Alsacien migrateur et hors normes, il est l’un des plus brillants dessinateurs de sa génération… à la notoriété internationale…

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Tomi UNGERER
Jean Thomas UNGERER dit…

Né le 28 novembre 1931 à 15h30 à Strasbourg Bas-Rhin 67
Selon données Didier Geslain

 Décédé le 9 février 2019 à Cork en Irlande

 

 

Assis entre deux chaises : « son » Alsace et le reste du monde…

Secoué par la guerre dans cet angle de France aussi germain que francophile

Après avoir enjambé bac et armée, l’artiste voyageur part réussir en Amérique

De l’Amérique au Canada avant de s’enraciner en Irlande

Centaure génial au crayon et à la plume trempés dans le feu… pour rire !

 

 

Assis entre deux chaises : « son » Alsace et le reste du monde…

Inclassable et difficile à apprivoiser, tel est cet affichiste, auteur-illustrateur, inventeur d’objets, dessinateur publicitaire et collectionneur… dont le talent règne depuis 1957 sur la littérature jeunesse.

Considéré comme l’un des plus brillants dessinateurs de sa génération, il mène à partir de 1957, une carrière internationale dans de nombreux domaines des arts graphiques.

Selon le principe qu’un bon dessin vaut mieux qu’un long discours.

Ses livres sont traduits en plus de quarante langues dont certains adaptés au cinéma comme Jean de la Lune en 2012 ou Les Trois brigands en 2007. Généreux, il fait don de 1 500 jouets et 14 000 dessins à Strasbourg, sa ville natale.

Globe-trotter enraciné alsacien mais expatrié, jeune hyperactif surnommé « fourmi boute-en-train » chez les scouts, curieux de tout et du monde, il avoue avoir toujours été assis entre deux chaises : « son » Alsace et le reste du monde.

Pourtant cet équilibriste de la vie se trouve ainsi très bien assis !

Les Américains m’ont permis de démarrer, reconnait cet émigré-voyageur viscéralement attaché à sa terre natale, l’Alsace, terreau de son inspiration, et dont il ne cessera de parler avec un humanisme décapant :

Je suis né Halsacien ou Alsacien, ça dépend où tombe la hache,
avec un passeporc français qui dure depuis 1945.

 


Tomi Ungerer devenu un maître de la littérature enfants

 

Secoué par la guerre dans cet angle de France aussi germain que francophile

Issu d’une famille protestante installée depuis 1674 en Alsace, il compte dans son ascendance des bouchers et des pasteurs ainsi que des spécialistes de l’horlogerie monumentale.

Tomi n’a que 3 ans quand meurt son père ingénieur, fabricant d’horloges astronomiques. L’entreprise d’horlogerie Ungerer, active de 1858 à 1959, s’occupe notamment d’entretenir celle de la cathédrale de Strasbourg.

La famille part alors s’installer à Wintzenheim.

À la Seconde Guerre mondiale, l’Alsace -point crucial des gesticulations de l’histoire- est annexée par l’Allemagne, maison et usine familiale réquisitionnées par les Allemands. Comme tous les Alsaciens, l’écolier Tomi subit l’endoctrinement nazi. Parlant alsacien et français, il a trois mois pour apprendre l’allemand comme indiqué dans la germanisation qui prévoit que les journées commencent par des chants nazis et l’écoute des discours d’Adolf Hitler. Outre l’interdiction de parler français, son prénom devient « Hans », pour sonner plus germain.

Comme sa mère continue à lui parler en Français malgré l’interdiction, elle est dénoncée aux autorités nazies. Elle convainc facilement l’officier de la Gestapo, en lui disant : Il faudra bien trouver des gens pour diriger ces Français après la victoire finale.

L'officier admet : Ainsi parle une vraie fille du Führer. Dès lors, l'enseignement en français du jeune Tomi peut continuer. L’enfant Tomi est alors : Français à la maison, Alsacien dans la rue, et Allemand à l’école.

Après la libération de l’Alsace, Tomi à 13 ans redevient français. Mais comble de l’ironie, on lui interdit cette fois de parler alsacien dont le moindre mot à l’école vaut immédiate sanction voire violente paire de baffes.

Fils d’un bibliophile émérite trop tôt disparu, il sera marqué à vie par les autodafés, organisés par les Français, de livres de la littérature allemande et notamment la destruction par incendie de la belle bibliothèque baroque de son lycée.

Traumatisé à vie, Tomi Ungerer, arrivé au soir de son existence, avoue faire encore des cauchemars liés à cette période, tout en estimant préférable que les Alsaciens soient les Allemands de la France plutôt que les Français de l'Allemagne.

 

 

Après avoir enjambé bac et armée, l’artiste voyageur part réussir en Amérique

De Libération en désillusion, son innocence durement balayée nourrit une arrogance d’Alsatien qui le pousse hors de France et de l’Alsace d’après-guerre. En attendant, on le retrouve chez les scouts, jeune boute-en-train activiste et collectiviste.

À 15 ans, cet insoumis enfourche un vélo pour explorer la France.

Après son échec au baccalauréat en 1951 au lycée Bartholdi,  Tomi Ungerer s’en va découvrir par des moyens de fortune la Laponie et le Cap Nord.

À 22 ans, changement de climat : on le retrouve engagé dans le corps d’armée des méharistes en Algérie pour le contrôle du Sahara dont il revient malade et réformé en 1953.

Entré aux Arts décoratifs à Strasbourg, il en reprend la porte au bout d’un an, renvoyé pour indiscipline.

