Dernier roi de France à habiter à Versailles, monté sur le trône en des temps périlleux pour la monarchie absolue, il s’entoure de ministres réformateurs. Mais l’argent et la nourriture manquent, il ne peut juguler la révolution. A 39 ans, il perd la tête sous la guillotine en 1793.

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LOUIS XVI
Né Louis Auguste de France, duc de Berry issu de la Maison des Bourbons

Le 23 août 1754 à 6h24 à Versailles Yvelines 78
Sources : acte de baptême AD78 en ligne – vue 62/93 – église Notre-Dame de Versailles
et  selon Fichier Auréas “Familles-royales_Dreuille » et Dictionnaire ESAP

 Décédé le 21 janvier 1793 guillotiné à 10h22 place Louis XV à Paris

 


Louis XVI en habits de sacre

 

Mon Dieu, gardez-nous, protégez-nous ! Nous régnons trop jeunes !

Le mariage est consommé sept ans après !

Le roi manque de courage pour soutenir les réformes nécessaires

L’indolore emprunt, plutôt que l’impôt sur le revenu refusé par les privilégiés

La crise politique, financière et sociale aboutit à la déchéance du roi

Peu fait pour régner, incapable de réformer la monarchie, il en perd la tête

 

 

Mon Dieu, gardez-nous, protégez-nous ! Nous régnons trop jeunes !

En 1774, au décès de Louis XV, son grand-père, Louis Auguste est pressé par les courtisans de monter sur le trône avec Marie-Antoinette. Mais Louis qui n’a que vingt ans s’écrie : Mon Dieu, gardez-nous, protégez-nous ! Nous régnons trop jeunes !

C’est l’avènement de Louis XVI de Marie-Antoinette devenus roi et reine de France.

Mais ils héritent d’un contexte social orageux préparé par le prédécesseur Louis XV qui, par sa négligence des affaires du royaume et sa quête du plaisir, a rendu la royauté impopulaire.

Et cet orage va grossir et s’abattre à partir de 1789 sur les têtes du jeune couple.

Peu préparé à assumer la royauté, Louis-Auguste, alors duc de Berry est âgé de 15 ans quand il se marie en mai 1770 avec l’archiduchesse Marie-Antoinette d’Autriche âgée de quatorze ans.

Le mariage a été négocié par Choiseul, premier ministre de Louis XV avec dans l’idée l’alliance de la France avec l’Autriche.

 


Louis XVI en 1786

 

Le mariage est consommé sept ans après !

Comme le couple royal ne parvient pas à procréer, on soupçonne Louis XVI d’impuissance et Marie-Antoinette de stérilité.

La reine, inquiète de n’avoir point encore d’héritier au trône, mande son frère Joseph pour qu’il s’entretienne avec son royal époux. En réalité, marié depuis sept années, Louis XVI n’aurait pas encore consommé son mariage !

Un problème mécanique (phimosis : resserrement du prépuce) l’empêcherait de conclure. Au dire de l’observateur Joseph qui mène une conversation d’homme à homme, tout fonctionne bien par ailleurs. La circoncision débridera la mécanique de Louis.

Et le 18 août 1777, c’est l’apothéose tant attendue pour Louis XVI.

Cette version est contestée par d’autres historiens. En tous cas, le premier des quatre enfants du couple royal naît en décembre 1778.

 

Louis XVI donnant des instructions à La Pérouse
Tableau de Nicolas Monsiau, 1817 - Musée du Château de Versailles

 

Le roi manque de courage pour soutenir les réformes nécessaires

A son avènement en 1774, il s’entoure de ministres réformateurs comme Turgot libéral, Necker dirigiste et aussi Calonnes et Brienne, improvisateurs.

Chacun dans son style, ils vont tenter de renflouer les caisses de l’Etat.

Louis XVI, que sa formation religieuse rend imperméable aux idées nouvelles, donne son adhésion aux réformes mais sans avoir jamais le courage de soutenir ceux qui les formulent.

Le rappel des parlements favorise l’opposition aristocratique qui veut conserver ses juteuses prérogatives. En effet, les fermiers généraux (percepteurs) et autres profiteurs de tous poils, craignent d’être ruinés par la libre circulation des grains dans tout le royaume voulu par Turgot. Ce dernier, victime de la cour, de la reine Marie-Antoinette, des profiteurs et finalement du roi, est renvoyé.

Dans une de ses lettres, Turgot tente d’alerter Louis XVI, en ces termes prémonitoires :

N’oubliez pas, Sire, que c’est la faiblesse qui a mis la tête de Charles 1er sur le billot !

En marge de la politique :

-          à la veille de la Révolution, les percepteurs que sont les fermiers généraux doivent verser quarante millions de livres au roi et en prélèvent 140 millions ! Leur fortune dépasse l’imagination !

-          L’énigmatique Chevalier d’Eon, diplomate et agent secret sous Louis XV, et qui apparaît tantôt vêtu en homme et tantôt en femme, se présente à Louis XVI à Versailles en 1777. Il prie le monarque d’user à nouveau de ses tenues masculines, ce qui lui est catégoriquement refusé.

