En avion, il passe sous l’Arc de Triomphe, le 7 août 1919

 

Charles Aristide GODEFROY

 

né le 29 décembre 1888 à 7 heures du matin à La Flèche Sarthe 72
selon acte n° 168

décédé le 11 décembre 1958 à Soisy sous Montmorency Yvelines 78

 

 

 

Humiliés de devoir défiler « à pied » pour le défilé du 14 juillet 1919, des aviateurs projettent de passer sous l’Arc pendant la parade militaire

Pour les « Fêtes de la Victoire », le 14 juillet 1919, l’aviation n’est pas favorisée : aucune manifestation aérienne prévue et c’est « à pied », groupés derrière leur porte-drapeau René Fonck, que défilent les héros de l’air. Pour des raisons de sécurité, peut-être excessives, aucune manifestation aérienne n’est prévue.

Pour venger cet  affront, l’aventureux pilote, Jean Navarre, projette de passer en vol sous l’Arc de Triomphe de l’Etoile, au moment même de la Revue Militaire. Mais il se tue quatre jours auparavant lors d’une démonstration de voltige à Villacoublay.

 

Charles Godefroy, reprenant le projet, s’entraîne en vue de cet exploit

Trois semaines plus tard, le 7 août, l’aviateur Charles Godefroy, adjudant-chef juste démobilisé, reprend l’idée de Navarre. Mobilisé en 1914 dans l’Infanterie, il obtient deux citations en qualité d’agent de liaison. Affecté à l’aviation le 1er septembre 1917, il obtient son brevet le 21 novembre. Grâce à ces compétences de pilote il devient rapidement instructeur de vol.

Il est de ceux qui rêvent de passer sous l’Arc et, pour cela, s’entraîne près de Miramas en passant sous un pont du Petit Rhône, à la grande frayeur des pêcheurs qui se demandent qui est « ce fada » !

De retour à Paris, Godefroy, titulaire de 500 heures de vol, se rend souvent sur la place de l’Etoile pour étudier les vents aux abords du monument. En effet, le croisement des avenues provoquent des courants d’air contraires. Le vol des pigeons sous la voûte l’aide aussi à étudier sa manœuvre.

Le pilote s’estime prêt, mais comme c’est interdit, il va agir en fraude ! Grâce à la complicité d’un mécanicien de Villacoublay, Lagogué, il réalise son exploit.

 


Accès à la vidéo du vol :
http://www.youtube.com/watch?v=HIZzkq5Y8q0

 

Godefroy réussit au grand émoi des passants, des passagers d’un tramway et même des journalistes

Le 7 août 1919, à 6 heures du matin, Godefroy arrive à l’aérodrome où le mécanicien l’attend près du hangar. Il choisit un « Bébé » Nieuport, à moteur Gnome de 120 cv, soigneusement mis au point.

un Bébé » Nieuport; c'est avec ce type d'appareil que Charles Godefroy passe sous l'Arc de triomphe.

Le temps brumeux cache les deux conspirateurs mais ne favorise guère le vol. Il est 7h20.

Le pilote lui-même relate ce moment :

«  Après avoir survolé Neuilly, la porte Maillot, l’avenue de la Grande-Armée à plus de 150 à l’heure, j’arrive à l’Etoile et descend en spirales. Puis, par un large virage, je retourne prendre ma ligne à la porte Maillot. Je vole à 15 mètres au-dessus du sol et file droit au but. Ma résolution est prise : je passerai sous l’Arc de triomphe. Mais voilà que parvenu non loin du monument, je suis assailli par un brusque coup de vent. Vais-je échouer au port ? Je ne prends pas le temps de me le demander. Je redresse mon appareil avec toute mon énergie et je passe à 150 à l’heure. J’ai réussi, je me sens heureux et je vole tranquillement jusqu’à la Concorde. Et me voilà de retour à Villacoublay. Mon voyage n’a pas duré une demi-heure et, bien qu’il y ait peu de chances pour que je le refasse jamais, il m’a causé une émotion mêlée de joie et de tristesse, car je pensais à Navarre. »

Imaginez la peur des voyageurs du tramway qui arrive juste au moment où l’avion passe sous l’Arc ! Certains des passagers sautent à terre tandis que des passants affolés se sauvent dans tous les sens. Des journalistes, des photographes et des cinéastes, prévenus par l’écrivain Jacques Mortane, se sont aplatis au sol ; l’un d’eux s’est même trouvé mal.

 

 

Charles Guynemer y avait renoncé et Roland Garros disait que c’était impossible

Ainsi, avec un appareil de 7m52 d’envergure, Charles Godefroy passe sous une voûte de 14,5 m de large.

En 1916, Guynemer songeant à tenter le passage sous l’Arc de Triomphe, survole les Champs Elysées et se rend compte de la témérité de l’entreprise et prudemment renonce : « C’est impossible. Quand on arrive sur l’Arc, on ne voit pas le trou, mais seulement un mur de pierres. »

Roland Garros étudie, lui aussi, le projet. Il est formel : « Celui qui essaiera de passer par là, se tuera ! »

 

Charles Godefroy, héros d’un exploit unique pendant soixante ans

Godefroy, bien vite identifié, s’en tire avec un simple avertissement. Il devient un héros local à la Flèche où une plaque est apposée sur sa maison natale.

Après cet exploit, Charles Godefroy renonce à voler. On ne sait s’il le fait pour l’amour de sa famille - marié le 24 septembre 1919 – ou par contrainte des autorités militaires.

Il s’installe avec sa femme et sa fille à Soisy, et se consacre à son commerce de vins à Aubervilliers.

Pendant 60 ans, il est le seul aviateur à avoir osé le passage spectaculaire sous l’Arc de Triomphe, jusqu’à ce qu’en 1981, Alain Marchand le reproduise.

 

 

Charles GODEFROY


(
Logiciel AUREAS AstroPC Paris)

En astrologie, d'où vient le goût de voler ? Pour en savoir plus : https://www.janinetissot.com/2019/11/12/les-pionniers-de-laviation/


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