Henri Antonin CHARRIERE dit
« PAPILLON »
Né le 16 novembre 1906 à 9 heures du matin
à Saint Etienne de Lugdarès Ardèche 07
selon acte n°35
Décédé le 29 juillet 1973 à Madrid Espagne
Attiré par la délinquance, malgré sa bonne éducation
Il est le fils d’un couple d’instituteurs installés en Ardèche. Sa mère décède en 1917 d'une maladie contagieuse contractée auprès des blessés indochinois qu'elle soignait pendant la guerre. Ensuite, il est élevé dans l’affection attentive de son père.
Son surnom lui vient d’un papillon tatoué sur le torse
A 19 ans, le 2 mai 1925, il s’engage pour trois ans dans la marine, où, forte tête, il se retrouve en section spéciale à Calvi. Il se fait tatouer un papillon sur la poitrine. Il parvient à se faire réformer le 28 avril 1927, au prix d’un pouce mutilé.
De retour en Ardèche, il travaille de-ci de-là et joue au rugby à Aubenas. Mais, pour vivre de plus fortes aventures, il lui faut Paris. Il s’y installe en 1928 et vit de petite délinquance dans le milieu de Montmartre. Il est en ménage avec Georgette, dite Nénette. Mais le 26 mars 1930, un ami, Roland Legrand blessé par balle déclare à la police que le tireur est Papillon Roger. Pourtant, c’est Henri Charrière dit Papillon pouce-coupé qui est arrêté le 7 avril 1930.
Condamné au bagne pour un meurtre qu’il n’a pas commis
En 1931, un premier procès montre le vide du dossier et de nombreuses irrégularités et Charrière frôle l’acquittement. Mais au second procès, le 27 octobre 1931, il est condamné aux travaux forcés à perpétuité pour « homicide sans préméditation » pour ce meurtre qu’il niera toujours. Pendant son incarcération et avant son départ au bagne, il épouse « Nénette » le 22 décembre 1931 en mairie du 1er arrondissement à Paris.
Bagnard obsédé par l’évasion – évadé puis repris
Déporté au bagne en 1933, à Saint Laurent du Maroni, il n’a de cesse de tenter l’évasion, refusant cette peine injuste et démesurée. Il se sait truand mais pas meurtrier. Il parvient à s’évader une première fois, seulement quarante-trois jours après son arrivée : 2 500 km en mer des Caraïbes, l’île de Trinidad, le fair-play des Anglais, la Colombie et ses cachots sous-marins, la vie avec les indiens naturistes Guajiros, les cavales de Baranquilla.
Au terme de toutes ces péripéties extraordinaires, il est pourtant repris au Vénézuela et c’est le retour dans l’enfer du bagne. Cela lui vaut la Réclusion où « Papillon » passe deux ans dans une cage à fauves. Puis, il fait de nouvelles tentatives d’évasion au milieu de la vie trafiquante du bagne où tout le monde est partie prenante.
Enfin la grande cavale jusqu’au Vénézuela – sa terre de liberté retrouvée -
Enfin, au bout de treize ans de bagne, il parvient, en 1944, à réussir la belle au prix d’une volonté farouche de survivre, malgré les souffrances, à toutes les épreuves. C’est à ce prix incroyable qu’il conquiert pour de bon sa liberté.
En 1945, « Papillon » s’installe à Caracas et pour vivre, pratique plusieurs métiers. Il y rencontre Rita Alcover, propriétaire de l’Hôtel Veracruz qui sera sa compagne jusqu’à sa mort.
En 1956, il devient citoyen du Vénézuela parce que ce peuple a préféré son regard et sa parole à son casier judiciaire.
De l’ombre du cachot à la lumière de la célébrité
En juillet 1967, Charrière achète à la librairie française de Caracas « l’Astragale », livre d’Albertine Sarrazin, décédée depuis peu. Cette lecture est le déclic ; il se dit : C’est beau, mais si la môme avec son os cassé, allant de planque en planque a vendu 123 000 livres, moi, avec mes trente ans d’aventures, je vais en vendre trois fois plus.
Il faut dire qu’un tremblement de terre récent vient de le ruiner complètement. Trois jours après cette lecture, il se met à écrire sur des cahiers d’écolier, ses aventures incroyables. Henri Charrière, homme d’action, aux yeux malins, impétueux à la voix chaude, méridionale et rocailleuse sait conter comme personne ses péripéties mais jusqu’alors ne les a jamais écrites. Son épouse Rita et sa fille Clotilde l’encouragent si bien qu’en deux mois, il termine les treize cahiers.
Son épopée si bien contée devient un livre de 700 pages « Papillon » sorti à Paris en 1969. Il devient un immense succès puisqu’au moins 7 millions d’exemplaires sont vendus. Ce livre ne serait pas une totale autobiographie car l’auteur se serait attribué certains exploits de forçats comme Charles Brunier et René Belbenoit.
En même temps que le succès, lui arrive la notoriété médiatique et Papillon est amené à rencontrer nombre de célébrités (ci-dessus avec Sylvie, Johnny et Eric Tabarly)
En 1970, il est grâcié et s’installe avec Rita dans le sud de l’Espagne.
Une adaptation du livre est faite par le cinéma américain en 1973, dans le film « Papillon » qui sort le lendemain de sa mort. Steve McQueen y joue le rôle principal et Charrière est son conseiller technique.
Il profite peu de sa notoriété car il est emporté par un cancer de la gorge le 29 juillet 1973. Il est inhumé, selon sa volonté, en Ardèche près de sa mère.
Quelques extraits de son livre « Papillon » où il évoque sa capacité à s’évader de sa terrible réalité de bagnard :
p. 291 : “Oui, l’isolement est encore plus difficile à supporter qu’avant. Je suis dans un tel état d’esprit que je n’ai pas besoin de fermer les yeux pour vagabonder aussi bien dans le passé que dans le présent.”
p.337 : “Je me suis bien entraîné à me dédoubler. J’ai une tactique infaillible. Pour vagabonder dans les étoiles avec intensité, pour voir sans peine apparaître différentes étapes passées de ma vie d’aventurier ou de mon enfance, ou pour bâtir des châteaux en Espagne avec une réalité surprenant, il faut d’abord que je me fatigue beaucoup.…”
Ah ! ces chevauchées de l’âme, quelles sensations indescriptibles elles m’ont données. J’ai eu des nuits d’amour, vraiment plus intenses que lorsque j’étais libre, plus troublantes, avec plus de sensations encore que les authentiques, que celles que j’ai vraiment passées. Oui, cette faculté de voyager dans l’espace me permet de m’asseoir avec ma maman morte, il y a dix-sept ans.… J’y suis c’est vrai, ce n’est pas de l’imagination. Je suis là avec elle, monté sur une chaise, derrière le tabouret tournant…”
p. 339 : “ … rien, absolument rien de moral ou de matériel n’empêchera mes voyages délicieusement teintés du rose de la félicité quand je m’envole dans les étoiles.” |
Henri CHARRIERE dit PAPILLON
(Logiciel AUREAS AstroPC Paris)
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