Il est pendant un temps étalagiste et publicitaire pour de petites entreprises, mais son ardeur voyageuse le pousse à travers l’Europe, en Islande, Norvège, Grèce, Yougoslavie toujours par des moyens de fortune, en auto-stop ou s’engageant comme marin sur des cargos.

Ce baroudeur, à qui on reconnaîtra un culot d’archevêque franc-tireur et une persévérance de bénédictin, voit la vie en grand avec la Terre comme pays.

Ainsi, à 25 ans, il file vers le Nouveau Monde où, à New York, il débarque avec 60 dollars en poche et une cantine de dessins et de manuscrits.

Une fois la « carte verte » en poche, il s’y installe en 1957 et se consacre à la littérature pour enfants.

Cet Eldorado tient toutes ses promesses pour Tomi Ungerer qui y rencontre un succès immédiat : journaux et magazines les plus prestigieux s’arrachent ses dessins de publicitaire et d’affichiste et lui ouvrent les portes de la notoriété.

 

 

De l’Amérique au Canada avant de s’enraciner en Irlande

A priori, l’homme de plume sympathique et insaisissable sait comme personne rendre populaire l’anticonformisme. Il se fait un nom tant comme dessinateur politique par ses affiches contre la guerre du Viêt Nam et la ségrégation raciale que comme illustrateur satirique par sa critique de la société américaine.

Après son divorce d’avec Miriam Strandquest, Tomi Ungerer, remarié à 40 ans avec Yvonne Wright, s’installe au Canada dans la province de Nouvelle Écosse. Le couple est séduit par le sauvage des lieux, malgré un voisinage style Far-West.

En 1976, le couple s’installe définitivement en Irlande dans le comté de Cork d’où est originaire la famille d’Yvonne Ungerer.

Forgé par ses souvenirs d’enfance, Tomi Ungerer s’investit beaucoup, à partir des années 1980, pour l’amélioration des relations franco-allemandes ainsi que la préservation de l’identité et du bilinguisme en Alsace.

Pour la première fois depuis des siècles, Strasbourg et l'Alsace sont au bon endroit au bon moment, comme il aime à le répéter à propos de sa ville natale portant désormais l’auréole étoilée de l’Europe.

À son décès en 2019, Tomi Ungerer, père de quatre enfants, laisse une œuvre de 30 000 à 40 000 dessins qui s’étend de la littérature d’enfance à la publicité en passant par la satire sociale et politique, l’alsatique et jusqu’à l’érotisme.


Fontaine de Janus
dessinée par Tomi Ungerer pour les 2000 ans de Strasbourg en 1988.
Janus dieu romain des commencements et des fins

Tomi Ungerer aussi anticonformiste qu’humaniste se dit atteint de caméléonisme depuis les secousses géopolitiques subies dans son enfance.  

Ses colères redoutées et redoutables, font dire à son biographe Paul Boeglin que ce génie du crayon n’est pas de tout repos et peut cacher le démon derrière un diable hypnotiseur. Omniprésent, quand il est quelque part, on ne voit que lui.

Sa popularité d’abord internationale puis alsacienne attire la foule lors de l’hommage œcuménique qui lui est rendu le 15 février 2019 en la cathédrale Notre-Dame de Strasbourg et depuis, nombre de lieux lui rendent hommage.

 

Sources documentaires :
-
https://www.ecoledesloisirs.fr/auteur/tomi-ungerer
- Mon Alsace Tomi Ungerer, texte de Paul Boeglin, Édition La Nuée Bleue
-
https://fr.wikipedia.org/wiki/Mus%C3%A9e_Tomi-Ungerer_%E2%80%93_Centre_international_de_l%27illustration
-
https://www.kuriocity.fr/la-fontaine-de-janus/

 

 

Retrouvez Tomi Ungerer sur YouTube 

 

 

Centaure génial au crayon et à la plume trempés dans le feu… pour rire !

 Tomi Ungerer est né pour mettre en scène avec réussite la vie et les humains et se mettre lui-même en scène à travers le monde.

 Prototype de Sagittairien extraverti et nourri d’un puissant feu intérieur, il se définit justement : boute-en-train, meneur… fourmi qui montrait le chemin aux autres, qui entraînait les autres dans sa fourmilière… du temps où il était jeune scout.

(Amas planétaire dont Soleil et Mercure maître d’ascendant en VII et au Sagittaire,  inscrit dans une triplicité de feu où un Jupiter/Lion reçoit l’appui d’un Uranus/Bélier)

 Tant d’énergie ardente éclabousse forcément en colères redoutables et irrépressibles qu’un faible parapet de la raison  est  impuissant à contenir faisant face aussi  à un flot d’instincts épidermiques et douloureux.

 Par le crayon du dessinateur et la plume de l’écrivain philosophe Tomi Ungerer a pu exorciser avec talent ses démons intérieurs et ceux du monde environnant.

(Saturne/Capricorne carré à Uranus et opposé à Lune-Pluton)

 Aller de la boue instinctive à l’étoile rédemptrice tel est le chemin de vie sinueux de ce Centaure jouisseur, génial et démonstratif à l’âme voyageuse, comme il se doit, marqué qu’il est par l’axe nomade Gémeaux-Sagittaire.

 En humaniste anticonformiste et indépendant, par son grand œuvre de vie, il demeure un passeur international de la nature humaine.

 

Salut l’artiste flamboyant Tomi Ungerer
qui a porté son talent d’humaniste-humoriste à l’échelle du monde !

 

 


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