Le journaliste-caricaturiste le plus nuisible au roi Louis-Philippe…

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Charles PHILIPON
Né Claude Charles Guillaume PHILIPON

Le 8 septembre 1800 à 10h du matin à Lyon Rhône 69
(Déclaré le 23 Fructidor de l’An VIII de la République et né avant-hier matin à dix heures)
Selon acte n°927 – Archives en ligne Lyon division nord2 – reg. 2 E 34 – vue 129/134

 Décédé le 26 janvier 1862 à 4h du matin à Paris 9e
Selon acte n°145 – Archives de Paris en ligne – V4 E 985 – vue 25/31

 


Portrait de Philipon par Nadar entre 1856 et 1858

 

Sa caricature du roi parle au peuple et fait le tour de la France

Figure emblématique de la presse du 19e siècle

« C’est l’histoire de notre temps, écrite et burinée à notre manière » (C. Philipon)

Ses satires du pouvoir royal lui valent la prison

Du dessin au mot, sa critique fait mouche sur son temps

 

Sa caricature du roi parle au peuple et fait le tour de la France

Qui sait la part d’influence de la caricature satirique sur les soubresauts politiques et l’opinion populaire ?

S’il est reconnu qu’un bon dessin vaut mieux qu’un long discours, le parcours du journaliste-caricaturiste Charles Philipon en est une illustration.

Quand cet homme de presse comparaît le 14 novembre 1831 devant le tribunal pour outrage à la personne du roi, il ose le coup de théâtre, persuadé qu’il est d’être condamné.

Pour renchérir dans l’insolence et/ou jouer son va-tout, il exhibe une série de quatre dessins : quatre étapes pour transformer le visage du roi Louis-Philippe en poire. Ces fameuses « croquades » visent à démontrer aux juges que tout peut ressembler au roi.

Aussitôt le succès populaire est immense tant l’image - hommage à l’art de la caricature - parle à quiconque lettré ou illettré !

« Ce que j’avais prévu arriva. Le peuple saisi par une image moqueuse, une image simple de conception et très simple de forme, se mit à imiter cette image partout où il trouva le moyen de charbonner, barbouiller, de gratter une poire. Les poires couvrirent bientôt toutes les murailles de Paris et se répandirent sur tous les pans de murs de France. (Charles Philipon)

Ces « croquades » reprises un peu plus tard à la demande de Philipon par Honoré Daumier, seront complétées par une quatrième figure pour entrer dans l’histoire de l’art caricatural, ou l’art de révéler les traits essentiels d’un personnage. 

 

Figure emblématique de la presse du 19e siècle

Journaliste, lithographe, dessinateur et créateur de journaux, Charles Philipon est l’une des figures emblématiques de la presse du 19e siècle. Son métier place ce trentenaire au cœur des évènements de son temps, au lendemain de l’explosion sociale des 27, 28 et 29 juillet 1830 d’où sortira la Monarchie de Juillet.

Louis-Philippe qui vient d’être proclamé roi des Français, porte chapeau et se promène partout avec son célèbre parapluie, substitut du sceptre royal. Il va volontiers à pied et arbore l’allure d’un bourgeois ordinaire plus que d’un souverain.

Ce monarque réputé plus habile à gérer son immense fortune qu’à résoudre crise économique et agitation sociale devient vite la tête de turc de la presse. Répression et refus des réformes aggravent le mécontentement populaire qui débouchera sur la Révolution de 1848.

 

(à gauche) Louis-Philippe métamorphosé en poire. Croquis à l’encre et au crayon dessiné par Philipon en salle d’audience et publié, 10 jours plus tard, dans la Caricature du 24 novembre 1831.

(à droite) Croquis repris par Honoré Daumier à la demande de Philipon

 

« C’est l’histoire de notre temps, écrite et burinée à notre manière » (C. Philipon)

Né d’un père chapelier devenu fabricant puis marchand de papier peint, ce fils de petite bourgeoisie lyonnaise fait des études à Lyon notamment à l’École des Beaux-Arts avant de monter à Paris à l’âge de 19 ans. Entré dans l’atelier du peintre Antoine Gros, il s’adonne beaucoup plus à la caricature qu’à la peinture.

En 1821, rappelé à Lyon par son père qui le destine au commerce, il s’occupe de dessin de fabrique avant de retrouver définitivement Paris et ses anciens amis de l’atelier Gros en 1823.

