Quand il crée le mot « télécommunications » en 1904, il préfigure une véritable révolution sociale !
Du téléphone au roman, voici le parcours atypique d’un ingénieur doublé d’un homme de plume.

 

télécharger cet article

 

Édouard ESTAUNIÉ
né Louis Marie Édouard ESTAUNIÉ

Né le 4 février 1862 à 1h du matin à Dijon Côte-d’Or 21
Selon acte n°81 – AD21 en ligne – 5MI 9R  247 - vue 25/439

 Décédé le 2 avril 1942 à Paris

 


Édouard Estaunié en 1923

 

D’abord et avant tout, j’ai appris à travailler

Directeur de l’École des Postes, il la réforme vers la voie de l’excellence

Après l’Armistice, il réorganise Postes et Télégraphes en Alsace-Lorraine

Démissionnaire de la fonction publique, il devient à 57 ans, romancier à temps plein.

Un ingénieux précurseur branché sur l’Invisible

 

 

D’abord et avant tout, j’ai appris à travailler

Édouard Estaunié ne connaîtra jamais son père, un brillant ingénieur des Mines décédé juste avant sa naissance, mais dont il portera le prénom.

Et comme un héritage, à 22 ans il devient à son tour ingénieur polytechnicien.

D’abord et avant tout, j’ai appris à travailler écrira-t-il à propos de cette École.

En quête de situation, il candidate au concours des Télégraphes en 1885, puis par relations et un peu de chance, il devient ingénieur des Télégraphes à 24 ans. Après un début à Limoges, sa carrière sera parisienne.

Pour mesurer les courants électriques dans les lignes téléphoniques, le dispositif qu’il invente est si astucieux et performant qu’il décroche la médaille de bronze à l’Exposition universelle de 1889, année où surgit la Tour Eiffel dans le ciel parisien.

A cette occasion, Thomas Édison industriel avisé, repère vite l’invention conçue et réalisée par Estaunié et dira à propos de ce dispositif présenté à l’Exposition : Le seul objet digne d’y figurer !

 

Directeur de l’École des Postes, il la réforme vers la voie de l’excellence

Nommé directeur de l’École Professionnelle des Postes et Télégraphes en 1901, Estaunié espère une charge moins lourde pour avoir la liberté d’écrire… A vrai dire, Alexandre Millerand ministre des Postes et Télégraphes et futur Président de la République, lui attribue ce poste mais compte bien fermer cet établissement l’année suivante.

Dans l’urgence du moment, Estaunié s’emploie à protéger et réformer cette École où il se charge d’enseigner le cours sur les appareils de télégraphie et de téléphonie, tout en renouvelant largement l’effectif des enseignants.

Convaincu qu’il lui faut associer désormais téléphone et télégraphe, l’enseignant Estaunié décide d’ajouter au dictionnaire existant le mot nouveau « télécommunications » qui résulte du grec télé (à distance) et du latin communicare (partager, être en contact).

Annoncé dès 1903, approuvé par la critique et vite adopté à l’international, ce terme inventé par Édouard Estaunié est le 1er jalon d’une évolution technologique qui révolutionne les contacts sociaux, de décennie en décennie.

 


Timbre français de 1962, en l’honneur du centenaire de la naissance d’Estaunié

 

Inviter des scientifiques de renom tels que Paul Langevin, Pierre Curie, Henri Poincaré… pour donner des conférences aux élèves, est une des pistes de réforme lancées par Estaunié.

Ainsi, c’est à l’École des Postes que Pierre Curie fait sa 1ère conférence parisienne sur le radium qu’il vient de découvrir avec son épouse Marie Curie.

Séance inoubliable relatée par la presse, tant le conférencier est simple, paisible, cordial, relatant avec une clarté souveraine le résultat de ses travaux ponctués d’expériences magnifiques et impressionnantes… Estaunié ne reverra jamais ce porteur de lumière qui mourra moins de deux ans après, happé par une voiture à chevaux.

Autre idée novatrice du directeur : introduire des enseignements de langues étrangères et de culture générale, il assure lui-même un cours libre d’histoire de l’art et emmène ses élèves au Louvre le dimanche matin.

En quelques années, Estaunié impulse un mouvement qui conduira l’École des Postes à un niveau d’excellence, sous la dénomination à partir de 1943, d’École nationale supérieure des télécommunications.

 

Après l’Armistice, il réorganise Postes et Télégraphes en Alsace-Lorraine

En 1905, il quitte ce poste à contrecoeur pour devenir directeur du Matériel et de la Construction des postes et télégraphes puis à partir de 1909, directeur de l’Exploitation téléphonique.

