Abram NEIMAN
Né le 5 mai 1893 à Orhei
en Bessarabie (Roumanie puis république de Moldavie)
Selon copie acte de décès n° 528 (aimablement transmis par la mairie de Neuilly)
Décédé le 7 juillet 1967 à 23 heures à Neuilly-sur-Seine Hauts-de-Seine 92
De l’enfance à la consécration, subissant les sévices de deux guerres, voici le parcours d’un optimiste.
Jeune Juif, il émigre à Toulouse pour faire ses études d’ingénieur
Il est l’aîné d’une fratrie de quatre enfants dont le père est un libraire humaniste qui pratique l’espéranto.
Abram est brillant élève notamment en mathématiques et la mécanique le passionne déjà.
C’est alors qu’il vit chez ses grands-parents à Kichinev, la capitale, qu’il est témoin, à 10 ans, du tristement célèbre pogrome de 1903, où de cruelles violences font mourir des centaines de juifs.
Puis il décide de faire des études d’ingénieur en France, car les universités roumaines restreignent l’accès aux juifs. Ainsi en 1912, il se retrouve étudiant pauvre à Toulouse où, pour vivre et perfectionner son français, il donne des leçons particulières.
Mais à l’été 1914, nostalgique, il prend le train pour retrouver sa famille. Hélas, il est arrêté et interné en Allemagne où il s’initie à ce qui sera sa passion : l’automobile.
Libéré en 1918, il est embauché dans une entreprise fabriquant des machines-outils. Il y perfectionne ses connaissances techniques.
A 27 ans, il découvre le plaisir de la compétition motocycliste et remporte des titres de champion de side-car. Il termine ses études d’ingénieur puis retourne en Allemagne.
Le vol de sa moto, l’amène à inventer l’antivol qui fera sa renommée
Un jour, on lui vole sa moto. Et voici comment ce coup du sort devient coup de génie pour Abram inventeur dans l’âme. Le « Neiman » est en gestation. A partir de ses travaux dans son atelier de Cologne, où il fabrique motos et autos, il dépose de nombreux brevets dont celui du cycle-car, curieux véhicule à trois roues. C’est la « première voiture du peuple ».
Et quand, en 1931, sort la loi qui engage la responsabilité des propriétaires en cas de vol de leur véhicule, Abram saisit l’occasion pour faire connaître son invention. Comme souvent, l’idée est simple mais il fallait y songer : blocage du guidon, coupure de l’allumage et du démarreur.
Ses trouvailles le rendent populaire et la presse spécialisée lui adresse des éloges pour ses nombreux brevets.
Pour échapper à la persécution nazie, il s’enfuit en France, délaissant tous ses biens
Il est protégé un temps de la persécution nazie par sa nationalité roumaine, mais en 1939 délaissant tous ses biens, il doit s’enfuir à Paris, avec sa compagne Mia. Celle-ci, dont la famille est menacée parce qu’elle a une liaison avec un Juif, meurt peu après d’une rupture d’anévrisme.
Plus tard, il épouse une émigrée russe Emma Braude. Mais pour fuir la persécution nazie, le couple va de cachette en cachette pour se retrouver dans le Sud de la France. En 1943, une première fille Nadia vient au monde et un an plus tard, Eliane. Vivant dans la clandestinité, il devient un temps bûcheron mais garde une passion intacte pour le cycle.
La guerre finie, les nouvelles sont terrifiantes : 6 millions de juifs tués, parmi eux, les parents d’Abram.
Mais son tempérament d’optimiste, le porte vers le présent et l’avenir, il repart à zéro et fonde une nouvelle usine à Croissy-sur-Seine. Puis, il rachète la société Simplex et devient l’unique équipementier de Renault, Peugeot et Simca. En 1950, il rachète la société Klaxon.
Dans les années 60, son antivol est monté en série sur déjà 34 millions de véhicules dans le monde et en plus de trente ans, 202 brevets le concernant ont été déposés, dont un système de suspension.
La fiabilité de son invention fait créer des slogans tels que : Avec Neiman, inutile d’insister, l’homme tranquille a un Neiman, avec Neiman, votre voiture peut coucher dehors.
Capitaine d’industrie au caractère bien trempé, il apprécie le savoir-faire de ses ouvriers, et refuse pour lui-même la Légion d’Honneur
Homme de caractère, Neiman sait apprécier le talent de ses ouvriers spécialisés, sans lesquels sa réussite ne serait pas ce qu’elle est. Quant à ses cadres, il en exige l’exemplarité.
En 1965, il refuse d’être proposé pour la Légion d’honneur : Donnez-la à d’autres à qui elle sera plus utile. Il ne s’agit pas de dédain mais de l’effacement du créateur devant son œuvre.
Au milieu des années soixante, la réussite de Neiman est à son apogée : 40 millions d’antivols sont en service dans le monde. Neiman et les sociétés sous son contrôle occupent une place prépondérante sur le marché international de l’équipement automobile.
Jusqu’à la fin de sa vie, Abram surveille tout dans les moindres détails depuis les bureaux d’études jusqu’aux ateliers et aux chaînes de montage. Son énergie et son endurance font l’admiration de tous.
Il meurt le 7 juillet 1964 d’un cancer du poumon, lui qui n’a jamais fumé.
Sa trouvaille, devenue une référence de qualité, fait de son nom le synonyme d’antivol et le nom commun qui le désigne.
Source documentaire : livre Neiman, parcours d’un inventeur de Nadia Neiman, sa fille, édition Cherche-Midi
(Logiciel AUREAS AstroPC Paris)
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