Louis BARTHAS
Né le 14 juillet 1879 à 2h du matin à Homps Aude 11
Selon acte n°18 – AD11 – 5 E 172_10_Barhas Jacques Louis
Décédé le 4 mai 1952 à Peyriac-Minervois Aude 11
Socialiste et pacifiste, arraché à sa terre, il doit aller se battre.
A Peyriac-Minervois, situé au cœur d’un vaste domaine viticole, Louis âgé de 35 ans, marié et père de famille, fait le tonnelier. Son bagage scolaire se limite à un Certificat d’études, certes, mais décerné avec le premier prix du canton et primé par le Conseil général.
Louis contribue dans sa région à fonder le syndicat des ouvriers agricoles. Militant socialiste, il partage les idées pacifistes de Jean Jaurès. Il lit beaucoup, Karl Marx, Victor Hugo, Emile Zola, Anatole France…
Quand le 2 août 1914, dans la chaleur brûlante de l’été, résonne un roulement de tambour qui réveille les rues quasi désertes du village, Louis songe à quelque forain ou cirque qui arriverait ou à l’annonce d’un arrêté du maire sur la rage ou la propreté des rues.
Le garde-champêtre proclame la mobilisation générale. Ce prélude à l’infâme et déshonorante guerre afflige Louis qui est d’autant plus stupéfait qu’autour de lui, c’est l’enthousiasme quasi général pour aller en découdre au plus vite avec ces maudits Allemands et les vaincre promptement.
Incorporé avec le grade de caporal, au 80e d’Infanterie basé à Narbonne, Louis va passer toute la guerre au front. Ses périodes de repos sont prises à quelques kilomètres en arrière des lignes, avec de rares permissions.
Au plus près de l’horreur de la guerre, il écrit son quotidien et ses pensées.
Son régiment est une de ces unités rurales qui sont chair à canon pour les grandes opérations militaires. Et pendant toute la durée de la guerre, il est au plus près de l’horreur dans la Somme, l’Argonne et Verdun.
Entre accoutumance et révolte, il est un poilu parmi des milliers pataugeant dans la boue des tranchées avec les rats et les poux, vivant les attaques criminelles par leur impréparation, les absurdités du commandement, les mutineries de 1917, les tentatives de fraternisation.
Louis écrit son quotidien sur tout morceau de papier disponible qu’il rapporte maculé de boue, rongé par les rats. Et en même temps adresse de nombreuses lettres et cartes à sa femme et à ses enfants.
A son retour, il retrouve son métier de tonnelier. Dès 1919, il reprend ses notes et occupe ses soirées à consigner son journal de guerre en dix-neuf cahiers !
Le témoignage de Louis Barthas, qui fait référence pour les historiens, est qualifié par François Mitterrand de véritable œuvre littéraire à haute valeur historique.
https://commons.wikimedia.org/wiki/File:LouisBarthas.JPG
Son témoignage lucide et clairvoyant est réquisitoire contre la guerre.
Louis Barthas porte un regard lucide et clairvoyant sur toutes choses. Comme la réflexion est importante pour lui, rien d’étonnant à ce qu’il éprouve le besoin de s’ouvrir l’esprit par la lecture, et ensuite l’écriture de guerre qui devient une sorte de dialogue avec lui-même.
Doté d’une mémoire remarquable, il a besoin de conserver les souvenirs afin d’en garder trace durablement.
Fort d’un réel sang-froid et d’une pensée solide, il dispose d’une formidable énergie de terrien qui donne son maximum quand les conditions sont hostiles et contraignantes. C’est sans doute pour cela qu’il a supporté et survécu à une si longue épreuve.
Attaché à sa terre, à sa patrie, à sa famille, il est un pacifiste dans l’âme car la guerre détruit et désorganise tout ce qui est essentiel à ses yeux.
Ainsi, son témoignage extraordinaire d’authenticité porte encore, par delà les années, la force et la conviction pacifiste de son auteur.
Je serai toujours fidèle à mes principes de socialiste, d’humanitaire, de vrai chrétien même…
(Extrait d’un de ses cahiers)
Souvent je pense à mes très nombreux camarades tombés à mes côtés. J’ai entendu leurs imprécations contre la guerre et ses auteurs, la révolte de tout leur être contre leur funeste sort, contre leur assassinat. Et moi, survivant, je crois être inspiré par leur volonté en luttant sans trêve ni merci jusqu’à mon dernier souffle pour l’idée de paix et de fraternité humaine.
Conclusion de Louis Barthas
Source documentaire : Les Carnets de guerre de Louis Barthas tonnelier 1914-1918 – Actes et mémoires du peuple / François Maspero Paris - édition 1979 – préfacé par Rémy Cazals - aimablement prêté par Claude Latta historien
Voir aussi le dossier Martyrs de Vingré.
(Logiciel AUREAS AstroPC Paris)
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