Considéré comme la première vedette du cyclisme français, il décroche un record inouï en 1891 : remporter Paris-Brest-Paris, soit 1200 km en moins de 72 heures, quasiment sans s’arrêter et sans dormir... et malgré 4 crevaisons et une chute !

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Charles TERRONT
(Né Charles TERON dit TERRONT)

né le 25 avril 1857 à neuf heures du soir (21h) à Saint-Ouen Seine-Saint-Denis 93
selon acte n° 41 – archives Municipales 93 en ligne – 1 E 54 vue 12/27

décédé le 31 octobre 1932 à Marseille 9e (quartier Sainte-Marguerite)

 

 

Charles Terront, le nez dans le guidon pour être champion…
et pour le pneu Michelin une révolution !

A l’aube du 6 septembre 1891, à Paris devant le siège du Petit Journal, une foule enthousiaste est venue voir partir la première grande course cycliste sans étape, Paris-Brest-Paris. On attend 400 concurrents mais seuls 206 prennent le départ. Les étrangers et les femmes en sont exclus.

Charles Terront est parmi les favoris. Depuis le printemps, il a été embauché par les frères Michelin, Edouard et André, pour tester leur innovation : le pneumatique à chambre à air qui se met en place avec un simple tournevis et en moins de 30 minutes, ainsi que le promet la réclame de la manufacture de caoutchouc de Clermont-Ferrand.

Ce coureur cycliste, qui s’est acquis dès 1879 un glorieux palmarès, tarde à accepter l’offre des Michelin, mais un déjeuner bien arrosé aura finalement raison de son hésitation.  

Pour cette course nationale organisée par Le Petit Journal, Charles chevauche une bicyclette Humber équipée de pneus Michelin démontables.

C’est à Guingamp que Terront se pose en futur vainqueur, quand son principal adversaire épuisé doit aller se coucher.

Grâce à son exceptionnelle obstination, son endurance physique hors du commun et son énergie à revendre, Charles Terront parvient à vaincre la fatigue, le sommeil, les avanies, l’adversité… Dans les villes traversées, la foule vient l’encourager.

Le troisième jour, après Mortagne, il heurte une branche d’arbre, tombe et casse une des manivelles de son vélo. Impossible de continuer. Il se met à pleurer, puis part vers le village voisin et frappe à la première maison où sont réunis des amis qui fêtent la course. Le propriétaire est un forgeron. Grâce à lui et à son entraîneur, Terront parvient à réparer avant de repartir de plus belle pour décrocher l’exploit et se bâtir un palmarès mémorable.

Tel Eugène Christophe qui forgera sa fourche de vélo et sa légende dans le Tour de France 1913.

Terront entre dans l’histoire du cyclisme et de Michelin, le 8 septembre après avoir parcouru 1 200 kilomètres en 71h22, à la moyenne de 17,590 km/h à l’aller et de 16,780 sur le chemin du retour, devançant de plus de huit heures le second Jiel-Laval.

Sur des routes sans bitume, à la merci d’obstacles et de clous… Charles Terront prouve sa supériorité physique et morale, et en même temps fournit aux frères Michelin une publicité en or. Industriels visionnaires et habiles communicants,  ils lancent leur publicité dès la fin de la course, tandis que Le Petit Journal en fait la une de son supplément illustré.

 

 

C’est grâce à sa simplicité de démontage et de réparation que j’ai gagné Paris-Brest.

 

Ainsi parle le vainqueur dans Vélo Sport dès la fin de la course, à propos du pneumatique de la firme Michelin, qui fait ensuite sa réclame avec une précision convaincante :

 Cinq crevaisons dues à DES CLOUS réparées en 3 heures ½, la nuit par des hommes fatigués.

Près de Saint-Brieuc, Ch. Terront fait changer sa chambre à air par des paysans.

 

Paris-Brest, et si c’était du gâteau ?

La course Paris-Brest-Paris a été abandonnée dans les années 1950 par manque de participants, mais elle subsiste pour les randonneurs.

Et si l’on demande un Paris-Brest au pâtissier, gageons qu’il ne va pas sortir sa bicyclette mais plutôt un gâteau en forme de roue de vélo.

Cette pâtisserie que l’on déguste encore un siècle plus tard, est un régal devenu classique. Il est fait de pâte à chou, de crème au beurre pralinée, garnie d’amandes effilées.

Il est né en 1910 des mains d’un pâtissier de Basse-Normandie inspiré par cette course cycliste et sur demande de Pierre Giffard créateur de l’épreuve.

 

Charles Terront, un impressionnant palmarès de 1879 à 1893

Fils d’un chaudronnier, Charles s’adonne au sport cycliste dès l’âge de 19 ans.

Taillé pour les efforts d’endurance, il excelle dans le demi-fond cycliste où il est champion de France en 1888 et 1889 et obtient trois fois un podium entre 1882 et 1887.

En 1893, il s’installe à Rouen, où il tient un commerce de cycles et d’automobiles.

En 1899, il refait Paris-Brest-Paris, mais cette fois en motocycle et il bat le record.


Charles Terront en 1922, sur sa Michaudine inventée par Pierre Michaux

 

 


(Logiciel AUREAS AstroPC Paris)

 

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