Cet homme au parcours exceptionnel est le 1er et le seul maire de couleur en France métropolitaine à Sablé-sur Sarthe de 1929 à 1940

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Raphaël ELIZE

(Jean Marie Joseph Raphaël Elizé)

Né le 4 février 1891, à six heures trente du matin, au Lamentin Martinique
Source AD Martinique en ligne

Décédé le 9 février 1945 à Buchenwald en Allemagne

 

 

 

Fils d’un receveur des finances, Raphaël débarque en métropole à 11 ans. Ses parents ont fui Saint-Pierre juste avant l’explosion catastrophique de la montage Pelée qui fait 30 000 morts le 8 mai 1902, et détruit totalement cette ville, alors préfecture de Martinique.

Après ses études dans des lycées parisiens, il intègre en 1910, l’école vétérinaire de Lyon, (initiée par Claude Bourgelat). Raphaël en sort diplômé, un mois avant le déclenchement de la Grande Guerre.

Affecté dans l’infanterie coloniale, il sert comme soldat puis comme vétérinaire et son courage lui vaut la Croix de Guerre.

Alors que ses parents regagnent les Antilles, il s'installe dans la Sarthe, où le besoin en vétérinaires est important.

La politique le passionne et c’est en 1924 qu’il adhère à la section locale de la SFI, (parti politique socialiste). D’abord conseiller municipal, il est maire de Sablé en 1929, devenant le premier et le seul maire de couleur en France métropolitaine.

Il le reste jusqu’en 1940, date à laquelle l’occupant le destitue pour motif racial car « Il est insupportable à l'administration militaire et à l'armée allemande de reconnaître comme maire en territoire occupé un homme de couleur, ni de discuter avec lui » selon le texte de la Feldkommandatur du Mans.

Pour lui, obtenir un mandat de maire est un véritable exploit à cette époque de montée de l’intolérance. En visionnaire, et bien avant le Front populaire, il pratique une politique sociale très marquée. La ville s’embellit et se modernise : maternité, école communale pour les filles, cantine communale, terrain de football, ainsi que la 1ère piscine homologuée de l’ouest de la France …

Favorable à cette langue internationale qu’est l’espéranto (voir Elisée Reclus), il contribue à la création d’un groupe espérantiste, de cours d’espéranto et forme le vœu qu’il soit enseigné, développé et introduit progressivement dans les programmes scolaires.

D’abord mobilisé, en septembre 1939, comme vétérinaire à Hirson dans l’Aisne, il est démobilisé en 1940. De retour à Sablé, il presse le préfet de lui redonner ses fonctions de premier magistrat. L’occupant le lui refuse au titre de sa couleur de peau, devenue incompatible avec une charge de maire.

Destitué, Elizé reprend son métier et participe activement à la Résistance notamment en fournissant des informations glanées lors de l’exercice de son métier.

Dénoncé et arrêté en septembre 1943, il est emprisonné en France avant d’être finalement déporté dans le camp de concentration de Buchenwald le 17 janvier 1944.

Grièvement blessé lors du bombardement allié de l’usine d’armement, le 9 février 1945, il décède à Buchenwald le soir même.

En son honneur, la place de la mairie de Sablé porte son nom depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Une place lui est également dédiée au Mans depuis 2011.

Le producteur Olivier Roncin prépare un film pour la télévision, consacré à cet homme mémorable.

 

 

Un timbre postal à son effigie est sorti le 18 février 2013.

 

 

 


(
Logiciel AUREAS AstroPC Paris)


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