Etienne de Silhouette, son nom est devenu commun,
pour avoir été un ministre éphémère et hors du commun !

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Etienne de SILHOUETTE

Né le 25 juillet 1709 à Limoges Haute-Vienne 87
selon acte de baptême sans heure de naissance, source AD87

décédé le 20 janvier 1767 à Bry-sur-Marne Val-de-Marne 94

 

 

Pour avoir voulu réduire les pensions des nobles et le train de vie royal, Etienne de Silhouette a fait un passage éclair au gouvernement.

De ce ministre des finances de Louis XV, l’histoire retient surtout le nom, devenu synonyme de profil aux contours vagues, à peine entrevu.

Nommé contrôleur général des finances le 4 mars 1759, puis ministre, il est chassé en novembre de la même année par la noblesse ulcérée de tant d’injustice à son égard.

L’état des finances du royaume est désastreux. Il faut renflouer les caisses pour vaincre l’Angleterre en guerre contre la France depuis 1756. Etienne de Silhouette est l’homme de la situation. On le sait érudit, réfléchi et fin connaisseur de cette nation ennemie expansionniste, qui veut dominer toutes les mers.

A la suite de l’éloge qui accompagne sa nomination, il répond en annonçant son programme politique :

Procurer à l’Etat les ressources ordinaires pour repousser les injustes attaques d’un ennemi qui voudrait envahir l’empire universel de la Mer et du Commerce, affermir de plus en plus le crédit par la stabilité des engagements sur lesquels il est fondé, exciter et protéger l’industrie, soulager lorsque les circonstances le permettront, un peuple qui ne ressentirait jamais le poids des impôts et le malheur des temps, s’il ne tenait qu’à son souverain de les garantir : voilà l’objet de mes devoirs, et celui de mes voues. C’est dans la suppression des dépenses inutiles, dans l’économie des dépenses nécessaires, et dans l’amélioration des diverses branches du revenu public, que l’on doit chercher les premières ressources pour subvenir aux besoins de l’Etat.

 

Nommé ministre des finances, son programme trop révolutionnaire le rend impopulaire  !

Sitôt en poste, Silhouette prend d’abord des mesures populaires pour contenter l’opinion publique. Et pour couvrir le déficit de son prédécesseur, il fait émettre des actions à 5% d’intérêt, dont le grand mérite est d’associer les Français aux bénéfices des riches financiers. Ces premières décisions préparent le terrain à d’autres plus désagréables destinées à taxer le luxe et les riches.

Silhouette considère, en effet, que l’inégalité de la fiscalité tue l’impôt en diminuant la consommation.

C’est ainsi qu’il suspend certains privilèges et réduit de moitié les pensions des nobles, tandis que les dépenses de la Maison du Roi passent de 19 à 17 millions. Pour faire face aux frais de guerre, il songe à créer un impôt sur le revenu visant les plus riches et épargnant le peuple. Il fixe, notamment, une taxe sur les domestiques, les boutiques et une surtaxe de 10% sur les marchandises de luxe, mais supprime les droits sur les cuirs, le beurre, les œufs et le fromage et se dit favorable à la liberté du commerce des grains.

Mais face à tant d’austérité se lève une virulente hostilité de la noblesse envers ce « fripon » qui, rognant les pensions, en a pris pour lui, une assez forte, d’après Voltaire lui-même !

Malgré ses mesures salutaires courageuses, Silhouette ne peut guère redresser la situation financière de la France en guerre contre l’Angleterre, d’autant plus que son prédécesseur avait anticipé déjà sur les revenus de 1759.

 

Contraint à la démission, la postérité retient de lui son nom devenu commun

Entamé dans l’allégresse, le ministère de Silhouette s’achève par une déroute financière. Et Le 26 octobre 1759, il ordonne aux Français d’apporter leur vaisselle d’or et d’argent pour la fondre en monnaie.

Selon Grimm, Silhouette pleura comme un enfant lorsque le duc de Choiseul lui demande en Conseil de démissionner le 21 novembre 1759. Ainsi débarqué du pouvoir, Silhouette retourne à ses études littéraires dans son château de Bry-sur-Marne.

Voltaire commente assez justement le bref ministère de M. de Silhouette à qui il reconnaît de l’esprit, du génie et de l’instruction mais qui a voulu gouverner en temps de guerre, comme à peine on le pouvait faire en temps de paix. Ses idées m’ont paru très belles, mais appliquées fort mal à propos.

Depuis lors, on appelle « à la Silhouette » les culottes sans poche pour y déposer son argent ainsi que les portraits bon marché, tracés d’après l’ombre du visage, très en  vogue, et dont Etienne était passionné.

Ainsi, la postérité qui lui est refusée en politique lui est curieusement donnée par l’inscription de son nom dans le dictionnaire des noms… communs !

L’histoire remarquable d’Etienne de Silhouette semble parler encore à notre 21e siècle.

 


(
Logiciel AUREAS AstroPC Paris)


 

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