Dossiers

« Martyrs de Vingré »

 

Connus sous le nom de

« Martyrs de Vingré »

  ils sont 6 poilus de la guerre de 14-18 fusillés pour l’exemple le 4 décembre 1914
et réhabilités solennellement par la Cour de Cassation le 29 janvier 1921

 


Monument de Vingré dédié à ces martyrs édifié sur le lieu de l’exécution,
et inauguré le 5 avril 1925

 

Dès 1914, des cours martiales créées pour contraindre le soldat à l’obéissance

Au début du premier conflit mondial, confronté à de nombreux cas d’automutilations, de désertion et refus d’obéissance, le commandant en chef Joffre crée des conseils de guerre spéciaux - cours martiales - qui condamnent à mort, au moindre doute, laissant peu de place à la défense. L’affaire des martyrs de Vingré en est une des plus émouvantes.

Tout commence au soir du 27 novembre 1914, dans ce secteur du front de Vingré, dans l’Aisne, à l’ouest de Soissons. Les soldats du 298e R.I. de Roanne sont surpris par une attaque allemande. Dans la confusion de la mêlée, 24 soldats français réussissent à fausser compagnie à l’ennemi…

L’officier commandant la section rédige un rapport dans lequel il « charge » ses hommes qui, en fait, n’avaient fait que le suivre lorsqu’il avait battu en retraite.

 

6 fusillés pour l’exemple provoquant déshonneur pour leurs familles

Le général commandant Etienne de Villaret ordonne que soient fusillés les 6 soldats, choisis au hasard parmi "les déserteurs". Après un jugement expéditif, ils sont fusillés au matin du 4 décembre 1914. Il s’agit du caporal FLOCH, des soldats BLANCHARD, DURANTET, GAY, PETTELET et QUINAUD.

Le Journal de marche du régiment, signale l'exécution à la date du 4 décembre :
L'exécution des 6 condamnés à mort a lieu à 7h30, à 200m à l'ouest du calvaire de Vingré, situé à l'embranchement des deux chemins allant à Nouvion. Assistent à la parade d'exécution les quatrième compagnie de réserve du 298e, deuxième compagnie du 216e et une compagnie du 238e. Les troupes sont commandées par le Lieutenant-Colonel Pinoteau. Les condamnés qui ont passé la nuit dans la prison du poste de police sont amenés à 7h30 par un piquet de 50 hommes et fusillés. Après l'exécution qui se passe sans incident, les troupes défilent devant les cadavres et rentrent dans leurs cantonnements.

Dès que la nouvelle de l’exécution de leurs maris est connue dans leurs villages respectifs, les vexations commencent. Ainsi, la famille du soldat fusillé pour l'exemple est doublement touchée par le deuil. En effet la honte d'avoir eu un frère, un père, un époux condamné pour sa lâcheté est très difficile à supporter. Cela s'ajoute inéluctablement au poids du deuil. De plus les femmes des fusillés restent démunies financièrement ne recevant pas la pension attribuée aux veuves de guerre.

 

La réhabilitation en 1921 pour les 6 poilus fusillés pour l’exemple en 1914

En février 1919, les veuves des soldats Blanchard et Durantet entreprennent les premières démarches pour la réhabilitation de leurs conjoints en écrivant au docteur Laurent, député de Roanne. Mais c’est avant tout la détermination et l’acharnement de Claudius Lafloque, un ancien du 298 R.I., qui permit de faire avancer la requête (échange de correspondances avec le ministère de la Justice, obtention de nombreux témoignages mettant en accusation directe le sous-lieutenant Paulaud, etc.).

Avec l’aide d’un avocat, le ministère, mis sous pression, finit par accepter la révision du procès. L’audience devant la Cour de Cassation a lieu les 30 novembre et 1er décembre 1920 et le verdict est rendu le 29 janvier 1921. Il casse le jugement du 4 décembre 1914, et rétablit les familles des fusillés dans leur plein droit y compris pour le paiement des arrérages de pension depuis 1914.

L'arrêt de la cour de cassation du 29 janvier 1921 a été publié au Journal Officiel  du 18 février 1921.

 

Le lieutenant Paulaud inculpé puis acquitté en 1921

A la suite de ce jugement, le lieutenant Paulaud est inculpé pour faux témoignage par le ministère de la Guerre et jugé les 4 et 5 octobre 1921. Le commissaire du gouvernement requiert 3 ans de prison et sa destitution mais, 7 ans après les faits, les preuves de sa culpabilité étant difficiles à établir, il est finalement acquitté au grand mécontentement des anciens combattants.

 

Une rue à Saint Etienne et à Roanne ainsi qu’une place d’Ambierle,  perpétuent leur mémoire.

 

haut de page