-          Louis XVI passionné de géographie confie au capitaine de Vaisseau, La Pérouse en 1785, une importante mission scientifique et commerciale. Le roi lui demande de reconnaître des terres alors inconnues au-delà du Japon, après avoir contourné l’Amérique. Dans la tempête de la Révolution, on raconte que Louis XVI s’enquiert des nouvelles du navigateur, porté disparu. Pour le monarque, passionné de géographie, de sciences et d’horlogerie, cette mission est aussi importante que prestigieuse. Son intérêt est multiple : économique pour favoriser le commerce, militaire, et aussi scientifique. En effet, grâce aux horloges à ressorts on espérait résoudre le crucial problème de calcul de la longitude.

 

L’indolore emprunt, plutôt que l’impôt sur le revenu refusé par les privilégiés

La guerre d’Indépendance américaine, soldée par le Traité de Versailles en 1783, rehausse le prestige de la France mais creuse la dette publique. Grâce à l’astucieux Necker, on finance la guerre sans lever le détestable impôt mais grâce à l’emprunt, indolore, invisible, miraculeux.

Qu’importent les sept emprunts qu’il faut rembourser jusqu’à 10% d’intérêts ! Le trou des finances devient un gouffre !

Les réformes imaginées par les ministres successifs – dont Calonnes et Brienne – parlent d’un impôt payé par tous selon le revenu de chacun. Y compris pour la noblesse et le clergé !

L’aristocratie et les privilégiés y sont hostiles.

Le renvoi de Calonnes et la démission de Briennes laissent le trésor public à sec !

Des émeutes éclatent un peu partout. Elles sont durement réprimées. Quand Necker est rappelé par Louis XVI, Mirabeau ironise : Voici M. Necker, roi de France !

La météo s’en mêle : 1787 et 1788 sont désastreuses pour les récoltes : grêle, pluies incessantes ont détruit vignes et cultures et fait pourrir en terre les semences, empêché la fenaison, les moissons. L’hiver 1789 est terrible : les rivières sont gelées, les moulins ne tournent plus, la famine menace dans les campagnes. Les réserves de grains sont au plus bas.

 

La crise politique, financière et sociale aboutit à la déchéance du roi

Louis XVI montre une attitude hésitante et contradictoire dès les débuts de la Révolution de 1789, sous l’influence de plus en plus prépondérante d’une Marie-Antoinette inflexible, qui attend un soutien des autres monarchies d’Europe.

En juin 1791, sa fuite manquée à Varenne-en-Argonne, pour rejoindre son armée et organiser la contre-révolution, aggrave encore l’impopularité du couple royal.

Le roi se montre incapable de concevoir une monarchie constitutionnelle. C’est sous la pression qu’il accepte de former l’Assemblée nationale constituante mais refuse de ratifier l’abolition des privilèges et la Déclaration des droits de l’homme.

Par ailleurs, la confiscation des biens de l’Eglise et la constitution civile du clergé troublent nombre de notables et de gens du peuple.

Le 10 août 1792, c’est la chute de la royauté. Déchu, prisonnier de la Commune insurrectionnelle de Paris, Louis XVI et la famille royale sont enfermés au Temple.

Déclaré coupable de conspiration contre la liberté de la Nation et d’attentats contre la sûreté générale de l’Etat, le roi est condamné à mort.

Jouet plus qu’acteur de l’histoire, Louis XVI, à qui ont manqué les qualités et l’autorité nécessaires pour régner, est exécuté le 21 janvier 1793, place de la Révolution (auj. place de la Concorde).

Je meurs innocent des crimes dont on m’accuse ! Je pardonne aux auteurs de ma mort ! Je prie Dieu que mon sang ne retombe pas sur la France.

Comme il proclame son innocence, le roulement des tambours le contraint au silence.

 


L’exécution de Louis XVI d’après une gravure allemande de 1793

 

Peu fait pour régner, incapable de réformer la monarchie, il en perd la tête

L’histoire reconnaît à Louis XVI une intelligence moyenne, un caractère indécis, vertueux, timide et solitaire. Il s’intéresse aux sciences naturelles, la géographie, la serrurerie, qui occupent une partie de ses loisirs, en-dehors de la chasse et de la bonne chère.

Louis XVI est un intimiste, modeste, réservé, peu enclin aux affaires publiques.

Un goût inné pour la minutie et la précision ordonnée, le porte à se passionner pour la serrurerie ainsi que toutes sciences de la nature où il faut observer et classer avec rigueur.

Conservateur persévérant et méticuleux d’un ordre établi, il est plus à l’aise dans un contexte bien cadré, mais  à l’arrière-plan.

Incertain de sa valeur, il souffre d’un complexe d’infériorité qui le rend hésitant et désarmé devant les obstacles qui jalonnent toute son existence.

Par son sang-froid naturel, le roi se montre calme, ferme et déterminé quand il va vers la guillotine (cf Guillotin).

Sur le plan sentimental, il est un homme charmant et plaisant, laissant volontiers libre cours à l’autorité féminine. A la différence de ses deux prédécesseurs, point de maîtresses ni de rocambolesques aventures à mettre à son actif. Par convictions religieuses, il est resté respectueux de l’ordre établi. 

 

 

 


(
Logiciel AUREAS AstroPC Paris)

 


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