« L’Homme au petit chapeau », figure légendaire de la vie politique française des années cinquante, en politique « malgré lui », il est le père de l’emprunt Pinay en 1952 et du nouveau franc en 1960.

 

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Antoine PINAY

Né le 30 décembre 1891 à 11h du matin à Saint-Symphorien-sur-Coise Rhône 69
Selon acte n°40 – AD69 en ligne – 4 E 12172 – vue 09/12

 Décédé le 13 décembre 1994 à l’âge de 102 ans à Saint-Chamond Loire 42

 


Antoine Pinay en 1952

 

J’avais une sainte horreur de la vie politique

On peut être ennemi de la démagogie, de l’inflation… sans être dirigiste.

Je ne pense pas avoir mauvais caractère, je suis déterminé et obstiné.

On n’a jamais fait tout son devoir. Lui a dit son père !

Je ne sais pas jouer la comédie !

Pinay a été et restera un simple citoyen

 

 

J’avais une sainte horreur de la vie politique

C’est ce qu’affirme plus tard Antoine Pinay.

Tout au long de sa carrière, il est élu sans avoir rien sollicité. Contraint par le jeu des circonstances, il se retrouve, à son corps défendant, à la tête de responsabilités politiques, locales, régionales et nationales.

Sous la IVe République, Vincent Auriol insiste pour le nommer chef du gouvernement en 1952 à la place d’Edgar Faure, qui vient d’être éjecté pour avoir voulu augmenter les impôts de 15% !

Dans une France désargentée, aussitôt il trouve un excellent moyen de drainer de la finance : l’emprunt à 3.5% indexé sur l’or et exonéré des droits de succession !

C’est la ruée sur cet emprunt Pinay qui permet de restaurer le franc, d’endiguer l’inflation et de réduire les dépenses publiques.

Pour autant, dans le contexte instable de la IVe République, son cabinet est bientôt renversé moins d’un an plus tard, en janvier 1953.

La légende est en marche pour l’Homme au chapeau, dont le père est fabricant de chapeaux de paille avec une ascendance paternelle dans la chapellerie.

 

On peut être ennemi de la démagogie, de l’inflation… sans être dirigiste.

Au fil du temps, Pinay deviendra ce thaumaturge, ce faiseur de miracles que l’on consulte tel un oracle sitôt que la monnaie se convulsionne.

L’inflation est la bête noire de cet homme qui considère que : les états vivent au-dessus de leurs moyens. Telle est pour une très large part, la cause de l’inflation, dira-t-il plus tard.

J’ai toujours constaté que les gens qui sont furieux quand on leur refuse ce qu’ils demandent au nom de la lutte contre l’inflation, sont finalement ravis dès qu’apparaissent les résultats de cette politique.

Surnommé le Sage de Saint-Chamond, ce gestionnaire prudent et efficace est consulté par de nombreux hommes politiques qui se réclament de son expérience et de son pragmatisme reconnu.

J’ai besoin de vous pour former mon gouvernement : c’est ainsi que le général de Gaulle – lui-même appelé au pouvoir par René Coty - sollicite Pinay.

Devenu ministre des finances en 1958 de la toute jeune Ve République, son action aboutit à la création du nouveau Franc en 1960 : cent francs ne valent plus qu’un Franc.

Outre son efficacité économique, cette mesure stimule grandement les capacités des Français en arithmétique. Un petit entraînement avant le passage à l’Euro en janvier 2002 !

 

Je ne pense pas avoir mauvais caractère, je suis déterminé et obstiné.

Une semaine avant les municipales de 1929 à Saint-Chamond (Loire), des amis le pressent d’établir une liste.

Il vit une grande épreuve familiale, depuis longtemps sa femme est en maison de santé et il doit être à la fois le père et la mère de famille pour ses trois enfants.

Sa candidature, lui dit-on, serait un dérivatif à ses soucis familiaux. Choqué par ces propos, il rétorque sèchement : l’administration municipale n’est pas destinée à offrir un dérivatif à Antoine Pinay, alors qu’elle doit assurer à la commune une bonne gestion de ses affaires !

Lui qui répète vouloir se tenir à l’écart de la vie politique, se voit contraint de céder à la demande. Au scrutin, il fait le plein des voix et devient le maire de St Chamond. Cela dure plus de quarante ans jusqu’en 1977 !

En 1934, toujours non candidat mais cédant à la pression environnante, il se retrouve au conseil général dont il devient le président pour… trois décennies !

