Première femme à faire le tour du monde, pour cela elle doit se travestir en homme comme valet d’un naturaliste pour embarquer dans l’expédition de Bougainville où elle se montre botaniste avertie.

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Jeanne BARRET
(
ou Baré, Baret, née Barér)

Née  le 27 juillet 1740 à La Comelle Saône-et-Loire 71
Heure de naissance absente sur acte de baptême
Selon acte de baptême – AD 71 en ligne – 4 E 142/2 – BMS 1736-1749 – vue 55/181

 Décédée le 5 août 1807 à 23h à Saint-Antoine du Breuilh Dordogne 24
Selon acte de décès – AD24 en ligne – 5 E 365/5 -  vue 16/38

 

 

Jean Baré valet du naturaliste Commerson

Fille de paysan pauvre, Jeanne devient une aide-botaniste précieuse

Bête de fardeau du naturaliste, elle fait une bonne part de son travail

Elle ramène en France 30 caisses, 5000 espèces dont 3000 décrites comme nouvelles

Voir d’un coup d’œil et jusqu’au détail, telle est cette audacieuse servante de la science

 

 

Jean Baré valet du naturaliste Commerson

Naviguer reste affaire d’hommes en ce milieu du 18e siècle. Par ordre du Roi, la présence de toute femme sur un bateau de sa Majesté est interdite et entraîne sanction pour l’officier ou les membres d’équipage contrevenants.

Jeanne Barret, entrée en 1764 comme domestique au service d’un veuf de 37 ans chargé de famille Philibert Commerson, se verrait bien accompagner son maître médecin naturaliste du Roy, partant pour le premier tour du monde lancé par la Marine royale.

Recommandé par l’astronome Jérôme de Lalande, ce génie des sciences naturelles doit embarquer au port de Rochefort le 1er février 1767 à bord de l’Étoile, l’un des deux navires de l’expédition commandée par Louis-Antoine de Bougainville officier de marine et explorateur.

Les navires vont lever l’ancre et voilà que, juste avant le départ, Philibert Commerson enrôle à son service un valet de chambre gagé et nourri par le Roy, un certain Jean Baret.

Incommodé par le mal de mer et en mauvaise santé, Commerson obtient de loger avec son fidèle valet pour qu’il puisse lui porter secours de jour comme de nuit. Le botaniste et « son assistant » se voient attribuer la cabine que le capitaine du navire leur a cédée, à cause de la grande quantité de matériel emportée.

Outre les soins infirmiers et le ménage, le valet de chambre s’occupera aussi de gérer collections et papiers du savant.

Travestie en homme, cheveux coupés, vêtements amples, poitrine bandée, Jeanne vient ainsi d’embarquer incognito pour l’expédition scientifique où elle se révèlera botaniste de talent.

 


Philibert Commerson, médecin explorateur et naturaliste

 

Fille de paysan pauvre, Jeanne devient une aide-botaniste précieuse

Issue d’une famille de paysans pauvres, Jeanne travaille tôt comme femme de maison ou gouvernante. Si l’on ignore beaucoup de choses de sa jeunesse, on sait cependant qu’elle était instruite et savait écrire. Par le curé du village, ou quelque gentilhomme campagnard ?

Après son entrée au service de Commerson, elle est une assistante ordonnée, méthodique, précieuse pour répertorier les documents botaniques, classer les végétaux de son maître et l’aider dans ses travaux pour réorganiser les jardins de Bourg-en-Bresse, Dijon, ou Lyon…

Officiellement femme de chambre de Commerson, Jeanne se retrouve enceinte et accouche d’un fils en décembre 1764, nommé Jean-Pierre Barret dont le père est probablement le naturaliste. L’enfant placé à l’Assistance publique meurt quelques mois plus tard.

Mais avant de partir en expédition, Commerson prendra soin de faire dans son testament un legs pour subvenir aux besoins de « sa gouvernante ».


Voyage de la Boudeuse et de l’Étoile.

 

Bête de fardeau du naturaliste, elle fait une bonne part de son travail

Pendant l’expédition, lors des étapes pour herboriser vers les plaines et montagnes, Baret fait une bonne part du travail pour soulager Commerson qui souffre d’un ulcère à la jambe.

Sa bête de fardeau écrira-t-il dans ses notes à propos de « son valet » véritable bras droit, réputé fort et courageux, qui transporte les fournitures, collecte plantes, pierres et coquillages, organise, catalogue ses spécimens et notes prises lors du voyage.

Ayant recueilli des spécimens d’une liane fleurie, Commerson et Baret les baptisent Bougainvillea en l’honneur du commandant de l’expédition qui reconnaîtra en cette femme une naturaliste avisée.

Les savants modernes estiment que les compagnons de bord ont fini par découvrir que le valet du naturaliste est une femme. Ainsi, quand les navires font une longue escale à l’île Maurice (alors nommée Isle-de-France) – important comptoir français – Bougainville débarque Commerson et « son valet » accueillis par Pierre Poivre, gouverneur de l’île et vieil ami du botaniste.

Il est probable que Bougainville ait arrangé ainsi l’affaire pour se libérer du problème de la présence illégale d’une femme dans son expédition.

 


La Boudeuse – un des deux navires de l’expédition Bougainville

 

Elle ramène en France 30 caisses, 5000 espèces dont 3000 décrites comme nouvelles

Jeanne continue son rôle d’assistante et de gouvernante de Commerson et l’accompagne sans doute pour botaniser Madagascar et la Réunion (ex île Bourbon) en 1770-1772. Mais la santé du botaniste se dégrade et il meurt à 46 ans le 13 mars 1773.

Désormais seule et sans ressources, Jeanne ouvre un cabaret à Port-Louis et fait la connaissance d’un officier français périgourdin Jean Dubernat qu’elle épouse le 17 mai 1774.

Quand le couple rentre en France, Jeanne Barret devient bien la première femme à boucler le tour du monde. En naturaliste consciencieuse, elle rapporte les récoltes botaniques de Commerson destinées au Jardin du roi.

Grâce à l’argent légué par Commerson et récupéré non sans mal, le couple s’installe en Périgord où Dubernat s’établit forgeron.

Louis XVI, sensible aux mérites de cette aide-botaniste, lui attribue une pension.

 

Voir d’un coup d’œil et jusqu’au détail, telle est cette audacieuse servante de la science

L’absence d’heure de naissance sur l’acte de baptême rend difficile l’étude du caractère de Jeanne Barret. Cependant, il est possible d’esquisser quelques tendances.

L’influence du Lion lui confère un œil affûté, vif et curieux, avec sang-froid et réelle autorité naturelle.

Sa fine intuition se conjugue habilement avec une lucidité sans faille et une grande clairvoyance.

L’art de la synthèse lui est inné et par chance, s’y associe l’incomparable esprit d’analyse de la Vierge qui se fait organisatrice méticuleuse et dévouée au service des autres.

Être à l’avant-garde de son temps est dans sa nature et le destin l’a bien placée pour être la 1ère femme qui fait le tour du monde dans une expédition d’envergure où elle prend toute sa place en tant que botaniste, même si l’histoire tarde à louer ses mérites.

En devenant femme de chambre d’un savant naturaliste, elle sert aussi la science avec ses qualités qui allient sérieux, rigueur et minutie.

Qu’aurait été l’apport scientifique du naturaliste Philibert Commerson sans sa précieuse assistante ?

 

Merci à Marie-Pierre de m’avoir signalé cette audacieuse botaniste du 18e siècle.

 


(
Logiciel AUREAS AstroPC Paris)

 

 


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