Ce jeune nationaliste armé d’un révolver assassine Jean Jaurès le 31 juillet 1914 au Café du Croissant à Paris, à la veille du déclenchement de la Première Guerre mondiale.

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Raoul VILLAIN

Né le 19 septembre 1885 à 19h à Reims Marne 51
Selon acte n°2176 – AD51 en ligne

 Décédé le 14 septembre 1936 à Ibiza (archipel des Baléares)

 

 

Lourde hérédité et psychologie fragile le portent vers le nationalisme extrémiste

Qualifié de « très doux, gentil et bien éduqué » par ceux qui l’approchent

Il se met en tête de tuer Jaurès.

Il est acquitté à l’issue de son procès en 1919.

L’idéologie radicale nourrit son goût instinctif de l’échec

 

 

Lourde hérédité et psychologie fragile le portent vers le nationalisme extrémiste

Son père est greffier en chef au tribunal civil de Reims  et sa mère, atteinte d’aliénation mentale en 1887 est internée à l’asile de Châlons-sur-Marne tandis que sa grand-mère paternelle souffrait de délires mystiques.

Son frère aîné Marcel, commis-greffier sera lieutenant aviateur et officier de la Légion d’honneur pour ses faits d’armes durant la Première guerre mondiale.

Après des études chez les Jésuites, en octobre 1905 Raoul s’inscrit à l’Ecole nationale d’agriculture de Rennes dont il sort diplômé, classé 18e sur 44. Toutefois, il ne travaille que quelques semaines dans l’agriculture avant de rejoindre son père à Reims puis d’aller en Alsace avec le désir de préparer le baccalauréat tout en étant surveillant suppléant au collège Stanislas.

 

Qualifié de « très doux, gentil et bien éduqué » par ceux qui l’approchent

Incorporé en 1906, l’Armée le réforme un an plus tard.

En 1912, il séjourne en Angleterre puis l’année suivante en Grèce. Finalement en juin 1914, il s’inscrit à l’Ecole du Louvre pour y étudier l’archéologie.

« Sérieux, très doux, gentil, poli, bien éduqué, sans mauvaise fréquentation… » sont autant de qualificatifs donnés à son sujet tant lors de ses études qu’à l’occasion de son hébergement à l’étranger et même dans sa fiche de police. Il vit seul et semble avoir peu de relations.

Selon sa fiche de police, « depuis sept ans, le père ne parle de son fils Raoul qu'avec tristesse. Celui-ci est devenu exalté, instable, atteint de mysticisme religieux ». Il ne venait plus que deux fois par an à Reims et « ne donnait aucun détail sur son genre de vie à Paris où il vivait seul depuis quatre ans ».

 

Il se met en tête de tuer Jaurès.

Séduit par le catholicisme social où il trouve de la chaleur affective, il est membre du Sillon, jusqu’à la condamnation par le pape Pie X en 1910 de ce mouvement politique et idéologique.

Raoul adhère ensuite à la Ligue des jeunes amis de l’Alsace-Lorraine, groupement d’ultranationalistes d’extrême droite  où son rôle est effacé. Il reproche à Jaurès de s’être opposé à la loi sur le service militaire de trois ans.

Peu à peu, Villain se met en tête de tuer Jaurès. Il achète un revolver et commence à traquer le leader socialiste, griffonnant des notes incohérentes sur ses habitudes dans son portefeuille.

Alors que Jaurès mange avec ses collaborateurs, le dos tourné vers une fenêtre ouverte au Café du Croissant, Raoul Villain tire violemment le rideau et tire deux fois avec son révolver. Une balle atteint la tête du tribun socialiste qui aussitôt s’affaisse. On est le vendredi 31 juillet à 21h40 et sur l’acte de décès, sa mort est notée à 21h45.

Alors qu’il tente de s'enfuir à grands pas vers la rue de Réaumur il est vu par Tissier, metteur en page de L'Humanité, qui le poursuit, l'assomme avec un coup de sa canne et l'immobilise au sol avec l'aide d'un policier. Conduit au poste, il s'exclame : Ne me serrez pas si fort, je ne veux pas m'enfuir. Prenez plutôt le révolver qui est dans ma poche gauche. Il n'est pas chargé.

 Incarcéré pendant toute la guerre, dans une lettre à son frère le 10 août 1914 depuis la prison de la Santé, Villain affirme :

J'ai abattu le porte-drapeau, le grand traître de l'époque de la loi de trois ans, la grande gueule qui couvrait tous les appels de l'Alsace-Lorraine. Je l'ai puni, et c'était le symbole de l'ère nouvelle, et pour les Français et pour l'Étranger.

 

Il est acquitté à l’issue de son procès en 1919.

A l’issue de son procès ouvert le 24 mars 1919, dans un contexte patriotique et après 56 mois de détention préventive, Villain est acquitté à la quasi unanimité du jury populaire.

 Le dernier jour des débats, Villain déclare « je demande pardon pour la victime et pour mon père. La douleur d'une veuve et d'une orpheline ne laisseront plus de bonheur dans ma vie ».

A partir de sa libération en avril 1919, Raoul Villain connaît une vie errante et instable avec des tentatives de suicide. Il s’expatrie à Dantzig puis à Ibiza en 1932, où les habitants le surnomment « le Fou du port ». Peu après se déclenche la guerre d’Espagne et dans le chaos de l’île bombardée par l’aviation italienne, les anarchistes exécutent Raoul Villain.

 

 

 


Plaque commémorative au Café du Croissant 146, rue Montmartre à Paris 2e

 

Au niveau du gouvernement français, cet assassinat précipite l’entrée en guerre, notamment par le ralliement de la gauche et de certains socialistes jusqu’alors hésitants à rejoindre l’Union sacrée pour faire face à la Patrie en danger.

 

Sources documentaires :
http://www.cheminsdememoire.gouv.fr/fr/raoul-villain
et Wikipedia :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Raoul_Villain

 

 

L’idéologie radicale nourrit son goût instinctif de l’échec

Habité par le feu impulsif du Bélier, Raoul Villain se saisit avec sang-froid et inémotivité d’une arme à feu au nom d’une idéologie radicale pour combattre l’adversaire Jaurès.

L’influence virginienne sous la coupe d’Uranus le pousse au calcul déterminé, précis, radical, extrémiste, persuadé qu’il est d’avoir raison.

Il porte en lui, comme un besoin instinctif de se mettre en situation d’échec jusqu’à l’acte irréparable envers son adversaire qui, à ses yeux, empêche « la France et l’Etranger d’aborder une ère nouvelle » !

Cette tendance s’est déjà traduite par son instabilité lors de ses études et dans ses professions vite interrompues.

Vivant, que serait devenu Jean Jaurès face au conflit mondial enclenché et sans cet assassinat quelle aurait été la suite de destinée de Raoul Villain ?

 


(Logiciel AUREAS AstroPC Paris)

 


Retrouvez l'acte sur les Archives Départementales Françaises en ligne

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