Poétesse maudite et oubliée, coqueluche de milieux artistiques des « années folles », elle déclare un goût singulier pour l’amour des femmes et des stupéfiants.

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 Mireille HAVET
Née Mireille Clara Léoncine HAVET

 Née le 4 octobre 1898 à 4h30 du matin à Médan 78 Yvelines
Selon acte n°9 AD78 – NMD 1893-1902 – 4 E 4941 via Marc Brun

 Décédée le 21 mars 1932 au Sanatorium de Montana Suisse

 

 

Une fille comme toi mérite la première place.

63 ans après sa mort, une valise livre son journal intime

Je fus très jeune libre d’agir… selon les hasards autoritaires des rencontres et des livres.

Aller droit à l’enfer par le chemin même qui le fait oublier.

Une diablesse séductrice hors de toute norme

 

 

Une fille comme toi mérite la première place.

Par ces mots Jean Cocteau jauge le talent de cette jeune poétesse.

Incarnée dans un destin fulgurant qui la mène de la brillante étoile du génie littéraire à la boue d’un enfer drogué, avant de s’éteindre dans un sanatorium telle une déesse crucifiée à l’âge de 33 ans.

Celle que son mentor Guillaume Apollinaire surnomme La petite Poyétesse sera un temps la coqueluche des milieux artistiques et littéraires des Années folles, tant elle fascine femmes et hommes par son homosexualité revendiquée et ses amours libres.

Sa belle plume d’adolescente trempée dans l’encre du charme et de la vivacité fascine son entourage si bien que son 1er poème est publié dans la revue d’Apollinaire Les Soirées de Paris en 1913. Puis, Le Figaro et Le Mercure de France font connaître la jeune poétesse.

Elle a 14 ans.

 

63 ans après sa mort, une valise livre son journal intime

La brièveté de son œuvre et sa courte vie font tomber sur elle le silence jusqu’à ce jour de 1995 où une vieille valise dans le grenier de sa maison familiale livre un trésor de papiers : le journal intime que Mireille Havet a tenu de 1913 à 1929.

Extraordinaire et monumentale, cette trouvaille - 17 cahiers - impressionne par le style, la liberté de ton où l’auteure décrit sa « vie de damnation, une vie de guet et d’attente, de songe et d’outrance, une vie aimantée par son goût singulier pour l’amour des femmes et des stupéfiants ».

Ce journal est édité en plusieurs tomes par Claire Paulhan de 2003 à 2012.

 


Plaque de la place Mireille Havet à Paris 11e

 

Je fus très jeune libre d’agir… selon les hasards autoritaires des rencontres et des livres.

Née d’un père artiste-peintre dans une famille bourgeoise, désargentée et plutôt bohême, elle vit dans une ambiance intellectuelle et artistique, « faite d’aimable dilettantisme, de mondanités modestes, de pauvreté plus ou moins insouciante, adossée au solide rempart de bonne origines bourgeoises ».

C’est aussi ce réseau familial qui ouvrira à la jeune femme les portes de la vie mondaine et artistique des Années folles.

Mireille a 9 ans quand sa famille déménage à Paris.

La mort de son père en 1913 après des années d’internement psychiatrique laisse Mireille, sa sœur et sa mère dans une grande détresse morale et financière.

« Je fus très jeune libre d’agir et de choisir selon mes goûts et surtout les hasards autoritaires des rencontres et des livres. Cette liberté me fut pour ainsi dire concédée avec le terrible rôle de prodige. »

En effet, elle est réputée écrivaine prodige quand paraît son conte fantastique, La Maison dans l’œil du chat préfacé par Colette.

Elle suscite l’admiration et le Tout-Paris littéraire semble avoir trouvé en elle sa mascotte dotée d’une liberté d’esprit et d’un tempérament hors normes.

Ce tempérament révolutionnaire qu’elle décrit dans son journal en 1922 :

 « Aller au-devant, rompre, ne rien admettre, détruire et rejeter tout ce
qui, même de très loin, menace une seconde l’indépendance, voici mes lois.
Ce n’est pas exactement une politique de conciliation,
c’est exactement une révolte.
Je ne mangerai pas de votre pain.
Je serai abracadabrante jusqu’au bout »

 

 

Aller droit à l’enfer par le chemin même qui le fait oublier.

Pendant la Première Guerre mondiale, elle mène une vie dissolue entre pauvreté, drogue et de nombreuses conquêtes homosexuelles.

Prodige flamboyant du Paris littéraire qu’elle envoûte, elle grenouille aussi dans le monde souterrain des noctambules où l’on croise fumeurs d’opium et libertins.

Elle rencontre les grandes figures du Paris Lesbien et homosexuel.

Au fil des ans et des excès, elle se marginalise et finit par promener une silhouette étiolée voire diaphane au point d’être plus vraie que nature dans le rôle de la Mort que Cocteau lui attribue dans sa pièce Orphée en 1926.

Elle devient dépendante à la drogue qu’elle veut de plus en plus puissante comme une réponse de chaque jour en surenchère aux blessures de sa vie.

Inexorable déchéance qui ruine ses finances et sa santé au point qu’on lui diagnostique une tuberculose en 1928.

Un de ses oncles finit par lui payer un séjour au sanatorium de Montana en Suisse où elle meurt à 33 ans.

« Vie d’acrobate que la mienne, entre la mort et la poésie suspendue, retenue par un fil toujours, et un fil d’araignée qui fait peur plus d’une fois à ceux qui me regardent »

 

Sources documentaires :
https://www.radiofrance.fr/franceculture/lisez-le-journal-de-mireille-havet-figure-eblouissante-et-tragique-du-paris-lesbien-des-annees-folles-2307409
https://fr.wikipedia.org/wiki/Mireille_Havet

 

 

Une diablesse séductrice hors de toute norme

Comme une magicienne prodige, en elle s’incarne le goût de l’art et l’art de l’amour qu’elle défriche à sa guise entre jouissance et douleur mêlées.

 Il lui est donné cette naturelle indépendance d’esprit qui la pousse à explorer avec certitude l’inconnu de la nature humaine hors de toutes conventions.

 La perfectionniste Vierge lui donne l’exigence inassouvie de détailler les mots sortis de son esprit critique et révolutionnaire.

 D’elle émane un magnétisme irrésistible de séductrice dont elle maîtrise l’art, prise qu’elle est dans son tourbillon descendant aux enfers.

 Femme libre et diabolique à la fois, elle a besoin de se mettre en scène mais forcément à contre-courant des normes.

 En météore, elle lègue au monde des lettres un héritage expiatoire puisé dans le magma instinctif de la nature humaine.

(Soleil-Jupiter/Balance en I et II recevant trigone de Pluton ; Mercure en domicile en Vierge ; Vénus maîtresse du Soleil au Scorpion conjointe à Uranus-Saturne /Sagittaire en III ; Mercure, Pluton, Neptune prédominants ; signes mutables et élément air sont prédominants…)

 

 

Honneur à Mireille Havet à l’œuvre douloureusement écourtée !

 

 

Merci à Marc Brun pour ce signalement

 


Logiciel Auréas Astro PC Paris

 

 


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