Cette espionne héroïne de l’ombre sauve 60 000 œuvres pillées par les nazis.
Résistante méconnue elle voue sa vie au service de l’art et de l’humain.

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Rose VALLAND
Née Rosa Antonia VALLAND dite Rose

Née le 1er novembre 1898 à 23h59
Ou le 2 novembre 1898 à 0h00
Déclarée le 2 novembre à 11h du matin, "née hier à minuit"
Selon copie acte de naissance n°25 aimablement transmis par la mairie
(J’ai considéré qu’elle était née au plus près de l’heure de la déclaration, c’est-à-dire dans la nuit précédant cette déclaration)

 Décédée le 18 septembre 1980 à Ris-Orangis Essonne 91

 

 

Témoin du monstrueux pillage d’œuvres, elle voit tout, note tout…

De son Isère austère, au Paris des Années folles…

Écouter aux portes, fouiller les poubelles, l’espionne est à l’œuvre

Capitaine Beaux-arts mène sa mission de justice jusqu’à sa mort

Espionne-née, elle agit dans l’ombre pour rendre à la lumière les œuvres pillées

 

 

Témoin du monstrueux pillage d’œuvres, elle voit tout, note tout…

Derrière ses lunettes rondes d’institutrice style vieille fille rangée, Rose se rend insoupçonnable, fondue dans le décor du Musée parisien du Jeu de Paume, pendant l’Occupation allemande (1939-1945).

De ce grand réservoir de chefs d’œuvre qu’est Paris, Hitler et Goering comptent bien profiter.

Réquisitionné par les nazis, le musée du Jeu de Paume est alors lieu de transit et d’entrepôt des œuvres d’art spoliées par l’Einsatzstab Reichsleiter Rosenberg (ERR).

Rose Valland, assistante du musée reconnue pour son sang-froid et sa mémoire, se voit confier la discrète mission d’y observer les méthodes des Allemands et de leur ERR.

Goering, bras droit d’Hitler et collectionneur vorace toujours inassouvi, vient régulièrement faire son « marché parisien » parmi les collections d’œuvres confisquées notamment aux Juifs.

La quarantaine passée, toujours effacée mais bien présente et comprenant l’allemand, Rose même effarée se fait oublier. Au péril de sa vie et à la barbe des nazis, elle voit tout, note tout. Avec en tête l’idée de tout transmettre une fois la guerre finie.

Les titres, les artistes, les propriétaires, les origines et les destinations… rien ne lui échappe, au risque d’être fusillée ou déportée.

Reléguée à des tâches d’intendance, elle est témoin d’arrivages monstrueux de toiles et sculptures raflées dans les musées et collections privées de toute l’Europe.

Là, sa vie prend la tournure d’un destin national au service de l’art et de l’humain.

 

 

De son Isère austère, au Paris des Années folles…

Licenciée d’histoire de l’art et d’archéologie, assistante bénévole au Musée du Jeu de Paume à partir de 1932, Rose donne des cours de dessin et écrit dans des revues artistiques pour gagner sa vie.

Fille unique d’un maréchal-ferrant et d’une mère qui tient la maison avec poigne, elle est une élève brillante et appliquée dans son Isère natale. Inscrite à l’École normale pour devenir institutrice, elle s’intéresse surtout à l’art. Par le fusain et le pinceau, elle s’échappe d’un monde austère et convenu.

Après avoir étudié aux Beaux-arts de Lyon puis de Paris, Rose plonge à 24 ans dans le Paris des Années folles. Entre la frénésie de Pigalle et la bohème de St-Germain-des-Prés, elle se détache des conventions.

Et quand sa mère inquiète d’une possible débauche parisienne vient de l’Isère lui rendre visite, Rose fait bonne figure. Pour l’apaiser, elle l’emmène dans des salons de thé feutrés ou au théâtre, sans lui parler de cette beauté noire Joséphine Baker qui enflamme les nuits de la capitale.

À la déclaration de guerre, le patrimoine du Musée du Louvre est mis à l’abri hors de Paris. Quant au Musée du Jeu de Paume, Rose se charge d’éloigner à Chambord les plus belles pièces et met le reste en sûreté dans les sous-sols du musée.

Ainsi, par exemple la Mona Lisa de Léonard de Vinci quittant le Louvre et trimballée dans un brancard d’ambulance, parcourra 2 000 kms en six ans !

 

Écouter aux portes, fouiller les poubelles, l’espionne est à l’œuvre

Arrivant en France en 1940, Hitler, artiste raté, deux fois recalé aux Beaux-arts, s’empresse de proclamer que les biens des collections nationales et privées doivent être sous son contrôle. Ainsi, les confiscations vident presque la totalité des musées.

Goering, poulain mégalomane du Führer, a le champ libre pour piller l’inestimable butin qui transite par Le Jeu de Paume. Par exemple, pour sa 15e visite au musée, il se fait expédier pas moins de 90 caisses surtout de livres et de meubles.

