Surnommé « l’Intrépide Vide-bouteilles », ce journaliste tient une rubrique dédiée à la promotion des demi-mondaines.

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Charles DESTEUQUE

Né le 9 septembre 1851 à 11h du matin à Reims Marne 51
Selon acte n°1214 – AD51 en ligne – 2 E 534/258 – naissances 1851 – vue 310/461

Décédé le 18 février 1897 à Prémontré Aisne 02

 

 

De l’étoffe de luxe rémoise, aux cabarets mondains parisiens…

Son père Eugène Desteuque a une fabrique de tissus à Reims. Les nouvelles étoffes et les tissus les plus chatoyants qu’il imagine artistement, sont lancés grâce au milieu, aussi festif que nocturne, des petits théâtres montmartrois.

Est-ce pour cela que son fils Charles, devenu journaliste, publiciste, tiendra dans le journal le Gil Blas, une rubrique réservée à la promotion des demi-mondaines et à celles que l’on surnommait les dégraffées ou les horizontales ?

On qualifie de « bon zig », cet homme qui a l’âme d’un jouisseur doublé d’un fin tacticien. Il allie gentillesse et débrouillardise et science de l’organisation, pour œuvrer avec talent dans les coulisses au cœur des spectacles parisiens. Il se sent très à l’aise au milieu de la gent féminine, où gambadent les héroïnes du Paris nocturne et encanaillé. Porté sur la vie facile et festive, il baigne dans ce contexte où le merveilleux s’invente à chaque représentation publique et se poursuit entre amis.

Charles aime tant cette vie festive que les boulevards surnomment Vide-bouteille celui qui sera considéré comme le principal placier dans le monde des petits théâtres.

Dès 1888, le Courrier Français publie sa légende :

…Le Vide-bouteille a été promu par le Gil Blas au grade envié de major du bataillon de Cythère(*). C’est lui qui reçoit les recrues et qui les immatricule. Il ne les habille pas. Plutôt ferait-il le contraire.

(*) Île grecque du Péloponnèse considérée par la littérature et l’art comme le pays idyllique de l’amour et du plaisir.

 


La Goulue par Toulouse-Lautrec

 

Il lance La Goulue, la Belle Otero, Emilienne d’Alençon, qui font la légende de la Belle-Epoque.

Ainsi, Charles Desteuque découvre La Goulue au Moulin de la Galette et lui trouve son engagement au Moulin-Rouge fondé par Charles Zidler et Joseph Oller et inauguré en octobre 1889.

Vers 1910, La Goulue, qui habite alors dans une roulotte, confie quelques souvenirs au chroniqueur Michel Georges-Michel  :

Vide-bouteilles me dit : Si tu veux venir avec moi au Grand Véfour, je te ferai faire un joli costume de laitière. Ah ! mes enfants, quelle soirée ! Tous ces messieurs en habit, avec des favoris et des monocles ! Ils m’ont fait danser et boire du champagne. Ils me mettaient des louis dans les cheveux, dans mes souliers, partout. Ce fut ma première sortie dans le monde chic. M’sieur Zidler, le directeur du Moulin-Rouge m’engagea. Je gagnais 800 fr par mois. Ça me valait encore des cachets chez tous les princes de Paris et des tournées à l’étranger. Car je faisais partie du « grand quadrille », avec Grille d’Égout, qu’est concierge maintenant, la Sauterelle qui tient un bistrot à Reims, et Nini patte-en-l’air, qu’est morte en faisant le grand écart. Ah ! je crossais !

Pour continuer la fête après le spectacle, Charles Desteuque invite la troupe dans son cercle qu’il a créé, en face du Moulin-Rouge, pour y mener joyeuse vie.

Charles Desteuque, devenu secrétaire des Folies Bergères, fournit un énorme diamant entouré de saphirs pour parer Liane de Pougy qui fait ses débuts sur cette scène parisienne en avril 1894.

C’est encore dans l’entresol qu’il occupe rue de Laval, face au cabaret du Chat-Noir, qu’a lieu le « baptême » d’Emilienne d’Alençon, danseuse et amante de Liane de Pougy.

La Vie Rémoise relate comme un dernier écho de L’Intrépide en public : il paradait triomphalement sur le boulevard, dans un équipage de rennes sur un traîneau à roulettes, emprunté à une troupe russe venue à Paris, avec à ses côtés une belle fille au corselet pailleté d’or. Il allait ainsi à travers Paris de rédaction en rédaction, pour promouvoir ce nouveau numéro des Folies Bergères.

Charles Desteuque meurt à l’asile psychiatrique de Prémontré en 1897, âgé de 45 ans seulement.

 

Source documentaire : https://sites.google.com/site/lavieremoise/remois-celebres/charles-desteuque

 

 

 
(
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