Exceptionnel comédien de théâtre et de cinéma,
il est aussi un artiste aux multiples talents :  peintre, sculpteur, potier, écrivain, metteur en scène, et… cascadeur

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Jean MARAIS

(né Jean Alfred VILLAIN-MARAIS)

Né le 11 décembre 1913 à 12h30 Cherbourg 50 Manche, selon état-civil
selon acte EC n°756 - Source : Marc BRUN

Décédé le 8 novembre 1998 à Cannes A.M. 06

 

 

 

Enfant turbulent, son parcours vers son rêve d’acteur est long et difficile

Il paraît être un descendant des héros de l’Antiquité avec son physique athlétique, blond, grand, au visage digne d’une statue grecque. Mais avant d’entrer dans la légende, il connaît des débuts difficiles jusqu’à sa rencontre avec Jean Cocteau qui lui ouvre une voie royale jalonnée de titres étincelants.

Jean Cocteau, résumant ce parcours jusqu’à la gloire, écrit :

Beaucoup de nos jeunes s’imaginent qu’on saute à pieds joints dans la gloire. Aucune route n’a été plus lente et plus raboteuse que celle de Jean Marais.

Fils d’un vétérinaire, il est élevé par sa mère, sa tante et sa grand-mère, en raison de la séparation de ses parents quand il a 4 ans. Sa mère est souvent absente et quand le petit Jean lui écrit, c’est sa tante qui inscrit l’adresse sur l’enveloppe. Il comprendra plus tard, que sa mère, kleptomane et aventurière, effectue des séjours en prison.

Durant sa scolarité parisienne ponctuée de carnets de notes truqués, d’expulsions, de faux certificats, il se montre un élève chahuteur, bagarreur, chapardeur et lui-même se qualifie de « monstre ».

Le rêve de Jean est de devenir acteur. En attendant, il devient retoucheur photographe à Paris, prélude à sa passion future pour la peinture.

A 20 ans, il commence comme figurant dans des films de Marcel Lherbier. Refusé au Conservatoire, en 1937, il suit gratuitement les cours d’art dramatique avec Charles Dullin, en échange de quelques figurations dans des pièces classiques. Ainsi à 24 ans, malgré plusieurs films à son actif, il demeure un anonyme de la profession.

 

Sa rencontre avec Cocteau en 1937 :
tremplin de son éblouissante réussite au théâtre et au cinéma

Ma rencontre avec Cocteau fut comme une seconde naissance : dira plus tard Jean Marais.

C’est à l’occasion d’une audition pour la mise en scène d’Œdipe Roi qu’il rencontre Jean Cocteau. Le cinéaste dramaturge, saisi par la beauté éclatante  et la grâce naturelle du jeune acteur en tombe amoureux. Ils demeureront amis jusqu’à la mort de Cocteau en 1963.

Cocteau donne à Jean Marais un rôle muet dans Œdipe Roi, car il ne maîtrise pas encore assez sa voix pour le théâtre. Il y apparaît vêtu de bandelettes, costume créé par Coco Chanel, amie de Cocteau.

Rapidement, Cocteau lui écrit une pièce sur mesure : Les Parents terribles. Sortie en 1938, elle vaut au jeune acteur d’être reconnu dans la profession. Puis il s’illustre dans d’autres pièces telle Les Chevaliers de la table ronde. Mais le cinéma tarde à s’intéresser à lui. Malgré les atouts de ce jeune premier romantique, l’acteur tâtonne.

Il accède enfin à la célébrité avec L’éternel Retour, écrit par Cocteau et filmé par Delannoy, où il incarne un superbe Tristan, aux traits d’une telle pureté qu’il conquiert le public féminin.

Jean Marais finit la Seconde Guerre dans la 2e D.B. avec laquelle il participe à la libération de Strasbourg. Son comportement  au combat lui vaut la médaille militaire.

A partir de 1946, Jean Cocteau lui confie les plus beaux rôles de sa carrière de héros romantique tel ce Prince charmant et la Bête, terrifiante et pitoyable qui se meurt d’un amour impossible dans La Belle et la Bête. Ensemble, l’élève et le pygmalion laissent quelques-uns des chefs d’œuvre du théâtre et du cinéma français : l’Aigle à deux têtes, Orphée et le testament d’Orphée

 

Justicier cascadeur, bondissant avec cape et épée à partir de 1960

A la fin des années 50, Jean Marais, jusque là considéré comme un acteur « intellectuel », change de registre et conquiert un nouveau public par ses rôles de cape et d’épée.

Le voilà en justicier, à l’athlétique silhouette, bondissant l’épée à la main pour défendre les plus justes causes, tels Le Comte de Monte Christ, le Capitaine Fracasse, Le Capitan, Le Bossu, Le Masque de fer, Le miracle des loups… Il tourne, sans doublage, les scènes  les plus spectaculaires et les plus dangereuses.

Je n'arrivais pas à faire certaines choses en répétitions que je réussissais au moment de la prise. Par exemple, je devais monter sur un cheval sans toucher les étriers. Au "moteur, partez", je me suis envolé et me suis retrouvé sur le cheval." 

La série des Fantômas (1964-1966) lui apporte un nouveau succès et là, encore, il réalise lui-même ses propres cascades. Puis considérant que le cinéma est fini pour lui, il se consacre au théâtre et à la conservation fidèle de la mémoire de Jean Cocteau.

En 1970, Peau d’âne est son dernier grand rôle où il donne la réplique à Catherine Deneuve.

Il se retire dans le midi où il se consacre à la poterie, la peinture, la sculpture et le théâtre, avant de mourir à Cannes le 8 novembre 1998.

En tant qu’acteur, il laisse une œuvre gigantesque : près de 100 films de cinéma et 10 pour la télévision, 38 pièces de théâtre et on le retrouve metteur en scène pour une dizaine de pièces.

Il déclarait en 1986 : "Ce qui compte pour moi, c'est de m'amuser, ça me plait, je le fais, ça ne me plait pas, je ne le fais pas. On dit que l'âge donne la sagesse, mais la sagesse n'a rien à voir avec le sérieux. Et je n'ai pas envie de l'être."

La Poste l’honore dans une plaquette de 6 timbres, sortie en octobre 2012 et dédiée aux acteurs de cinéma.

 

 


(
Logiciel AUREAS AstroPC Paris)


 

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