Félix Léon EDOUX
Né le 29 mai 1827 à 22h (dix heures du soir) à Saint-Savin-sur-Gartempe 86 Vienne
Selon acte n°12 état-civil de St-Savin
Décédé le 13 octobre 1910 à 8h30 du matin à Paris 15e
Selon acte n°4131 Etat-civil de Paris
Observant les grands chantiers haussmanniens, il imagine un « monte-fardeaux » hydraulique
Il a 23 ans quand il sort diplômé de l’Ecole centrale, dans la même promotion que son ami Gustave Eiffel. D’abord ingénieur aux Mines du Nord, il expérimente des combustibles. Ensuite, pour la Compagnie des Chemins de fer du Midi, il étudie divers gisements houillers puis métallifères.
Installé comme entrepreneur de Travaux-publics à Paris vers 1860, il observe les grands chantiers que le préfet Haussmann a ouverts dans la capitale dès l’automne 1853. Il remarque l’imperfection des moyens de manutention des matériaux.
Très imaginatif et curieux, cet ingénieur à l’esprit vif, pragmatique et précurseur, se prend à réfléchir à un outil qui faciliterait le déplacement des charges lourdes. Il ne tarde pas à imaginer un ingénieux monte-fardeaux hydraulique, dont il dépose le brevet le 4 juin 1864. Il sera le premier d’une longue série.
La capitale est en train de se métamorphoser avec de larges voies bordées de grands immeubles de cinq à sept étages qui nécessitent un système de distribution d’eau de plus en plus performant. Profitant de l’importante pression de l’eau, Edoux imagine de la canaliser à travers un système de levage situé au sommet de l’immeuble.
Cela se passe dans un temps où l’on ne maîtrise par encore la machine à vapeur et où l’on ignore la production industrielle d’électricité.
L’Exposition universelle de 1867 lui apporte notoriété et commandes
Edoux présente, en 1867, les deux premiers « ascenseurs » à élévation hydraulique et à usage civil, à l’Exposition universelle de Paris, dans la galerie des machines.
Les visiteurs admirent ces machines ingénieuses. La presse en parle. Et très vite on imagine l’intérêt de cette trouvaille pour l’accès dans les étages des immeubles notamment pour les infirmes. Pour l’inventeur Edoux, cela lui rapporte une médaille d’argent et une commande de Napoléon III pour le Palais de Saint-Cloud.
Dès 1868, Edoux abandonne les travaux publics pour se consacrer à la construction d’ascenseurs dans le 15e arrondissement de Paris, rue Lecourbe.
L'ascenseur hydraulique de Léon Edoux présenté à l'Exposition universelle de 1867 dans la galerie des machines (journal L'Illustration du 12 octobre 1867)
Dès lors, c’est le succès pour Edoux et les commandes affluent notamment pour équiper les hôtels et immeubles du nouveau quartier de l’Opéra. On suppose sans peine le prestige considérable qui s’attache désormais à une telle modernité révolutionnaire.
Un succès encore plus grand attend ce constructeur hardi lors de l’Exposition universelle de 1878, avec son ascenseur hydraulique de 60 m de course et transportant 80 personnes, installé dans une des deux grandes tours du Palais du Trocadéro.
Son ascenseur du 2e étage de la Tour Eiffel marchera pendant près d’un siècle.
Mais la réalisation la plus extraordinaire de cet entrepreneur, lui vient d’une commande de Gustave Eiffel pour sa Tour de 300 mètres qui sera le clou et le joyau de l’Exposition universelle de 1889. Edoux construit l’ascenseur double qui relie le deuxième étage au sommet de la Tour. Installé en 1889, il emporte 65 personnes à la vitesse de 0,80mètre/seconde, soit une cadence de 750 passagers à l'heure. Lors de l'Exposition Universelle de 1900, la charge est portée à 80 personnes, à la vitesse de 1mètre/seconde.
Il fonctionnera jusqu’en 1983 !
Cet ascenseur n’est pas prêt pour le jour d’ouverture de l’Exposition le 15 mai 1889 et son accès par le public sera autorisé à compter du 13 juin. Toutefois, le prince de Galles et sa famille pourront exceptionnellement l’emprunter dès le 10 juin.
Quelle émotion a dû saisir les visiteurs qui se sont sentis emportés au-dessus de Paris par une mécanique révolutionnaire nichée dans une flèche métallique dressée vers le ciel ! Comme un avant-goût de mongolfière et d’aéroplane ! ?
Inventif et audacieux, Léon Edoux veille à améliorer ses ascenseurs en utilisant par la suite, l’air comprimé puis l’électricité fin 19e et début 20e siècle. Il sera l’un des premiers en France à construire des ascenseurs électriques sur le modèle imaginé par le constructeur allemand Siemens AG.
Il invente aussi un système de sécurité en cas de rupture de câbles.
« … a créé l’industrie des ascenseurs »
C’est la mention porté sur le décret du 3 janvier 1892 qui fait de Léon Edoux un chevalier de la Légion d’Honneur.
Parmi ses réalisations, on peut citer le monte-charge des abattoirs de la Villette à Paris et les rideaux de fer de sécurité pour des théâtres parisiens (brevet d’invention)…
Edoux, génie de l’ascension, est mis sur la voie de l’invention grâce à Haussmann et il doit son plus beau chef-d’œuvre à Eiffel. Son savoir-faire contribue ainsi pendant près d’un siècle à transporter au-dessus de Paris des dizaines de millions de visiteurs émerveillés. Même s’il est peu connu, son nom reste attaché à l’histoire prestigieuse du monument payant le plus visité au monde.
Sources documentaires :
Eiffel de Michel Carmona éditions Fayard
http://centrale-histoire.centraliens.net/stories/rev134.pdf
(Logiciel AUREAS AstroPC Paris)
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