Ce Normand fonde la première agence de presse au monde en 1835 qui sera l’ancêtre de l’AFP. Rouen, sa ville natale, le considère comme le « créateur de l’information moderne ».

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Charles Louis HAVAS

Né le 5 juillet 1783 à Rouen 76 Seine-Maritime
Selon acte de baptême, sans heure de naissance, aimablement transmis par les AD76
Réf. 8M i 0481 4 E  02013 – paroisse Saint-Denis – 13/01/1780-24/01/1791

 Décédé le 21 mai 1858 à 15h à Bougival 78 Yvelines
Selon acte n°49 AD78 en ligne – 5M i 865BIS – Bougival - 1854-1862

 


http://www.arcadja.com/auctions/fr/boilly_louis_leopold/artiste/3056/

 

 

Le 22 octobre 1835, quand Charles-Louis Havas fonde l’«Agence des feuilles politiques, correspondance générale », il donne naissance sans le savoir à ce qui deviendra l’agence Havas à la réputation internationale ancêtre de l’AFP.

 

Elevé dans le milieu de la finance et des affaires.

Il grandit dans un milieu affairiste et polyglotte propice au négoce international et à l’innovation. Lui-même est un imaginatif, fin calculateur à l’esprit avant-gardiste et l’hérédité familiale l’a doté d’un remarquable flair.

Son père est conseiller juridique et à ce titre, gère la fortune foncière des grandes familles de la noblesse normande.

Charles-Louis a 22 ans quand il met un pied dans le négoce grâce à un ami de la famille, le prestigieux financier Ouvrard. Sous sa puissante protection, le jeune Havas exploite à Nantes des licences d’importation et devient très vite fournisseur des armées impériales. Alors, il se familiarise avec le grand négoce qui consiste à acheter et vendre, blé, coton et denrées coloniales telles que sucre, café, cacao…

Mais en novembre 1806, le blocus continental décrété par Napoléon pour isoler l’ennemi britannique, change la donne. Charles-Louis est envoyé travailler à Lisbonne pour une maison de commerce. 

Comme les Anglais se mettent à courtiser les Portugais, Bonaparte s’en inquiète et lance sur le Portugal, une partie de sa Grande armée qui doit foncer sur Lisbonne pour y emprisonner la famille royale portugaise. Mais quand le général Junot, à la tête de son armée impériale, arrive au petit matin du 30 novembre 1807 dans la capitale, il aperçoit au loin les navires qui emportent la famille royale émigrant vers le Brésil. De là, le Roi du Portugal ordonnera aux exportateurs de cesser la fourniture du coton aux industriels français. Résultat : les cours du coton s’emballent en France où  la pénurie touche les industriels du textile.

 

En 1807, une énorme plus-value sur le coton brésilien fait de Havas un négociant respecté

Prévenu de l’arrivée prochaine à Lisbonne de l’armée napoléonienne, le jeune négociant Havas se pique d’une formidable audace dans une opération de grand commerce très opportune : acheter plusieurs cargaisons de coton brésilien, pour les revendre à prix d’or quelques semaines plus tard aux filatures françaises. Ses navires atteignent le Brésil et chargent la précieuse matière première avant l’arrivée de la famille royale portugaise.

C’est ainsi qu’Havas peut revendre à Rouen, 3 000 tonnes de coton – le tiers de la consommation annuelle de la France – avec une plus-value considérable.

L’audacieux Charles Louis Havas acquiert aussitôt ses lettres de noblesse dans le milieu du négoce international. Devenu riche et admiré de ses pairs, il épouse le 4 février 1808 à Lisbonne, Jeanne la fille de son mentor Durand-Guillaume de Roure.

 

Chassé du Portugal, Havas poursuit dans le négoce puis devient banquier

Mais l’année suivante, les Anglais occupent le Portugal et la famille de Roure-Havas expulsée manu militari de Lisbonne, trouve refuge à Rouen. Charles-Louis y continue le négoce, avec l’appui de deux oncles.

En 1811, la famille s’installe à Paris où Havas se fait banquier spécialiste du négoce des emprunts publics. Le moment est propice pour ce fringant affairiste de 28 ans car les guerres napoléoniennes creusent le déficit de l’Etat, qui doit lancer force emprunts.

Mais la défaite de Waterloo en juin 1815, précipite la chute de l’Empire et provoque la déchéance des emprunts publics français.

Le jeune banquier Havas ruiné, redémarre à zéro. Son ami le financier Ouvrard, qui s’est lancé à nouveau dans la spéculation financière a besoin d’un correspondant à Paris pour transmettre les dernières nouvelles. Il s’agit de traduire les dépêches étrangères et résumer le contenu des principaux journaux du monde avec fiabilité et rapidité.