Initié à la lithographie alors en vogue, il trouve à s’employer dans cette activité où il dessine étiquettes, vignettes, éventails, planches pour imagiers et journaux de mode…

Il participe à la création de l’hebdomadaire d’artistes La Silhouette, auquel il collabore comme rédacteur et dessinateur.

En 1829, associé à son beau-frère Gabriel Aubert, ancien notaire, il ouvre à Paris la maison d’édition et boutique d’estampes Aubert qui aura bientôt le quasi-monopole du marché de la caricature.

 
Philipon
par Ferdinand (lithographe) - Source Wikipédia

Ses satires du pouvoir royal lui valent la prison

Puis en 1830, Charles Philipon crée La Caricature et Le Charivari en décembre 1832 - premier quotidien illustré satirique du monde - qui se veut d’opposition républicaine à la monarchie de Juillet. Parmi ses auteurs les plus notables outre Philipon, citons : Nadar, Gustave Doré, Honoré Daumier.

Le sommet de la satire irrévérencieuse est atteint lorsque Philipon publie le 7 juin 1832 dans La Caricature le Projet du monument expia-poire à élever sur la place de la Révolution, précisément là où fut guillotiné Louis XVI.

Taxé d’incitation au régicide, il doit purger plus d’un an de prison avant d’être libéré le 5 février 1833.

En 1835, les lois sur la presse en rétablissant la censure sur dessins et caricatures sont fatales à La Caricature qui cesse de paraître tandis que le Charivari se maintient en se faisant plus modéré.

En février 1848, au moment des Journées révolutionnaires qui embrasent Paris puis la province, Charles Philipon fonde Le Journal pour rire.

Nadar le crédite d’une prodigieuse lucidité dans les affaires ajoutée à une inépuisable fécondité de moyens et d’invention. Ses contemporains témoignent du charisme communicatif de ce chef d’édition prompt à insuffler une flamme enthousiaste à son équipe et à recruter des jeunes.


Le Charivari
par
Honoré Daumier, en 1840

 

 

Sources documentaires :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Charivari
https://www.universalis.fr/encyclopedie/charles-philipon/
https://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_Philipon
https://essentiels.bnf.fr/fr/article/79873b8b-49c5-48c5-ba18-f853fd088dda-journaux-philippon
Dictionnaire illustré Histoire de France Editions KLS
L’Histoire de France pour les nuls de Jean-Joseph Julaud
Les Objets racontent l’histoire - Édition France Loisirs p.150 et 151 prêté par Marie-Édith et Jacques

https://fr.wikipedia.org/wiki/La_Silhouette
https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Journal_pour_rire
https://fr.wikipedia.org/wiki/Loi_sur_la_presse_du_9_septembre_1835

 

 

Du dessin au mot, sa critique fait mouche sur son temps

Quand la Vierge s’associe au Scorpion, l’art du trait précis et sarcastique n’est pas loin !

Le don de l’écriture ajustée et calculée jusqu’au détail fait aussi partie du bagage virginal de cet homme de presse.

(Amas en Vierge en X et XI dont Soleil avec Vénus et Uranus ; ascendant Scorpion avec Neptune conjoint)

La prodigieuse lucidité en affaires que lui reconnaît Nadar lui est inspirée par un Mars maître d’ascendant logé chez le Taureau en VII aussi pragmatique qu’infatigable bâtisseur, et soutenu par l’intuition subtile du fin stratège Scorpion un brin provocateur.

 Faire de l’inédit, révolutionner les conventions, sont dans la nature de Charles Philipon qui à 32 ans lance le 1er quotidien illustré satirique du monde.

(Uranus colore l’amas solaire en Vierge en recevant trigones de Mars et Lune)

 Son charisme communicatif et enthousiaste au sein de son équipe lui est induit par l’influence jupitérienne associée à un naturel humanisme, traduit en caricatures impitoyables quand il s’agit de soutenir la cause du petit peuple.

 Au final son crayon de dessinateur se fait arme redoutable pour le roi et précieux soutien aux valeurs républicaines.

(Jupiter/Cancer en XI en sextils avec Mars-Lune/Taureau en VII et Uranus/Vierge en XI ; Pluton/Poissons en IV reçoit trigone de l’asc. Scorpion)

 

Charles Philipon ou l’arme du dessin au service du peuple !

 


(
Logiciel AUREAS AstroPC Paris)

 

Merci à Marie-Édith et Jacques pour le prêt de l’ouvrage
où j’ai découvert ce caricaturiste entré dans l’Histoire

 

 

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