« Sœur MITRAILLETTE »
Sœur Saint-François en religion
Dite Marie-Louise MURAT
Née Uranie Louise MURAT le 13 juin 1899 à 6h du matin à Toulouse H.G. 31
Selon acte n°1266 – Archives municipales de Toulouse en ligne – 1 E 585 – vue 161/225 - source : Marc Brun
Décédée le 12 avril 1982 à Graulhet Tarn 81
Placée par sa mère célibataire dans la famille de l’écrivain Mauriac,
L’illustre académicien veut pour elle le métier d’infirmière et l’éducation au couvent
Exclue de son ordre religieux, pour ses activités hors normes !
Messagère-née qu’aucun obstacle n’arrête ! |
Placée par sa mère célibataire dans la famille de l’écrivain Mauriac,
Quel étonnant destin que celui de cette religieuse qui prend à bras-le-corps les épreuves de son temps et passe sa vie à se dévouer tant au service des malades qu’en soutien à la Résistance pendant la Seconde Guerre mondiale, ou en tant qu’infirmière libérale !
Pourtant il y a perspective d’un avenir difficile quand vient au monde Marie-Louise Murat née d’une modeste immigrée espagnole, mère célibataire et domestique. Mais la suite de son parcours prend une allure de destin exemplaire mis au service de l’humain.
Selon une pratique courante à cette époque, sa mère la place dans une famille bourgeoise à Bordeaux. Dès lors son avenir prend tournure puisqu’il s’agit du Docteur Pierre Mauriac frère de l’illustre écrivain François Mauriac.
François Mauriac
L’illustre académicien veut pour elle le métier d’infirmière et l’éducation au couvent
L’enfant, qui grandit dans la propriété bordelaise des Mauriac à Malagar, accompagne souvent l’illustre académicien à la messe dominicale et s’occupe des enfants de la maisonnée.
Son adolescence baigne dans la religion et selon le vœu de l’écrivain catholique à son égard, elle est destinée à devenir infirmière ; quant à son éducation, elle passe nécessairement par le couvent.
Marie-Louise Murat entre à la congrégation de Massac à l’âge de 23 ans et revêt l’habit des franciscains pour devenir Sœur Saint-François de la congrégation des Pauvres Filles de Jésus avec François Mauriac comme parrain spirituel. Ses vœux définitifs sont prononcés en 1931.
Affectée à l’hospice tarnais de Graulhet, elle apporte soins et conseils aux nécessiteux et soigne les malades, avant de devenir directrice de l’hospice Saint-François en 1940.
Mais c’est la guerre et la Résistance qui offrent à Sœur Saint-François une notoriété publique à la mesure de sa généreuse énergie.
Transmettre des plis relatifs au camouflage d’armes et de munitions, ravitailler les maquisards, remettre de fausses pièces d’identité, transporter des munitions, font partie des actions de messagère de cette religieuse dévouée à la cause de la Résistance.
Elle se voit affubler du surnom de Sœur Mitraillette après avoir transporté en pièces détachées un pistolet-mitrailleur sous son habit de religieuse. Son ample robe de bure a caché tant de choses destinées au maquis lors de missions toujours risquées et souvent difficiles.
Passée dans la clandestinité à partir de novembre 1942, elle devient agent de liaison. Cet engagement héroïque sera récompensé par la médaille de la Résistance et la Légion d’honneur, avec un mérite reconnu au niveau national.
Exclue de son ordre religieux, pour ses activités hors normes !
La guerre finie, elle redevient soignante dévouée dans son habit d’infirmière en tant que religieuse des Petites Sœurs de Jésus.
Mais ses activités parareligieuses déplaisent à sa hiérarchie d’autant que Sœur Saint-François a son franc-parler et prend quelque liberté avec les obligations liées à l’obéissance à son ordre religieux. Elle en est exclue en 1946. Elle quitte alors l’Hospice et part s’installer comme infirmière libérale au 20, rue Pasteur à Graulhet sans pour autant quitter l’habit.
En 1946, quand elle se rend aux USA pour retrouver son neveu le maquisard sergent André Boulet pour le rapatrier afin de le faire soigner en France, sa démarche fait scandale pour les autorités religieuses. Mais le jeune homme décède quelques semaines après son retour.
A Graulhet, elle s’active aussi pour la mémoire de la Résistance en impulsant le changement de nom de la Halle Aux Grains pour celui de Jean-Moulin.
Après une vie de dévouement, elle décède à 83 ans à l’Hospice de Graulhet.
Sources documentaires :
https://www.ladepeche.fr/2019/08/16/lincroyable-destin-de-soeur-mitraillette,8362863.php
http://memoiregraulhet.eklablog.com/soeur-saint-francois-soeur-mitraillette-a132514204
Messagère-née qu’aucun obstacle n’arrête !
Être messagère en temps de guerre pour établir habilement des liaisons dans des conditions risquées, troublées, au péril de sa vie, Sœur Saint-François est la femme de la situation. Pour ainsi dire, née pour cela !
Et tout naturellement, elle entre en clandestinité pour s’activer davantage encore dans l’ombre et en secret continuer son rôle d’intermédiaire au service de la Résistance.
Les obstacles liés à cette période de guerre stimulent l’énergie et l’habileté de cette religieuse taillée pour un rôle de leader qui voit vite et agit avec rigueur et vigilance.
En « bonne mère », elle est faite pour soigner, aider, soutenir dans l’adversité que ce soit en tant qu’infirmière ou en tant que membre de la Résistance.
Merci à Marc Brun de m’avoir signalé cette étonnante religieuse riche d’une belle âme !
(Logiciel AUREAS AstroPC Paris)
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