Prostituée, devenue aviatrice puis femme politique, son nom est lié à la loi sur la fermeture des « maisons closes » en avril 1946

 

Marthe BETENFELD veuve RICHER Henri, veuve CROMPTON Thomas
connue sous le pseudonyme de

Marthe RICHARD

née le 15 avril 1889 à 23 heures (11 heures du soir) à Blâmont Meurthe et Moselle 54
sa sœur jumelle Berthe est née le même jour, à 23 heures 30

Décédée le 9 février 1982 à Paris, inhumée au cimetière du Père-Lachaise

 

 

Préférant la prostitution à sa misérable vie d’ouvrière, elle échappe à cet esclavage grâce à l’amour d’un industriel fortuné, Henri Richer

Issue d’une famille modeste, elle devient apprentie-culottière à 14 ans, mais comme ce métier ne lui plaît pas, elle fugue de chez ses parents. Interpellée par la police des mœurs pour racolage, elle est ramenée dans sa famille. Mais elle fugue de nouveau à 16 ans et on la retrouve inscrite sur les registres de la prostitution à Nancy dès le 21 août 1905. Dans cette ville de garnison militaire, tombée amoureuse d’un italien proxénète, elle devient prostituée dans les bordels à soldats. Comme elle doit effectuer plus de 50 passes par jour, elle tombe malade et contracte la syphilis. Dès lors, virée du bordel et fichée par la police, elle s’enfuit à Paris.

C’est là qu’un soir de septembre 1907, dans une maison close d’un bon standing, elle rencontre un riche client, l’industriel Henri Richer, mandataire aux Halles. Il a le coup de foudre et bien vite Marthe oublie son passé et devient respectable bourgeoise dans son hôtel particulier de l’Odéon. Elle l’épousera le 13 avril 1915 dans la mairie du 16e.

 

Désormais riche, Marthe découvre la passion de voler

Dans cette période, où l’aviation en plein essor passionne les foules lors des innombrables meetings, Marthe et Henri découvrent le plaisir de voler et s’inscrivent, tous deux, à l’école de pilotage de Villacoublay à partir de janvier 1913. Henri renonce vite, alors que Marthe obtient son brevet de pilote sous le n° 1369, le 7 juin 1913. Toujours grâce à la bienfaisante fortune de son amant, elle expérimente aussi les joies de l’aérostation mais l’aviation demeure sa véritable passion.

Elle se blesse grièvement, lors d’un atterrissage le 31 août 1913 et à l’issue d’un coma de 3 semaines, elle en gardera des séquelles, notamment la stérilité. En ce printemps 1914, la guerre s’annonce mais Henri Richer, noceur invétéré, entraîne Marthe dans ce Paris noctambule qui s’amuse et s’étourdit frénétiquement jusqu’à l’aube, pour oublier les rumeurs de la Grande Guerre qui s’annonce.

Un tout nouveau Caudron G3, permet à Marthe de reprendre son entraînement dès le 5 février 1914 et de participer au meeting de Zurich.

 

Ne parvenant pas à être aviatrice combattante, elle se lance dans l’espionnage grâce à son amant « Zozo »

A la déclaration de guerre, Marthe veut s’engager dans l’aviation, comme les autres femmes de la Ligue de l’Union patriotique des aviatrices, mais aucune n’y parvient.
Devenue veuve de guerre le 25 mai 1916, mais riche, jeune et belle, elle ne cesse de traîner autour des aérodromes, avec des airs de patriote épleurée, pour se faire enrôler comme aviatrice combattante, mais en vain.

Grâce à son amant Joseph Davrichewy dit « Zozo » (né le 28 octobre 1882 à Gori), elle devient espionne célèbre, sous le pseudonyme de Marthe Richard pour le compte du Service de Centralisation du Renseignement. Cet émigré russe géorgien a, lui aussi, connu un destin insolite puisqu’élevé en compagnie d’un autre Joseph,  Staline lui-même !
Ainsi de Juin 1916 à octobre 1917, elle est agent secret en Espagne.