A ce poste, les défis à surmonter ne manqueront pas : l’incendie du central téléphonique Gutenberg qui est à reconstruire, puis les inondations de la Seine qui coupe 6000 lignes téléphoniques, les grèves insurrectionnelles des fonctionnaires du ministère… sans compter l’organisation de la Conférence Internationale des Administrations des Postes et Télégraphes.

Lors de cette conférence, il lui faut lutter contre les délégués allemands qui réclament le transfert à Berlin des étalons électriques conservés à Sèvres.

Des missions à l’étranger (Italie, Yougoslavie, Angleterre…) lui sont aussi confiées pendant cette période.

En 1911, il donne sa démission pour se consacrer à l’écriture.

Mais la guerre le rattrape et le voilà mobilisé dans la télégraphie militaire en tant que lieutenant-colonel détaché en Flandre auprès de l’armée britannique.

Avec l’armistice et le retour de l’Alsace et de la Lorraine, il est chargé de réorganiser les Postes et Télégraphes dans les provinces libérées, à nouveau sous l’autorité d’Alexandre Millerand (Commissaire général de l’Alsace).

 

Démissionnaire de la fonction publique, il devient à 57 ans, romancier à temps plein.

Vivant une relation fusionnelle avec sa mère, ce bourgeois à la vie mondaine dans le monde littéraire et artistique de Paris, se marie seulement en 1916 à l’âge de 54 ans avec l’épouse d’un ami décédé.

En 1919, la vie de littérateur à temps plein s’ouvre à lui par sa démission définitive de la fonction publique.

Au-delà de sa carrière scientifique, il est un homme de plume depuis l’âge de 29 ans, par le roman Un Simple dédié à Guy de Maupassant (1850-1893). Il sera l’auteur de plus d’une vingtaine d’ouvrages dont la notoriété dépasse les frontières.

Les sciences occultes le passionnent à l’instar de beaucoup de scientifiques de son époque.

Dans son journal, il décrit les nombreuses manifestations de spiritisme qu’il vit notamment par des contacts quotidiens avec sa mère décédée. Il pratique l’écriture automatique avec feu Guy de Maupassant, réécrivant avec lui certains passages de ses futurs romans.

Cet aspect du personnage Estaunié est dans le droit fil de son invention du néologisme « télécommunications », que son auteur définit comme la transmission à distance de la pensée par l’électricité !

En 1908, le Prix du Journal La Vie Heureuse – devenu Prix Femina – lance sa carrière de romancier auprès du grand public.

 


Autographe d’Édouard Estaunié

 

L’Académie française l’accueille sous ses ors en 1923, mais dans les dernières années de sa vie, la maladie l’empêche de participer aux travaux de cette institution.

La quête de la foi catholique occupe la fin de son existence avant de mourir en chrétien selon le père mariste Thoral qui l’assiste dans ses derniers jours.

 

 

Sources documentaires :
https://journals.openedition.org/sabix/1001
https://fr.wikipedia.org/wiki/Édouard_Estaunié

 

 

Un ingénieux précurseur branché sur l’Invisible  

Entre Verseau et Scorpion, les communications par la voie de l’invisible semblent naturelles pour l’esprit visionnaire d’Édouard Estaunié.

L’invention du  mot « télécommunications » témoigne de son âme de précurseur qui révolutionne pour le bien du devenir humain.

Il lui faut créer des liens, agir en intermédiaire pour établir ou rétablir des contacts entre humains.

C’est justement l’objet de sa fonction à la tête de l’École des Postes et Télégraphes, et aussi lorsqu’il lui faut gérer des défis matériels d’importance (incendie, inondation, grève…).

Quoi qu’il arrive, cet homme d’avant-garde à l’ingéniosité imaginative, n’est pas fait pour une vie paisible et pantouflarde. Il a vite fait le tour des choses et a besoin de passer sans cesse à d’autres défis même s’ils paraissent parfois, subis.

Communiquer par les ondes, en explorer les mystères, est son domaine et ce n’est pas de tout repos, tant il a besoin de s’exprimer dans la tension créative, qu’elle soit par la plume de l’écrivain ou à travers la technique des télécommunications.

Et en fin de vie, sa quête de la foi catholique témoigne de sa curiosité naturelle pour tout ce qui relève de l’Invisible.

 

Hommage à Édouard Estaunié qui a servi son époque par les télécommunications et la littérature.

 

 

Merci à André de m’avoir fait connaître cet ingénieur-écrivain par les timbres

 

 


(
Logiciel AUREAS AstroPC Paris)

 

En astrologie, qu’est-ce qui prédispose à devenir scientifique ?

Pour en savoir plus consulter le lien :

https://www.janinetissot.com/2020/04/17/les-scientifiques/

 

Retrouvez l'acte sur les Archives Départementales Françaises en ligne

haut de page