Exécuteur des arrêts criminels, il a participé à près de 350 exécutions dont près de 200 en tant que chef-bourreau en 42 ans d’activité.

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Jules Henri DESFOURNEAUX

Né le 17 décembre 1877 à Bar-le-Duc Meuse 55
Selon acte état-civil n°402

Décédé le 1er octobre 1951 à Paris 10e

 

 

Par son ascendance et son mariage, il est lié à quatre familles d’exécuteurs.

Il devient exécuteur en chef au décès de Deibler, en 1939

Se serait-il mieux épanoui dans le métier de mécanicien ?

 

 

Par son ascendance et son mariage, il est lié à quatre familles d’exécuteurs.

Bien que descendant d’une famille de bourreaux originaire du centre de la France, Jules-Henri délaisse la profession de son père pour se consacrer à la mécanique.

Devenu très vite un excellent professionnel spécialisé dans les moteurs de bateaux, son travail l’amène à voyager en Inde, en Russie…

De retour en France au début des années 1900, par son cousin aide-exécuteur, il fait la connaissance d’Anatole Deibler, célèbre bourreau. Celui-ci manquant d’adjoints, engage Jules-Henri qui conserve toutefois son emploi de mécanicien.

Jules Henri procède à sa première exécution le 11 janvier 1909 à Béthune où quatre condamnés, les « chauffeurs du Nord » passent sous la guillotine.

Et le 17 avril de la même année, quand Jules Henri épouse Georgette Rogis, âgée de 18 ans, il intègre la descendance d’une lignée d’exécuteurs portant les noms de Deibler et Obrecht. Un fils René naîtra de cette union en 1910.

Démobilisé de la Première Guerre mondiale, Jules-Henri réintègre son poste d’adjoint en 1919. Il devient premier adjoint d’Anatole Deibler en 1930.

Une tragédie secoue sa vie, quand son fils unique âgé de 24 ans, qui avait refusé de devenir exécuteur à sa majorité, se suicide en 1934. On prétend qu’il s’agissait d’une déception amoureuse.

Jules-Henri en est si marqué qu’il sombre dans la dépression, le mutisme et la boisson.

Quand Anatole Deibler meurt subitement le 2 février 1939 sur le quai du métro parisien. C’est Jules-Henri qui doit « exécuter » à sa place un condamné à mort deux jours plus tard à Rennes.

 

Il devient exécuteur en chef au décès de Deibler, en 1939

Sur les insistances de la veuve d’Anatole Deibler, Jules-Henri Desfourneaux est nommé officiellement au poste très convoité d’exécuteur en chef le 15 mars 1939.

Sa première exécution, en tant que chef est à Rouen, puis à Paris.

Et quand il s’apprête à guillotiner le sérial killer Eugène Weidmann le 17 juin 1939 à Versailles, photographes, journalistes et une foule hystérique provoquent un retard de 45 minutes. Ces faits suscitent l’émoi d’Edouard Daladier, président du Conseil,  qui promulgue le 24 juin 1939 un décret-loi abolissant les exécutions en public qui auront lieu dorénavant dans la cour des prisons, à l’abri des regards.

Ainsi, prend fin en France, ce rituel de l’exécution publique au caractère sensationnel très prisé par les foules.

Pendant le Second Conflit mondial, Desfourneaux reste à son poste. Mais, outre les exécutions d’assassins, on l’oblige à guillotiner résistants et communistes et même des femmes.  Cette obéissance servile à l’occupant engendre la démission, en 1943, de quatre de ses aides. Le bourreau est alors contraint d’embaucher comme aides de fortune, des charretiers.

Mais à la Libération, l’enquête ne le qualifie pas de collaborateur et Jules-Henri conserve sa place.

Ensuite, le premier condamné qu’il exécute à Paris en mai 1946 est le docteur Marcel Petiot.

Affaibli par la dépression et l’alcoolisme, Desfourneaux malade, a de plus en plus de mal à grimper les escaliers à la prison de la Santé.

Sa dernière guillotine a lieu le 29 juin 1951 à Saint-Brieuc. Il passe alors son temps entre un petit atelier de réparation de vélos qu’il a acheté et sa maison, attendant qu’on vienne le prévenir d’une nouvelle exécution.

 

Il décède à 73 ans en octobre 1951 après avoir participé à près de 350 exécutions dont 200 en tant que chef. C’est André Obrecht qui lui succède.

 


Dessin de la première guillotine qui hérite son nom du Dr Guillotin

 

Se serait-il mieux épanoui dans le métier de mécanicien ?

Homme de devoir, sérieux, méticuleux, appliqué et organisé, ces qualités  l’ont fait exceller en mécanique.

Aurait-il mieux épanoui sa personnalité en poursuivant dans cette voie ?

Mais par l’hérédité, il a actionné la mécanique de la guillotine, pour des êtres qui s’étaient mis en situation d’échec et de dévalorisation : impression qu’il ressentait lui-même en son fort intérieur. L’auto-sanction de l’alcoolisme l’a conduit à une lente et sûre déchéance.

Exécuteur de jugements concernant des coupables, il portait aussi en lui ce même sentiment de culpabilité à propos d’une profession qui a fait voyager ce natif du Sagittaire.

Sa nature secrète et introvertie a sans doute renforcé son mutisme après l’épreuve de la disparition de son fils.

 


(
Logiciel AUREAS AstroPC Paris)

 


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