 

Elle se console d’un 2e veuvage par une vie mondaine et se bâtit un destin « d’héroïne » en publiant « Ma vie d’espionne au service de la France »

Le 15 avril 1926, elle se marie avec Thomas Crompton, directeur financier de la fondation Rockfeller. Marthe a le confort financier mais elle doit mettre entre parenthèses son goût pour la fête et sa passion pour l’aviation, car ce britannique préfère les soirées guindées et les plaisirs casaniers.
Il décède le 12 août 1928 et, du même coup, libérée des entraves conjugales, elle mène grand train à Bougival et passe ses soirées dans les boîtes à la mode. Ce qui lui vaut le surnom de « veuve joyeuse ».

Femme calculatrice et fantasque, scandaleusement libre pour son époque, Marthe reprend sa vie publique. Profitant de sa notoriété, elle n’hésite pas à s’inventer, devant les journalistes, une enfance dorée et défendant un profil de femme au foyer vertueuse.

Elle devient soudain une héroïne médiatisée par son best-seller sur sa vie d’espionne, qui se révèlera être pure affabulation et les hauts faits racontés dans ses mémoires, pures romances. Mais à l’époque, c’est grâce à son amant Edouard Herriot, chef du gouvernement de l’époque, qu’elle obtient la Légion d’Honneur, le 17 janvier 1933.

Le 8 avril 1935, elle obtient le brevet d’aptitude et la licence de pilote d’avions de tourisme. En femme égoïste et pressée, il s’agit, pour elle, de tromper la monotonie et l’ennui. Délaissant l’idéal projet d’être chantre de la libération féminine, elle est retenue pour sillonner les airs et les salles de conférences pour une propagande en faveur de l’aviation et des aviateurs. Pour cela en octobre 1935, le ministère de l’Air lui prête, un temps, un avion.

 

A nouveau « héroïne » pendant la Seconde Guerre, elle devient, en 1945, élue de la Résistance

Pendant la Seconde Guerre Mondiale, de juin 1940 à décembre 1942, elle séjourne à Vichy et se rapproche de certains membres de la Gestapo. Mais le 23 décembre 1942, elle est expulsée avec interdiction de séjour dans les départements de l’Allier et du Puy-de-Dôme.

Elle se forge un destin de grande résistante qu'elle racontera dans ses Mémoires « Mon destin de femme », en 1974.

En 1945, « héroïne des deux guerres », elle est élue au conseil municipal de Paris 4e, sur la liste de la Résistance Unifiée (proche du MRP). Ses hauts faits de résistance, même mentionnés sur des documents officiels, rencontrent beaucoup de scepticisme par trop de contradictions troublantes.

 

Œuvrant pour la fermeture des maisons closes, cela lui vaut le surnom de « la veuve qui clôt » (selon l’écrivain Antoine Blondin, par référence à la célèbre maison de champagne)

Marthe dépose le 13 décembre 1945, devant le conseil municipal un projet pour la fermeture des maisons closes. Sa proposition est votée et le préfet fait fermer les maisons du département de la Seine, dans les 3 mois. Encouragée, Marthe Richard commence une campagne de presse pour le vote d'une loi généralisant ces mesures.
En 1951, elle fonde un prix de littérature érotique, le prix Tabou.

En 1974, elle sort un livre « Mon destin de femme ».

Elle fait des conférences sur sa « vie d'espionne » et meurt à 93 ans en 1982 à son domicile.

 

 

Marthe RICHARD


(Logiciel AUREAS AstroPC Paris)

En astrologie, d'où vient le goût de voler ? Pour en savoir plus : https://www.janinetissot.com/2019/11/12/les-pionniers-de-laviation/

 


 

Le 1er époux de Marthe RICHARD 
Henri
Louis Emile Marie Joseph RICHER

Né le 24 mars 1879 à 3 heures 20 du matin à Bonnétable 72 Sarthe

marié avec Marthe le 13 avril 1915 à Paris 16e

décédé le 25 mai 1916, sur le front de Verdun


(
Logiciel AUREAS AstroPC Paris)

 

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