Qualifié de prodigieux charlatan, il fonde et anime à Montmartre, Le Chat noir, rendez-vous des poètes, chansonniers, humoristes, dessinateurs.
Formidable novateur, il lance un style inédit, la chanson de cabaret.

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Rodolphe SALIS

Né Rodolphe Constant Maximin SALIS le 29 mai 1851 à 10h à Châtellerault Vienne 86
Selon acte n°161 – AD 86 en ligne – N-1851 – 9 E 79/177 – vue 50/108

Décédé le 20 mars 1897 à Naintré Vienne 86

 

 

De l’image religieuse au débit de boissons

Le premier cabaret Le Chat noir ouvre en 1881

Formidable organisateur… d’une pingrerie légendaire

Artiste bâtisseur amateur de bien-vivre à moindre coût

 

 

De l’image religieuse au débit de boissons

Fils d’un confiseur, devenu limonadier, Rodolphe Salis, une fois fini son service militaire, débarque à Paris en 1872. Installé au Quartier Latin, à l’hôtel de Rome, rue de Seine, il fonde un groupe artistique l’école vibrante ou iriso-subversive de Chicago.

Ce titre étonnant et ronflant est censé inspirer confiance aux éditeurs d’imageries religieuses. En effet, pour gagner sa vie, il fabrique des chemins de croix et autres objets de piété, qu’il peint en série avec des amis. La besogne est répartie selon les dispositions particulières de chacun, pour peindre les têtes, les mains, les draperies et lui-même se charge des fonds et paysages.

Rodolphe Salis veut associer l’art et la convivialité d’un bistrot. Pour cela, il a l’idée de créer un café dans le plus pur style néo-Louis XIII, qui devient tendance. Sous un lustre en fer forgé de l’époque byzantine, gentilshommes, bourgeois et manants sont conviés à savourer l’absinthe, ce breuvage émeraude comme le qualifie Victor Hugo et comme l’aime le général Garibaldi.

On y boit aussi l’hypocras dans des coupes d’or (boisson ancienne à base de vin, sucrée au miel et aromatisée.

 


Le Chat noir
boulevard de Clichy

 

Le premier cabaret Le Chat noir ouvre en 1881

En réalité, le premier cabaret Le Chat noir que Salis ouvre en novembre 1881, commence par servir du mauvais vin dans un décor sommaire. Mais dès le seuil de la porte, on devine le décorum à venir, puisqu’un garde Suisse des plus chamarré accueille peintres et poètes tout laissant dehors les infâmes curés et les militaires.

Ce cabaret aurait été ainsi nommé à cause d’un chat récupéré et dénommé Maigriou.

C’est le 10 juin 1885 que Salis emménage avec grand apparat dans un nouveau local situé 12, rue Victor Massé. Cette migration grandiose est relatée par diverses revues de l’époque.

Salis parvient à convaincre le journaliste et romancier Emile Goudeau, de transférer le siège de son Cercle des Hydropathes dans son établissement. Dans la bohème d’alors, on boit énormément et « la fée verte » (absinthe) y fait des ravages.

Dès lors, le Tout-Paris est attiré vers Le Chat noir où se produisent chansonniers et poètes. On y vient d’abord pour se gausser des réparties spirituelles qui fusent souvent aux dépens des clients interpellés d’un : Tiens, t’es finalement sorti de prison ?, ou d’un Qu’est-ce t’as fait de ta poule d’hier ? à un client visiblement accompagné de sa femme.

 


Affiche de Steinlen annonçant la tournée du Chat noir de Rodolphe Salis

 

Formidable organisateur… d’une pingrerie légendaire

D’une pingrerie légendaire, Rodolphe Salis trouve toutes les excuses du monde pour ne pas payer personnel, fournisseurs, artistes… Et avec le succès, il demande même à être payé par ceux qu’il accueille au Chat noir.

Mais ce formidable organisateur à l’irrésistible bagout a une telle personnalité qu’il attire dans son cabaret les artistes de tous poils et un public toujours plus nombreux.

Il a l’idée d’y jouer de la musique en y installant un piano, innovation interdite à l’époque. Ainsi, avec un temps d’avance sur la concurrence, il crée la chanson de cabaret.

Le polémiste et poète satirique Laurent Tailhade résume ce personnage haut en couleurs en une saisissante caricature :

Homme carré d'épaules, roux de poil et de teint vermillonné… bedonnant, le visage griffé de nombreuses rides, il poitrinait dans un romantique pourpoint dont le satin à ramages contrastait avec la sobriété d’une redingote sombre. Intacte, sa chevelure fauve s’accordait avec sa barbe cuivrée…Baryton de bronze, emphatique, mordant et goguenard… Prodigieux charlatan !

Dans les années 1890, il se lance dans des tournées dans toute la France. Faisant - innovation pour l’époque - la promotion des théâtres et établissements où il se produit. Il prend soin d’encaisser toutes les recettes mais refuse souvent sous divers prétextes de payer le prix de la location de la salle.

 


https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Plaque_Rodolphe_Salis,_12_rue_Victor-Mass%C3%A9,_Paris_9.jpg?uselang=fr
Plaque commémorative au 12, rue Victor-Massé

 

 

Artiste bâtisseur amateur de bien-vivre à moindre coût

Formidable bâtisseur, aimant le bien-vivre, il est nanti d’une puissance d’action démiurgique, avec l’art consommé du maquignon imaginatif et bonimenteur.

Son esprit d’artiste inspiré se double d’un remarquable bon sens paysan qui sait gérer et faire fructifier ses possessions. Occuper en propriétaire le devant de la scène et faire affaire sans trop délier la bourse lui est naturel grâce aussi à un sang-froid désopilant.

Précurseur, il sent les nouveautés qui vont lui apporter réussite et finances, dans un climat festif et où règne la joie de vivre.

 

 


(
Logiciel AUREAS AstroPC Paris)

 


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