprit humaniste et précurseur

Bâtisseur ingénieux et débrouillard Joseph Monier conjugue bien l’alliance Scorpion/Taureau.

Artisan dans l’âme, il a l’esprit service avec minutie, calcul et goût de la perfection dans l’ouvrage.

Travailler la matière dure qu’est le ciment allié au métal convient à ce génie très imaginatif et au savoir-faire avant-gardiste. Cet état d’esprit lui inspire cette phrase admirable d’abnégation et d’humanisme : Trop heureux d’avoir pu réaliser une invention profitable à tous les peuples civilisés.

Dommage que son caractère ne lui ait pas donné la même habileté pour la gestion des affaires tel le constructeur Hennebique.

 

 


(
Logiciel AUREAS AstroPC Paris)

 


Retrouvez l'acte sur les Archives Départementales Françaises en ligne

haut de page