Associé à son cousin Alphonse Kahn, il ouvre un magasin de nouveautés « Aux Galeries Lafayette » fin 1893. L’affaire prospère puisque trois ans plus tard, la société achète la totalité de l’immeuble, pour aboutir fin 1912 à l’inauguration du grand magasin des Galeries Lafayette, sur le toit duquel Jules Védrines pose son avion en janvier 1919.

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Théophile BADER

Né le 24 avril 1864 à 13 heures (une heure du midi) à Dambach-la-Ville 67 Bas-Rhin
Selon acte n°34 - AD67 en ligne - 4 E 83/8 - nais. 1864 - page 10/27

Décédé à Paris le 16 mars 1942

 

 

Brillant étudiant, il est fasciné par le commerce

Ses parents alsaciens, petits commerçants juifs très attachés à la France après la guerre de 1870, envoient leur fils Théophile âgé de 10 ans, étudier comme interne au lycée de Belfort. Brillant élève, doué en mathématiques, il décroche tous les prix de sa classe, puis se lance dans les affaires.

Il a 29 ans quand le 13 décembre 1893, avec son cousin Alphonse Kahn, il ouvre une boutique de nouveautés dans une petite mercerie de 70 m², située à l’angle de la rue La Fayette et de la rue de la Chaussée d’Antin, à Paris.

L’Opéra et les grands boulevards sont proches ainsi que la nouvelle gare Saint-Lazare où vont arriver les riches familles provinciales venues dans le Paris de la Belle Epoque faire des emplettes du dernier chic.

Dans ce magasin, on trouve des articles de mercerie, tissus, dentelles, rubans, et les dernières nouveautés de la mode. Les clientes, qui circulent dans des allées entre les rayons, peuvent toucher, essayer, comparer librement les prix, car l’assortiment est large et varié, et les tarifs sont affichés.

 
Source : http://commons.wikimedia.org/wiki/File:Galeries_Lafayette,_Paris,_1914.jpg?uselang=fr

 

Un “bazar de grand luxe dont l’abondance et le luxe des marchandises tourneraient la tête aux clientes“.

Telle est l’idée de Bader quand, la prospérité vite venue, sa société achète en 1896, la totalité de l’immeuble du n°1 de la rue Lafayette et, en 1905, les bâtiments du boulevard Haussmann.

En 1909, l’agrandissement dans la rue de la Chaussée d’Antin se fait grâce au prêt accordé par un ami alsacien lui aussi, Ernest Wertheimer qui est à la tête des « Cosmétiques Bourjois »

Théophile Bader, qui veut que son grand bazar enchante la clientèle par la beauté et le luxe, confie l’agencement du vaste ensemble au célèbre architecte Georges Chedanne. Toutefois la fameuse coupole sera l’œuvre de Ferdinand Chanut, élève de Chedanne.

Les 47 800m² de surface bénéficient d’une grande luminosité grâce à de nombreux vitraux tandis que l’intérieur raffiné, avec balcons, coupole, rampes et balustres a des allures de grand palace.

Ainsi, en l’espace de moins de dix ans, par le remarquable don de commerce de Bader, les Galeries Lafayette passent de la petite boutique à l’immense grand bazar, en plein cœur de la capitale. Inauguré en octobre 1912, ce grand magasin propose 96 rayons, salon de thé, bibliothèque, salon de coiffure… répartis sur cinq étages.

Entrepreneur conquérant et visionnaire, Bader possède, dès 1899, ses propres ateliers de fabrication et de confection car les Galeries Lafayette ont leur propre marque de vêtements « Eversmart ».

Attentif au bien-être de ses employées, il crée aussi une crèche pour les enfants, une caisse de secours (1899) et une caisse de retraite (1909).

Son grand magasin est l’un des premiers à vendre du prêt-à-porter, copie de modèles haute-couture. Et sur la façade de la rue Lafayette, il fait accrocher un calicot :

« Les Galeries Lafayette, maison vendant le meilleur marché de tout Paris ».

 


Théophile Bader et son épouse en 1919.

Le 19 janvier 1919, l’aviateur virtuose Védrines réussit à poser son avion sur le toit des Galeries Lafayette du Boulevard Haussmann et empoche la prime de 25 000 francs offerte par la direction du magasin, mais doit payer 16 francs d’amende pour avoir survolé Paris et atterri dans un endroit interdit !

 

Bader diversifie son offre et ajoute de nouveaux rayons  pour la confection homme, l’ameublement, les jouets, les arts de la table…

En août 1923, il présente à son ami Ernest Wertheimer, une couturière qui révolutionne la mode féminine depuis une dizaine d’années, c’est Coco Chanel. Wertheimer - propriétaire de Bourjois - prendra la tête de la nouvelle société des parfums Chanel.

 

 

Bader a 68 ans, quand, infatigable et insatiable, il crée en 1932, une chaîne de magasins de moyenne surface proposant des produits utilitaires et de consommation courante à bas prix. Sous la marque Monoprix, le premier de ces magasins ouvre à Rouen et en 1939, il y en aura 23 dans toute la France.

Affaibli par la maladie, Théophile Bader délègue la direction des Galeries Lafayette et de leurs succursales à ses deux gendres, Raoul Meyer et Max Heilbronn.

Mais c’est bientôt la Seconde Guerre mondiale et la politique d’aryanisation, relayée par le gouvernement de Vichy, dépossède en 1940 les familles Bader, Meyer et Heilbronn.

Le 20 septembre 1944, les Galeries Lafayette sont rendues à la famille mais Théophile Bader ne le verra pas puisqu’il décède le 16 mars 1942 à Paris.

 


(
Logiciel AUREAS AstroPC Paris)

 


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