Pierre GRAPPIN

Né Pierre Jean GRAPPIN le 31 mai 1915 à 13h à Coussey Vosges 88
Selon données Didier Geslain

 Décédé le 14 juin 1997 à Paris

https://maitron.fr/spip.php?article87470

Quand l’œuvre supplante son auteur !

Au nom de l’amitié franco-allemande, cet universitaire crée ce qui sera surnommé « Le Grappin » dictionnaire éponyme publié en 1963 qui est la référence pour les étudiants français qui se forment à la langue de Goethe, à partir du milieu du 20^e siècle.

Les turpitudes de « Mai 1968 » ont raison de son engouement de réformiste et le poussent à démissionner de son poste de 1^er doyen de la Faculté de Nanterre.

« J’avais envie, d’avoir un contact direct avec des choses que je n’avais jamais vues que dans les livres », tel est le souhait de Pierre Grappin quand à 20 ans il s’engage en politique au moment du Front Populaire.

Dictionnaire Grappin – édition de 1963 – photo Janine Tissot

Apprendre l’allemand pour bâtir la paix

Pour cet étudiant brillant, décrocher l’agrégation d’allemand en 1939 concrétise sa vocation. Pour lui, apprendre la langue germanique répond à son aspiration d’unir dans la paix deux peuples hier ennemis.

Sa thèse commencée en 1944 sur « l’idée du génie en Allemagne au siècle des Lumières » illustre sa conviction alimentée par des séjours antérieurs en pays germaniques auprès de correspondants scolaires.

Son activisme dans la Résistance lui vaut d’être arrêté en 1944, emprisonné puis déporté vers l’Allemagne. Parvenu à s’évader lors d’un transfert, il finit la guerre caché dans une ferme.

Après un bref passage dans l’univers du journalisme à la Libération, Pierre Grappin s’engage dans une carrière diplomatique qui l’amène à devenir secrétaire de la Conférence internationale sur le problème allemand de 1947 à 1948.

De la diplomatie à l’enseignement supérieur

Tout en restant très impliqué et militant dans les affaires publiques, il choisit de retrouver le corps enseignant à la rentrée de 1948.

Ayant intégré l’enseignement supérieur, à partir de 1951 il est professeur à la Faculté des lettres de Nancy puis de Paris de 1959 à 1964. C’est alors qu’il assure la rédaction du dictionnaire français-allemand que les éditions Larousse publient à partir de 1963.

Dès lors, « Le Grappin » devient le nom commun donné à ce dictionnaire utilisé par des générations d’étudiants germanophiles.

Le présent dictionnaire n’a d’autre ambition
que de montrer les ressources du français et de l’allemand
dans leur état actuel…
(Introduction dictionnaire par Pierre Grappin)

Quand en 1963, le ministère crée l’Université de Nanterre pour répondre à la croissance des effectifs étudiants, Pierre Grappin est le seul professeur en poste à la Sorbonne à accepter son transfert.

Devenu doyen de la Faculté de lettres de Nanterre, ce réformiste dans l’âme impulse une triple voie : dialogue avec les étudiants, innovation pédagogique et enseignement modernisé des sciences sociales.

Illustration dictionnaire Grappin de 1963 – photo Janine Tissot

Grappin le réformiste est emporté par la vague de Mai 1968

Sous la pression des évènements de Mai 1968, il fait fermer la Faculté des lettres de Nanterre le 3 mai.

« …J’ai été forcé de subir et amené, par ma seule présence, à couvrir des actes que je considère comme très graves : suppression de fait de la liberté d’expression à l’intérieur de la Faculté, mépris affiché de la culture, pratique constante d’une intolérance agressive. Ainsi disparaissait ce qui fait, à mes yeux, la raison d’être d’une université libre. Cette situation m’apparaissait intolérable, pour les mêmes raisons qui m’ont porté, en son temps, à combattre le nazisme …».

C’est ainsi que Pierre Grappin, défenseur d’une université rénovée, rend publique sa démission de la fonction de Doyen dans Le Monde du 20 septembre 1968.

Détaché sur sa demande au CNRS en 1969, il revient en Université à Metz à partir de 1974, comme enseignant et chercheur, avec en tête la nostalgie de la vie de famille d’autrefois dans les universités où professeurs et étudiants se connaissaient mutuellement.

Pour avoir contribué au rapprochement franco-allemand, il reçoit l’Ordre du Mérite de la République fédérale allemande et en 1993 le prix de Gaulle-Adenauer.

Zodiaque illustré dans dictionnaire Grappin – édition 1963 – photo Janine Tissot

Sources documentaires :
https://maitron.fr/spip.php?article87470
https://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre_Grappin

Pierre Grappin né pour servir à travers les évènements de son temps

L’art de l’écrit et de la parole animent Pierre Grappin, doublement habité par Mercure à travers le Soleil en Gémeaux et l’ascendant Vierge.

Par ailleurs, il est un imaginatif curieux, épris de liberté novatrice, avec une énergie de réformateur par l’influence forte du Cancer (4 planètes dont Mercure et Pluton et Uranus trigone Soleil).

Ainsi, tout naturellement, il aborde le journalisme, s’active dans la Résistance pour sa patrie puis aborde la diplomatie et pérennise son nom à travers l’enseignement.

Son parcours de vie illustre, son idéal de servir le bien commun pour le peuple et la jeunesse, tout en métamorphosant ce qui doit l’être pour tendre vers cet idéal.

Né pour s’impliquer au cœur des évènements sociaux de son temps, au fil de sa carrière, il œuvre à préserver une éthique de bien-vivre (Vénus/Mars au Taureau en VIII) ; et quand mai 1968 souffle sur Nanterre, ses seules forces et convictions ne suffisent plus.

Mais son œuvre demeure par-delà les bouleversements sociaux.

Donner matière à une compréhension mutuelle des langues française et allemande par le dictionnaire et rapprocher ainsi des peuples hier en guerre, voilà ce qu’enseigne la vie de Pierre Grappin qui se voit décerner nombre de prix et décorations.

Honneur à cet universitaire humaniste artisan de culture et de paix !

Merci à André pour ce signalement.

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