Henri DELPORTE
Né le 5 mars 1920 à 16h à Tourcoing 59 Nord
Selon Didier Geslain et acte n°392 – AD59 en ligne - 3 E 16191 – 1920 – vue 101/305
Décédé le 13 mai 2002 à Lézigneux Loire 42
On buvait les paroles du Poutch !
Une femme de la Préhistoire le rend célèbre : La Vénus de Tursac
Il œuvre à rapprocher musée et recherche
Un fouineur d’histoire humaine, entre ténèbres et lumières |
On buvait les paroles du Poutch !
Ses élèves du Collège de Montbrison s’en souviennent encore quelque soixante ans plus tard !
On s’asseyait et on l’écoutait.
Avec sa grande blouse blanche, les mains dans le dos, professeur d’histoire et de géographie, il racontait l’Antiquité romaine avec plein d’anecdotes, en faisant des allers-retours devant les élèves pendant toute l’heure de cours. Et à la sonnerie, sa consigne était simple : Vous copierez le résumé du livre !
On a peu ouvert le livre d’histoire.
Le propos de celui qu’on surnommait Le Poutch était si intéressant qu’on buvait ses paroles ! C’était extraordinaire !
Par exemple : Dans l’Antiquité, se lever du pied gauche était de si mauvais augure qu’il valait mieux se recoucher !
Pour prendre une décision importante, l’homme antique dessinait un rectangle imaginaire dans le ciel. Si un oiseau arrivait par la droite, c’était bon, sinon il fallait renoncer !
Descendu du Nord et arrivé à 30 ans à Montbrison, après un poste à Arras, ce jeune instituteur devenu professeur d’histoire et géographie y enseigne pendant 15 ans jusqu’en 1965. Entretemps, il devient naturellement actif membre de La Diana, Société Historique et Archéologique du Forez.
Tombé dans l’archéologie à 20 ans grâce à Louis-René Nougier, la recherche de terrain le passionne au point d’y entraîner sa famille qui, sitôt les vacances venues, file en caravane en direction des grottes.
Licencié ès-lettres et diplômé d’Études supérieures d’archéologie préhistorique, Henri Delporte est habité à vie par cette passion qu’il partage avec la rigueur du professionnel.
Ainsi, le jeudi après-midi, jour de congé hebdomadaire, il emmène quelques élèves recoller des tessons de poteries entassés dans les caisses de La Diana, observer les fouilles du site antique de Moingt, ou apprendre à mesurer le débit des rivières au bord du Vizézy…
L’abri du facteur où a été trouvée la Vénus de Tursac
Une femme de la Préhistoire le rend célèbre : La Vénus de Tursac
Son travail de terrain est rigoureux, il a soif d’apprendre et met toute son énergie pour montrer aux autres comment vivait l’homme préhistorique.
Ses fouilles à la grotte des Fées sur le site préhistorique de Châtelperron (Allier) éclairent les connaissances sur les périodes successives du Paléolithique (*).
Mais c’est en Dordogne à Tursac en 1959, dans un abri sous roche - L’abri du Facteur - qu’il découvre la statuette préhistorique qui va le rendre célèbre. Baptisée Vénus de Tursac, elle est une des plus anciennes représentations du corps. Dès lors Henri Delporte consacre des études sur les statuettes humaines du Paléolithique centrées souvent sur le corps féminin.
Selon lui : la forme féminine étant parfaitement légitime,
Puisqu’elle assure le renouvellement et la persistance de l'espèce.
Membre de la Société préhistorique française présidée un temps par l’abbé Breuil, il tisse des liens avec ses confrères tchèques et russes pour faire découvrir par des publications, leurs travaux aux scientifiques français.
(*) Le paléolithique débute avec l'apparition des premiers hommes (genre Homo), il y a environ 3 millions d'années, et se termine il y a 10 000 à 12 000 ans, avec l'avènement du mésolithique, période de transition avec le néolithique. (Source : Wikipédia)
Statuette Vénus de Tursac Dordogne
Il œuvre à rapprocher musée et recherche
Reconnu comme spécialiste incontesté du paléolithique, à 40 ans il intègre en 1960 le Conseil National de la Recherche Scientifique (CNRS) avant de diriger le Musée des Antiquités Nationales (MAN) à Saint-Germain-en-Laye à partir de 1984.
Dès lors, il en facilite l’accès et l’utilisation des collections pour les étudiants et chercheurs.
La passion du paléolithique chevillée au corps, il encourage en France les recherches sur cette période de la Préhistoire et organise de nombreuses expositions.
Nommé inspecteur général des musées de France en 1985, il prend sa retraite deux ans plus tard.
Tout au long de sa vie entre 1953 et 1984, il s’adonne aux fouilles de terrain notamment en Saône-et-Loire, Haute-Loire, Dordogne … puis dans les Landes à Brassempouy. Là, il relance les fouilles et renouvelle l’intérêt de ce site où il guidera en 1983 le président Mitterrand venu en visite.
À propos du site contesté de Glozel dont Fradin découvreur affirme l’authenticité, Henri Delporte indique : Si c’était vrai, cela remettrait tout le savoir en cause. La seule certitude de notre science, c’est qu’on n’est jamais sûr de rien.
Henri Delporte avec François Mitterrand lors de la visite de Brassempuy
Crédit photos copie d’original : Louis Forissier
Vénus paléolithique trouvée en 1911 à Laussel (Dordogne)
Un fouineur d’histoire humaine, entre ténèbres et lumières
Fouiner les mystères de l’histoire humaine est inscrite dans ses gènes.
Henri Delporte, en humaniste chercheur passe sa vie à prospecter l’héritage des ancêtres, à en gratter les traces dans la terre avec persévérance pour les mettre ensuite en lumière au profit de tous.
C’est pourquoi le paléolithique devient sa priorité car il est alors au plus près des origines de l’homme sur terre.
En précurseur intuitif, il incarne un bel exemple du feu léonien prométhéen qui éclaire la connaissance afin d’instruire la communauté humaine chère aux Poissons.
(Soleil-Uranus-Poissons en VII et VIII ; ascendant Lion avec Jupiter-Neptune en XII)
Comme une cocasserie du destin, c’est une statuette féminine qui lui confère la notoriété, lui qui a Vénus et Lune en difficulté dans son thème !
Du petit détail à la généralité,
De l’analyse, à la synthèse claire (axe Vierge-Poissons),
De la fierté personnelle, à la pédagogie généreuse (axe Lion-Verseau),
Des ténèbres des cavernes, jusqu’à la notoriété étincelante,
Henri Delporte s’est fait ardent passeur d’histoire.
Hommage à ce savant qui a mis sa passion au service de l’humanité !
Merci à Louis Forissier pour son témoignage et son article de presse Le Progrès du 1er septembre 2012.
Merci à André pour son témoignage.
(Logiciel AUREAS AstroPC Paris)
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