Au fil du temps et avec l’appui de Jacques Jaujard, directeur des musées nationaux, Rose, résistante de l’ombre, affine sa mission d’espionne.

Dans ce Musée du Jeu de Paume investi par l’occupant, elle dresse l’oreille lors des appels téléphoniques, écoute aux portes quand des importants se réunissent. Dernière partie le soir, elle récupère dans les corbeilles à papier les carbones des employés de l’ERR, qu’elle recopie chez elle avant de les remettre en place, le lendemain à la première heure.

Elle renseigne la Résistance sur les trains qui transportent les œuvres afin qu’ils soient épargnés par les résistants.

A l’automne 1944, elle communique aux Alliés les noms des dépôts allemands et autrichiens afin d’éviter les bombardements, les sécuriser et faciliter la récupération des œuvres entreposées.

 

 

Capitaine Beaux-arts mène sa mission de justice jusqu’à sa mort

Sa compagne Joyce travaille à l’ambassade des États-Unis. Si ensemble dans leur petit appartement parisien, les deux femmes se donnent soutien et réconfort mutuels, face à la peur, aux restrictions, à la menace nazie…  il n’empêche que si quelque chose arrivait à Rose, Joyce serait elle aussi inquiétée.

Mais sans se laisser intimider, Rose continue d’espionner de plus belle… jusqu’à la Libération.

Dans l’exaltation de la liberté retrouvée, entachée cependant d’une épuration sauvage, Rose alors n’a de cesse de vouloir réparer ce qui peut l’être.

Comme une idée fixe et loin de toute vengeance, jusqu’à son dernier souffle, elle poursuit sa mission de justice consacrant ses forces à retrouver, récupérer, restituer le patrimoine volé par les nazis.

Surnommée capitaine Beaux-arts, elle est nommée capitaine au sein de la 1ère armée française (armée de Libération) tout en étant chef du Service de Remise en place des Œuvres d’Art (SROA). À ce titre, elle réside à Berlin et se rend dans les différentes zones d’occupation alliées d’où elle fait rapatrier un grand nombre d’œuvres.

Dans ce contexte, soucieuse d’agir à temps, elle court-circuite sa hiérarchie française pour confier sa liste secrète à James Rorimer, officier américain des Beaux-arts qui va permettre de retrouver dans un bunker de montagne à Berchtesgaden un butin entassé par Goering. Ce sont autant de sculptures, tableaux… qui seront rendus à leurs légitimes propriétaires.

Admirable espionne de l’ombre et active résistante, elle contribue ainsi à sauver 60 000 œuvres volées par les nazis.

Son action courageuse et héroïque lui vaut de nombreuses décorations françaises et étrangères.


Fresque peinte en hommage à Rose Valland dans son village natal.

 

Sources documentaires :
https://www.youtube.com/watch?v=iwDfsT7TL6Q&ab_channel=FranceCulture
https://www.youtube.com/watch?v=qgiEDkA5iJs&ab_channel=France3Rhône-Alpes
https://fr.wikipedia.org/wiki/Rose_Valland

Rose Valland L’espionne à l’œuvre
récit de Jennifer Lesieur – éditions Robert Laffont 2023

  

Retrouvez un aperçu de la vie de Rose Valland par France-Info Culture

 

 

Espionne-née, elle agit dans l’ombre pour rendre à la lumière les œuvres pillées

Se tenir dans l’ombre, observer en silence, voir tout et le noter en cachette, là est toute la force de Rose.

 Le contexte tourmenté, trouble et tendu de la guerre l’amène à être dans son élément.

Entre Scorpion et Lion, elle devient alors l’héroïne idéale au cœur de la razzia des œuvres d’art.

 En effet, elle doit se faire oublier mais rester curieuse, à l’affût des secrets et mystères tout en ayant un regard de lynx sur tout.

 En quelque sorte, elle sait être tapie dans l’ombre pour y voir clair et vite comprendre.

Agir efficacement hors des conventions avec une grande vivacité d’esprit est dans sa nature.

 Équipée d’un feeling hors pair, elle s’adapte toujours à l’imprévu et peut compter sur sa force intérieure surtout dans les situations dramatiques.

 Cultiver le secret et le hors norme jusque dans sa vie privée lui est aussi naturel.

 (Soleil-Mercure au Scorpion en III et IV ; ascendant Lion en sextil à Jupiter amas Lune-Neptune-Pluton en Gémeaux en X ; Mars en XII trigone à Uranus/Sagittaire ; opposition Saturne-Vénus au Sagittaire en IV à amas Gémeaux)

 

Hommage à Rose Valland qui sauvé un peu de la beauté du monde !

 

 

Merci à Virginie pour m’avoir offert le livre de Jennifer Lesieur
qui relate de façon captivante la vie de cette Résistante méconnue.

 


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