Charles-Louis parle anglais et allemand, son épouse maîtrise l’espagnol et le portugais.

C’est ainsi que dans les années 1820, le couple Havas dirige un bureau de renseignements économiques et financiers au service exclusif du banquier Ouvrard. Mais celui-ci, discrédité dans des marchés au parfum de scandale, est à nouveau ruiné. La crise boursière de 1825 achève la déconfiture d’Havas.

 


Maison où Charles-Louis Havas ouvre son office de traduction.

 

Ruiné à la chute de l’Empire, Havas se lance dans l’information

Après ce nouveau revers de fortune, Havas redémarre petitement.

Il fonde le Bureau de traduction des journaux étrangers qui deviendra le Bureau de Nouvelles en 1832. Etabli à son compte dans un réduit de la rue Jean-Jacques Rousseau, son travail consiste à lire tout ce qui touche aux activités bancaires et de négoce…

Logé en face de l’hôtel des Postes, il s’y rend tous les matins chercher les journaux étrangers qu’il traduit, avec l’aide de son épouse, pour fournir à la presse française puis étrangère les informations sur ce qui se passe dans le monde, dans un contexte géopolitique en pleine évolution avec l’apparition de nouvelles républiques.

La liberté de la presse se développe depuis l’avènement de Louis-Philippe et de nombreuses sociétés font leur entrée en bourse.

Germanophone, Havas rachète un journal d’outre-Rhin en 1832 et acquiert d’autres publications concurrentes. Il traverse l’Europe pour recruter des correspondants qui intègrent l’Agence des Feuilles Politiques- Correspondances Générale qu’il fonde le 22 octobre 1835.


Hôtel des Postes, rue Jean-Jacques Rousseau à Paris

 

En novateur il crée le concept d’agence de presse mondiale.

En 1838, lui arrive un coup de pouce du destin quand le gouvernement lui demande de mettre en place une correspondance ministérielle pour tenir informés les agents de l’Etat. Traduites dès leur arrivée à Paris, les informations venant de l’étranger sont expédiées par pigeons voyageurs.

Transmettre l’information est la grande affaire. Elle circule jusqu’alors à la vitesse du cheval au galop. Mais Havas dont la devise est « vite et bien » gagne du temps en organisant, à partir de 1840, un courrier par pigeons voyageurs entre Paris et Boulogne, par où transitent les nouvelles de Bruxelles et de Londres. Le pigeon parcourt cette distance en 4 heures tandis que le cheval met 14 heures.

Puis à partir de 1845, il profite de la création du réseau télégraphique Chappe tandis que la liaison transatlantique par câble sous-marin  n’est opérationnelle qu’à partir de 1866.

Dès lors, Havas conquiert la presse provinciale et y introduit un service publicitaire gérant la parution des annonces.

Ce pionnier clairvoyant fait école car parmi ses collaborateurs, Paul Julius Reuters, fonde en 1851 à Londres, l’agence de presse Reuters, tandis qu’un autre exporte ce concept aux Etats-Unis via l’Associated Press.

A partir de 1852, le groupe est scindé en deux branches, l’une pour l’information, l’autre pour la publicité.

Juste avant de prendre sa retraite à 69 ans, en novembre 1852, Charles-Louis Havas, en visionnaire infatigable, opère un dernier coup de génie en devenant publicitaire par son entrée dans le capital de la Société du Bulletin de Paris.

La succession de Charles Louis Havas est assurée par ses deux fils qui bâtissent en cinq ans un monopole dans la publicité française.

Cette situation est critiquée et Jules Jaluzot, patron de presse, fondateur du Printemps Haussmann, lance à ce propos une action en justice en 1866.

L’agence de presse Havas est scindée en deux branches en 1940, qui deviennent d'une part le groupe de publicité Havas et d'autre part l’agence France-Presse.

Voici un aperçu du singulier parcours de vie de cet infatigable baroudeur qui connaît de cinglants revers de fortune tant qu’il s’obstine dans le négoce international. Tel le Phénix, il renaît une fois encore de ses cendres pour lancer la première agence de presse du monde qui lui ouvre cette fois la voie d’une belle réussite durable et fait passer son nom à la postérité.

 

Sources documentaires :
http://passiongenealogie.hautetfort.com/tag/charles+louis+havas
http://expositions.bnf.fr/afp/arret/1/

 

 


(
Logiciel AUREAS AstroPC Paris)

 


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