Le duc de Persigny, bouillant bonapartiste, artisan fanatique de l’arrivée au pouvoir de Napoléon III et dont il sera ministre de l’Intérieur

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Duc de PERSIGNY
(né Jean Gilbert Victor FIALIN dit)

né le 11 janvier 1808 à sept heures du matin à Saint-Germain-Lespinasse Loire 42
source AD42 en ligne, acte n°1

décédé le 12 janvier 1872 à 21 heures à Nice 06 A.M.,
selon acte n°100

 

Orphelin d’un soldat de l’armée napoléonienne,
il se montre avide de titre de noblesse

A l’état-civil son nom est fort banal même si par son père, il est issu d’une famille de notaires et, par sa mère d’une branche de petite noblesse. En l’absence de menues particules susceptibles de lui apporter notoriété et pouvoir, et nostalgique de l’épopée impériale, il décide de se faire appeler Fialin de Persigny. Il s’agit du nom d’un hameau (Persigny) de Crémeaux où sa famille a acquis des terres nobles.

Le futur duc est alors âgé de 26 ans, et travaille comme journaliste à Paris dans un organe de l’opposition libérale. Cependant, cet homme aux prétentions nobiliaires chevillées au corps, devra attendre la cinquantaine dépassée avant de se voir décerner officiellement, le titre de duc de Persigny par son idole, Napoléon III. Ce dernier lui fait épouser la petite-fille du Maréchal Ney.

Quand Victor vient au monde, son père est absent : ruiné par des spéculations malheureuses, il s’est engagé soldat dans la Grande Armée qui combat en Espagne où il est tué en 1812. Il est élevé par un de ses oncles monarchiste convaincu.

Après des études comme boursier au collège de Limoges, il passe deux ans à l’école de cavalerie de Saumur puis se retrouve officier de hussards à vingt ans. Mais en 1831, il est renvoyé de l’armée en raison de ses positions républicaines. Il en conçoit une durable amertume.

 


http://www.forez-info.com/encyclopedie/histoire/petite_histoire_de_montbrison_190.html

 

Nostalgique de l’épopée napoléonienne, il devient un des plus fervents bonapartistes

Dépité, il est de retour dans sa famille où il entend les récits de l’épopée impériale : influence décisive à l’époque où toute une génération est prompte à vibrer à l’évocation de la gloire de Napoléon 1er.

Devenu journaliste, c’est au cours d’un reportage au pays de Bade qu’il voit passer la calèche du prince Napoléon, fils du roi Jérôme (frère de Napoléon 1er). C’est une révélation : il existe des descendants de la famille impériale, la restauration de l’Empire est donc possible. Persigny, exalté, devient bonapartiste. Et sa foi bonapartiste est telle qu’il parvient à se lier d’amitié au prince Louis-Napoléon  (autre neveu de Napoléon 1er) exilé en Suisse et prétendant au trône impérial.

Ardent à agir pour redonner le pouvoir à un Bonaparte, Persigny participe aux tentatives de coups d’Etat de ce prétendant au trône. Cela lui vaut d’être condamné à vingt ans de détention dans la Somme, à la forteresse de Doullens.

Libéré par la Révolution de 1848, il devient député l’année suivante. Dès lors, Persigny se dévoue totalement à Louis-Napoléon dans sa marche vers la présidence : il dirige sa campagne électorale. Le 10 décembre 1848, qui voit le triomphe de Louis Napoléon Bonaparte élu président de la République, résonne comme jour de gloire pour Persigny.

Ce dernier devient du même coup, un personnage important, familier et confident du président.

 

L’avènement du Second Empire comble l’ambitieux Persigny
qui décroche pouvoir et titre de noblesse

Il est l’un des principaux organisateurs du coup d’état du 2 décembre 1851 qui donne au président les moyens d’exercer une véritable dictature. Dès lors, Persigny accède au pouvoir et, partisan de l’Empire autoritaire, il est à deux reprises, ministre de l’Intérieur et en même temps, ministre de l’Agriculture et du Commerce.

Favorable à l’alliance anglaise, on le retrouve par deux fois, ambassadeur à Londres.

Son influence décline après 1860 et surtout après 1863. Cette disgrâce dorée, adoucie par les honneurs, intervient sur l’insistance de l’Impératrice Eugénie qui ne lui pardonne pas d’avoir combattu son mariage avec Napoléon III.

Il préside le conseil général de la Loire depuis 1858 et à partir de 1863, devient sénateur à vie. Enfin, le 7 novembre 1863, l’empereur Napoléon III le fait duc de Persigny. Ce titre vient couronner les aspirations nobiliaires de cet homme qui se fait depuis longtemps appeler : Fialin de Persigny.

Désormais, le duc a beaucoup plus de disponibilités pour s’occuper des affaires de son Forez natal. Ainsi, pour irriguer et assainir la plaine, il fait creuser le canal du Forez. Il est aussi l’artisan du développement ferroviaire dans sa région (Roanne-Tarare, Saint-Etienne-Montbrison, raccordement du chemin de fer du Bourbonnais au canal de Roanne à Digoin).

Passionné d’histoire, Persigny fonde dans sa province natale : La Diana : société historique et archéologique du Forez le 24 août 1862 à Montbrison.  Sa mission est de rassembler tous les ouvrages et documents concernant l’histoire de la province.

La généalogie intéresse vivement Persigny car elle est pour lui le moyen de prouver son ascendance nobiliaire.

Pour donner un éclat visible et durable à sa dynastie ducale, il achète plusieurs domaines (400 ha) dans la plaine afin de faire construire un château. Mais l’Histoire ne lui en laisse pas le temps.

 

Mais à la chute de l’Empire, tout s’écroule pour Persigny …

Quand, en 1870, le Second Empire fait naufrage au lendemain du désastre de Sedan (perte de l’Alsace-Lorraine), pour Persigny tout s’écroule. Il gagne Londres avec ses enfants. Définitivement brouillé avec l’impératrice, il ne reverra plus Napoléon III. Sa santé en est altérée puisqu’il fait une attaque d’apoplexie en janvier 1872 qui le laisse hémiplégique. Transporté à Nice, il y meurt, dans une grande solitude, le 12 janvier 1872. Il est inhumé dans sa ville natale.

Persigny est l’exemple même du militant bonapartiste, œuvrant à rétablir l’Empire qui lui apporte pouvoir, gloire et titre de noblesse. Et quand le Second Empire doit céder la place à la IIIe République, Persigny n’a plus que son titre de duc : piètre réconfort pour cet homme qui ne peut survivre à l’Empire tant il a lié son sort à ce régime.

Malgré sa disgrâce, Persigny ne renie jamais son prince.

Dans sa province natale, le souvenir de son importante œuvre économique et culturelle demeure très présent.

 

Sources documentaires :
articles de Claude Latta dans le bulletin des 150 ans de la Diana et Histoire de Montbrison éditions Horwath

 

 

 

 


(
Logiciel AUREAS AstroPC Paris)


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