Prestidigitateur devenu cinéaste, son petit studio de cinéma à Montreuil est le premier du monde.

Méliès est le « père » des effets spéciaux et le premier réalisateur.

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Georges MELIES
(Né Marie Georges Jean Méliès)

Né le 8 décembre 1861 à zéro heure cinq minutes à Paris 3e

Décédé le 21 janvier 1938 à Orly

 

 

 

Fabricant de chaussures ? Peintre ?
Il préfère la magie et achète le théâtre de feu le magicien Robert-Houdin

Dans ce cliché, Georges Méliès a la trentaine et, dans ses yeux rieurs, on devine tout un univers de merveilleux prêt à s’échapper comme poudre de magicien pour enchanter le spectateur.

Il est né d’un fabricant de chaussures de luxe installé à Paris et, après ses études, son service militaire le conduit à Blois. Comme un signe du destin, c’est justement la patrie du prestidigitateur Robert-Houdin. Alors qu’il veut devenir peintre, il travaille un temps dans l’entreprise paternelle et y apprend un métier très utile pour la suite de sa carrière : mécanicien. Et pour perfectionner son anglais, on l’envoie en 1883 à Londres où il en profite pour apprendre la prestidigitation.

A son retour à Paris en 1885, il se marie avec une pianiste richement dotée et travaille comme journaliste ainsi que magicien dans des brasseries.

Puis, pour racheter à Paris, un théâtre de magie, à la veuve du magicien Robert-Houdin, il vend ses parts dans l’entreprise familiale. Devenu directeur de ce théâtre, il récupère notamment une dizaine d’automates. Il peut ainsi donner libre cours à sa nature d’illusionniste et déguisé en « Monsieur Loyal », il présente des spectacles de prestidigitation nés de son esprit très ingénieux et inventif. Le succès est rapide notamment par les automates aux gestes plus vrais que nature.

En créant en 1891 l’Académie de Prestidigitation devenue Chambre syndicale de la prestidigitation, il va donner ses lettres de noblesse à cet art et légitimer les magiciens ambulants considérés jusqu’alors comme des romanichels par la police. Méliès en est le président pendant une trentaine d’années.

 

Inspiré par le cinéma naissant des frères Lumière, il fonde le 1er studio de cinéma au monde

Il est invité le 28 décembre 1895 au sous-sol du grand Café, boulevard des Capucines à Paris, quand les frères Lumière présentent la première projection publique de cinématographe.

Georges Méliès saisit d’emblée tout ce qu’il peut faire du cinéma naissant et propose une offre d’achat aux frères Lumière. Mais la famille Lumière l’en dissuade, lui expliquant que le cinéma, nouveauté coûteuse, ne peut conduire qu’à la ruine !

Veulent-ils écarter un concurrent potentiel ?

Nullement découragé, Méliès achète le procédé des frères Isola et fonde sa propre société de production : Star Film. Moins d’un an plus tard, le 5 octobre 1896, il projette dans son théâtre des films inspirés de la vie courante grâce au kinétograph transformé bientôt en caméra.

Dans le jardin de sa maison de Montreuil, Méliès fait construire un petit studio de prises de vues qui est le premier au monde. Il mesure 17 mètres sur 66, sa toiture vitrée à 6 mètres du sol domine la scène, la fosse et la machinerie théâtrale.

 


Premier studio de cinéma à Montreuil

 

Ses talents d’illusionniste amènent le « mage de Montreuil » au cinéma de fiction

A la fois décorateur, machiniste, metteur en scène, acteur, opérateur, l’illusionniste tourne de nombreux films devant des décors inspirés de ses spectacles de magie. C’est ce qui lui vaut le surnom de « mage de Montreuil. »

Il veut renouveler l’intérêt du public, et pour cela, décide de tourner non pas des scènes de la vie quotidienne mais des fictions.

Un jour, alors qu’il filme la place de l’Opéra, la caméra tombe en panne ; l’opérateur répare aussitôt sans déplacer l’appareil, et la prise de vue continue. Mais la scène a changé et à la projection, Méliès s’aperçoit que l’autobus qui passait au début du film est devenu corbillard.

Le truquage est né.

Alors que son technicien veut jeter la pellicule, le cinéaste comprend l’intérêt comique de l’incident et choisit de faire du cinéma théâtral et spectaculaire.

 

Pionnier de la fiction, son génie de la mise en scène l’amène à la gloire puis à l’infortune

De 1896 à 1914, il réalise près de 600 petits films intitulés « Voyages à travers l’impossible ». Naïfs, mystérieux, enchanteurs, à la beauté poétique, ils durent quelques minutes et sont projetés dans les foires. Le Voyage dans la Lune sorti en 1902 est un véritable chef d’œuvre de truquages et d’innovations techniques. Premier grand film de 16 minutes, son succès est tel qu’il est exporté aux Etats-Unis.

 


Le Voya
ge dans la Lune en 1902

 

Pour Méliès, c’est la gloire mais la fortune, quant à elle, tarde à venir. Et comme il ne peut rivaliser avec les grosses sociétés de production, en 1911, il est contraint de céder à Pathé le contrôle éditorial de sa société Star Film. C’est ainsi qu’en 1913, il cesse toute activité cinématographique.

De 1915 à 1923, Méliès, avec l’aide de sa famille monte de nombreux spectacles dans ses studios cinématographiques transformés en théâtre. Mais poursuivi par un créancier, il doit revendre à Pathé sa propriété de Montreuil, transformée en cabaret d’opérette. Tous ses films sont vendus à des forains et disparaissent et Méliès, lui-même dans un moment de colère, brûle son stock de Montreuil selon sa petite fille, Madeleine Malthête-Méliès.

Ses films sont en majorité détruits soit pour être fondus afin d’en extraire l’argent ou vendus au poids et transformés en celluloïd pour fabriquer les talonnettes de chaussures destinées aux Poilus de la Grande Guerre.

 

 

Pauvre et oublié, il devient vendeur de bonbons à la gare Montparnasse

En 1928, on retrouve par hasard ce metteur en scène pionnier, devenu pauvre et oublié. Il vend des jouets et des bonbons dans une petite boutique de la gare Montparnasse. Entretemps, Georges Méliès a retrouvé une de ses principales actrices Jeanne d’Alcy qui tient boutique de sucreries et de jouets. Veuf depuis mai 1913, il se remarie avec elle et ils s’occupent ensemble du magasin.

Léon Druhot, directeur de Ciné-Journal le fait alors sortir de l’oubli. Les surréalistes découvrent son œuvre.

Grâce à des amis il est mis à l’abri du besoin, avec son épouse, dans la maison de retraite de la Mutuelle du cinéma, et il s’éteint dix ans plus tard en 1938.

Il est inhumé au cimetière du Père-Lachaise à Paris.

 

 

 


(
Logiciel AUREAS AstroPC Paris)


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