Même scénario pour la députation, mais cette fois, c’est via le préfet qu’il est contraint d’être candidat député. A l’issue d’une nuit de résistance et de parlementation, il accepte de signer sa déclaration de candidature qu’on lui a préparée d’avance. Il sera député de la Loire de 1936 à 1938 et de 1946 à 1958.

Cet élu « malgré lui » devient aussi sénateur de 1938 à 1941, ministre des Travaux Publics en 1950 puis des Affaires étrangères en 1955.

 


https://www.loire.fr/jcms/lw_1185648/antoine-pinay

 

On n’a jamais fait tout son devoir. Lui a dit son père !

Sorti de l’école sans diplôme, puis incorporé dans l’artillerie dès 1912, Antoine Pinay est mobilisé dès le début de la guerre 14-18. Grièvement blessé le 8 septembre 1914 lors de la bataille de la Marne, il en garde une incapacité de trois doigts de la main droite. Alors qu’il compte bénéficier d’une légitime convalescence, son père lui dit :

On n’a jamais fait tout son devoir. Écoute mon petit, j’aimerais mieux te pleurer toute ma vie en accomplissant tout ton devoir que de rougir de toi, si tu t’étais dérobé !

Morale, patriotisme et esprit cocardier règnent dans la famille Pinay !

Antoine Pinay sitôt marié en 1917, se trouve associé à la direction de la tannerie saint-chamonaise de son beau-père Louis Fouletier, qui décède peu après. Il modernise la production et développe l’affaire qui emploie une centaine de salariés.

Je me suis retrouvé seul à la tête de cette entreprise familiale. Cette expérience qui a duré trente ans m’a passionné. Confiera-t-il plus tard.   


Antoine Pinay en 1969

 

Je ne sais pas jouer la comédie !

Antoine Pinay marque son époque tant par l’action que par son langage nouveau, direct et sans concession à la routine financière ou aux usages des partis politiques.

Témoin et surtout acteur d’un demi-siècle de vie politique française, on reconnaît à ce fondateur du Centre National des Indépendants (CNI), un bon sens légendaire.

Au terme de ses mandats politiques, il se retire à Saint-Chamond et se tient à l’écart de la vie publique.

Mon seul plaisir, c’est de lire. Je passe mon temps à lire. Des livres d’histoire pas des romans. J’ai horreur des romans, je n’aime pas l’affabulation.

On retrouve Pinay Médiateur de la République pour un an dans cette fonction nouvellement créée en 1973.

 

 

Sources documentaires :

Antoine Pinay, Un Français comme les autres Entretiens avec Antoine Veil (époux de Simone Veil)
aux Éditions Belfond/Jean-Cyrille Godefroy

https://www.economie.gouv.fr/saef/antoine-pinay
https://www.loire.fr/jcms/lw_1185648/antoine-pinay
https://fr.wikipedia.org/wiki/Antoine_Pinay
L’histoire de France pour Les Nuls
par Jean-Joseph Julaud – éditions First

 

 

Pinay a été et restera un simple citoyen

Placé sous l’emprise forte du Capricorne et sensible à l’intérêt commun par l’influence Poissons, Antoine Pinay connaît un étonnant destin d’homme politique « malgré lui ».

Alors que l’austère et froid Capricorne aspire à se distancier des turpitudes du monde politique, le signe des Poissons pousse à être au plus près de la communauté humaine et au nom de l’harmonie sociale.

Tout au long de sa vie, on tire la manche de ce sage persévérant et pragmatique pour qu’il consente à venir gérer des situations hautement complexes (Jupiter/XII et Neptune/Pluton/III).

Là, cet homme de conviction réussit avec ingéniosité et détermination, plaçant cartes sur table, sans concession et en toute honnêteté.

Persuadé d’avoir raison, il se laisse infléchir pour peu qu’on le laisse ensuite mener son action à son idée, en toute indépendance et au nom de l’intérêt supérieur du peuple.

Le nouveau franc et l’emprunt Pinay ont été des actions révolutionnaires pour ce gestionnaire stimulé par les grands défis de son temps.

La naturelle modestie capricornienne le pousse à dire en fin de vie :

Pinay a été et restera un simple citoyen.

A propos de son nom qui serait entré dans la légende, Antoine Pinay rétorque :

Cela ne durera pas. Il y a des évènements beaucoup plus importants qui effaceront celui-là de la mémoire de nos concitoyens.

 

Merci à Christian de m’avoir transmis le livre « Un Français comme les autres »

 

 


(
Logiciel AUREAS AstroPC Paris)

 

 

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