Gustave THIBON
Né le 2 septembre 1903 à 13h à Saint-Marcel-d’Ardèche 07 Ardèche
Décédé le 19 janvier 2001 à Saint-Marcel-d’Ardèche 07 Ardèche
Soyons dans le temps, les jardiniers de l’éternité !
Gustave a 13 ans quand il doit quitter l’école, après le certificat d’études primaires, pour aider son grand-père à la vigne familiale, tandis que son père vient d’être mobilisé pour la Grande guerre.
Dès lors, s’il s’adonne à la culture des vignobles, il se cultive aussi grâce à la bibliothèque dont il dispose. Ainsi, il acquiert seul de vastes connaissances dans des domaines très diversifiés et toute sa formation se fera en dehors du système universitaire.
Sa jeunesse aventurière le conduit à Londres, en Italie, puis en Afrique du Nord pendant son service militaire. Il apprend l'anglais, l'italien et fait connaissance avec Nietzsche.
Les horreurs de la guerre de 1914-1918 le marquent profondément et le confirment dans son rejet de patriotisme revanchard et de la démocratie. Ce fut la guerre civile dans toute son horreur, la mise à mort d'un monde pour des raisons dont aucune ne tenait debout. Toute cette jeunesse sacrifiée !
L'homme ne sait pas ce qu'il veut, mais il sait très bien qu'il ne veut pas ce qu'il a.
Revenu au mas familial à 23 ans, il se remet à l’étude de la littérature. Son appétit de connaissance, désormais plus grand que sa soif d’aventure l’amène à étudier diverses matières telles que mathématiques, allemand, latin et grec ancien, tout en poursuivant le travail de la terre.
Sur le plan spirituel, ses maîtres à penser sont Saint Thomas d’Aquin et Saint Jean de la Croix puis en 1931, il fait la rencontre déterminante de Mère Marie-Thérèse du Carmel d’Avignon. Il devient oblat du Carmel tandis qu’il est encouragé dans sa vocation d’aller vers les autres, avec ses mots et sa réflexion, dans un souci de « philosophie concrète ». C’est ainsi qu’il écrit et fait des conférences jusqu’à un âge très avancé, tant en Europe qu’en Amérique.
"Prêt à risquer pour Dieu tout ce qui n'est pas Dieu", il a élaboré une réflexion liée à la quête spirituelle des hommes et des femmes d'aujourd'hui. Et il écrit : J'aime notre époque parce qu'elle nous force à choisir, entre la puissance de l'homme et la faiblesse de Dieu.
Au cours de l'été 1941, il accueille dans sa ferme ardéchoise, la philosophe Simone Weil, qui y travaille un temps comme ouvrière agricole. Chassée de l’université en raison de son origine juive, elle lui confie le manuscrit La Pesanteur et la grâce qu’il publie en 1947, après le décès de la jeune femme.
Après tous ces contacts et rencontres, Gustave Thibon développe une pensée très féconde, libre de toute mode et échappant à tout encadrement. Son écriture est qualifiée de poétique, prophétique et mystique.
Etre dans le vent : une ambition de feuille morte...
Récompensé deux fois, Gustave Thibon reçoit le Grand prix de littérature de l'Académie française en 1964, et le Grand prix de philosophie de l'Académie française en 2000.
Jeune philosophe à l'impressionnante érudition, on le retrouve vieux sage à la fin du siècle, dans une admirable continuité, il est à la fois pétri d’une culture universelle et profondément enraciné dans sa terre natale.
Dans Notre regard qui manque à la lumière, ouvrage paru en 1995, il se dégage une voix :
La voix solitaire qui sait réveiller dans l'homme le Dieu endormi. Ce Dieu en nous parfois s'éveille, il se cherche et nous le cherchons, il nous aime et nous l'aimons, mais nous ne le savons guère. Nous sommes aveuglés par des apparences éblouissantes, divertis par des attraits tangibles, mais restons toujours assoiffés d'amour et de vérité. En réalité, tout le monde cherche Dieu puisque tout le monde demande à la terre ce que la terre ne peut pas donner, tout le monde cherche Dieu puisque tout le monde cherche l'impossible.
La société devient enfer dès qu'on veut en faire un paradis.
(Logiciel AUREAS AstroPC Paris)
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